Le Toffa 2019 a révélé pour le compte du département de l’Atlantique, le signe ‘’Goudafotroukpin’’. Les cérémonies y afférentes en vue de conjurer les mauvais sorts ont démarré, jeudi 17 avril, dans la forêt sacrée du Vodoun Agbahoungba à Damè (commune de Toffo). A l’œuvre, l’Association des dignitaires de Fâ et des tradi-thérapeutes (Adfat) avec le soutien de Dah Bokpè Houézrèhouêkè, chef de collectivité à Ouidah.
Par Yélian Barnabé KINTOHOU (Coll.)
Sous un ciel à peine ensoleillé, prêtres du Fâ (Bokonon) et têtes couronnées membres de l’Association des dignitaires de Fâ et des tradi-thérapeutes (Adfat) et autorités locales ont investi Damè, lieu retenu pour l’exécution des sacrifices du Toffa 2019. Devant le principal prêtre de Fâ qui exécute le ‘’vɔ’’ sont étalés des poulets, des régimes de bananes non mûrs, des bouteilles de Sodabi, des grains de maïs, de l’igname, des mottes de terre (vɔkɔ), des calebasses, des pâtes jaunes et blanches, des chèvres et bien d’autres choses. Ce sont là les ingrédients qui entrent dans ce sacrifice propitiatoire. Après les rituels, ils seront déposés à différents endroits.
Effectuée le 9 décembre 2018 à Hinvi dans la commune d’Allada, le Toffa 2019 a prédit pour le département de l’Atlantique « des actes imprévus et néfastes pour le peuple », a rappelé Dah Glèlè Milonon II, président de l’Adfat. Il s’agit entre autres des noyades, des accidents, des maladies épidémiques, des mésententes et autres malheurs annoncés par Fâ que lesdits sacrifices serviront à conjurer pour un climat de paix dans le département. « Vous vous en souvenez, on avait consulté le Toffa pour le département de l’Atlantique et les malheurs prédits par le Fâ frappent déjà de part et d’autre. Raison pour laquelle nous nous sommes réunis en ces lieux pour les sacrifices. Car nous ne voulons que la paix pour le pays », a renchéri Dah Bokpê Houézrèhouêkè, chef de la collectivité des Bokpè et président d’honneur des chefs de collectivités de Ouidah. « Ce jour 18 avril, nous avons décidé de faire les sacrifices pour apaiser les esprits pour l’année 2019, car à l’allure où vont les choses nous voyons que ça ne va pas du tout dans le pays ; la tension monte », a ajouté le président de l’Adfat, Dah Glèlè Milonon II.
Après l’étape des sacrifices, d’autres divinités recevront des offrandes. Une manière de les charger de la mission protectrice de la population. « Nous sommes en train de faire les sacrifices aujourd’hui, après nous allons faire des offrandes aux divinités Tolègba d’Agon, Togou de Ouidah, Tohossou du palais royal de Tori, Sakpata d’Allada à Togo dans le palais royal » a précisé Dah Glèlè Milonon II.
La consultation du Fâ à l’orée d’une nouvelle année est devenue une tradition au Bénin. Et des sacrifices sont exécutés pour épargner tel ou tel malheur au pays. Ils sont très importants pour la paix et le bonheur, a soutenu le chef de l’arrondissement de Damè, Brice Amoussou qui a alors plaidé pour la pérennisation de l’initiative du Toffa. « A travers ces sacrifices, les divinités veillent sur la population, leurs biens et leurs déplacements », croit-il.
Le retard observé dans l’exécution des cérémonies propitiatoires est dû au manque de moyens, ce qu’ont déploré les autorités. « Normalement, nous devrions faire ces sacrifices juste au début de l’année mais compte tenu du manque de moyens financiers, nous ne l’avons pas pu avant ce jour. Vous savez, ce qui est pour toute une communauté tarde toujours à venir à cause des moyens. Il faut en effet cotiser, attendre les souscriptions volontaires. Mais aujourd’hui, nous sommes contents d’être en train de le faire. Les fois à venir, nous allons voir dans quelle mesure nous arranger pour que juste après la consultation, les sacrifices soient faits le plus tôt possible », a rassuré Brice Amoussou, chef de l’arrondissement de Damè. Les dignitaires Vodoun espèrent désormais aussi l’accompagnement des autorités politico-administratives afin que les cérémonies n’accusent point de retard.
Quoique les sacrifices soient en train d’être faits, les dignitaires invitent la population à la prudence. « Savoir se comporter même si les sacrifices sont faits, la paix vient de nos comportements. Donc, j’appelle les uns et les autres à la tempérance, à la paix, et à la maîtrise de soi. Nous ne voulons surtout pas le soulèvement de la population, nous voulons la paix dans notre pays. J’invite la population à faire preuve de sagesse et que les autorités politico-administratives fassent recours à leurs traditions » a exhorté Dah Glèlè Milonon II, président de l’Adfat.
