C’est à travers la mise en terre des plants médicinaux en disparition que les membres de l’Association des dignitaires de Fâ et des tradipraticiens (Adfat) ont célébré, mercredi 12 juin, la 18ème Journée nationale de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle. C’était sur le site de leur jardin botanique installé depuis 1998 à Damè centre, commune de Toffo.
Par Barnabé KINTOHOU (Coll.)
« La médecine traditionnelle est ignorée par certaines autorités locales. Nous, en tant que guérisseurs traditionnels, voyons que quand vous-même ne prenez pas votre chose avec la main, les autres ne vont que la prendre au bâton. Raison pour laquelle nous nous sommes réunis ce jour pour parler de la médecine traditionnelle en cette journée qui lui est dédiée ». C’est ainsi que Dah Glèlè Milonon II, président de l’Adfat a défendu la mise en terre sur les 1ha et demie, superficie de leur jardin. En effet, la médecine traditionnelle est très sollicitée, a-t-il soutenu. « Plus de 80 % de la population prennent leur premier soin d’abord chez les guérisseurs traditionnels et c’est une raison de plus pour tailler d’importance à cette médecine qui continue de faire ses preuves dans toute l’Afrique » a-t-il déclaré. Or, pas de médecine traditionnelle sans les plantes médicinales. C’est pourquoi les membres de l’Adfat, dans une ambiance festive, ont impacté la journée par la mise en terre des plants médicinaux menacés d’extinction. Une manière pour eux de produire et de préserver ces plants pour une vraie promotion de la pharmacopée locale. « Pour vivifier encore une fois la médecine traditionnelle, chacun des tradipraticiens a apporté de divers plants utiles à la médecine traditionnelle. On a donc mis en terre l’iroko, le néré, le chatrophare et beaucoup d’autres plantes que nous utilisons pour la guérison des maladies » a énuméré Dah Glèlè Milonon II.
Sacrifice d’animaux au Lègba du jardin pour la prospérité de l’Adfat
Ainsi plantés, place désormais à leur entretien. A propos, Dah Dèlidji Mitawon II, secrétaire général de l’Adfat rassure : « Tout est planifié. Nous avons dix arrondissements dans la commune de Toffo et il y a une programmation qui est faite. Les arrondissements passeront à tour de rôle pour entretenir, arroser, sarcler et enlever les mauvaises herbes afin que les plantes puissent grandir normalement. Ceci sera suivi rigoureusement par le bureau directeur de l’association ».
D’autres personnes qui ne sont pas membres de l’association mais qui ont reconnu la pertinence de l’action, ont fait le déplacement pour la réussite de cette fête. C’est le cas de Cyrille Gbovidémlan qui a aussi mis des plants en terre aux côtés des tradipraticiens par pur amour pour la tradition. « Dans notre vie quotidienne, nous avons besoin d’eux, de leur apport pour notre évolution. C’est pourquoi nous les accompagnons aujourd’hui », s’est-il justifié.
Pour les prochaines éditions de la journée nationale de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle, Dah Glèlè Milonon II souhaite que le gouvernement descende de façon tournante dans les jardins botaniques pour constater les problèmes auxquels sont confrontés les tradipraticiens. Il a fustigé ainsi la célébration de cette journée au ministère plutôt que sur le terrain. Il a également plaidé pour une bonne collaboration entre le Ministère de la santé, les tradipraticiens et les médecins modernes. Avant la réunion qui a sanctionné la fin de la célébration, les tradipraticiens ont sacrifié des animaux au Lègba érigé dans le jardin botanique pour la prospérité de l’Adfat qui nourrit assez de visions pour la promotion de la médecine traditionnelle.
Les dieux étant avec l’Adfat, une grande pluie est descendue arroser les plantes juste après leur mise en terre.
