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Dégel de la crise politique : Une solution béninoise à un problème béninois

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Deux audiences, deux déclarations faites de regrets, de plaidoirie et d’appel à la paix. A l’initiative : des rois, sages et notables de Tchaourou et de Savè, localités secouées les 13, 14 et 15 juin par des affrontements violents entre populations et Forces de sécurité et de défense Et moins de 72 heures après ces démarches autochtones, le Bénin sort progressivement de la situation qui lui a valu des critiques de la communauté étrangère. Preuve de sa maturité !

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Vendredi 21 juin. Palais de la Marina. Après Tchaourou, le président Talon reçoit une deuxième visite de rois, sages et notables cette fois-ci de Savè à propos des violences enregistrées dans ces milieux. Conduite par le roi de la localité, Adétutu Onishabè la délégation a exprimé ses regrets, déploré des « événements inhabituels que traumatisants » d’une « rare violence » aux conséquences lourdes :  pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels. « Une violation de l’idéal de paix hérité de nos ancêtres… », selon le porte-parole le roi Adétutu Onishabè. S’en est suivi « une pensée particulière pour les vaillants éléments des forces de l’ordre et de la défense pour leur sens élevé du devoir et le professionnalisme dont ils ont fait preuve tout au long de ces malheureux incidents ». Puis un engagement pour le retour à la paix. « Le plus important aujourd’hui, c’est d’œuvrer à gommer très vite ce qu’il s’est passé », a déclaré le roi. Et dans ce sens, les autorités shabè à divers niveaux, à travers lui, s’engagent à travailler pour la préservation de la paix. « J’ai personnellement déjà pris des mesures en lien avec toutes les dynasties régnantes de l’aire culturelle shabè dans ce sens », a-t-il annoncé. Pour finir, un appel à la patience adressé au président Talon ; « cette patience qui, dans notre tradition, veut que le père qui a frappé son enfant fautif de la main gauche, le récupère par la main droite. Je vous invite donc à l’indulgence à l’égard de vos jeunes frères, j’allais dire, de vos enfants de Savè, qui dans le cas d’espèce n’ont pas su faire preuve de maîtrise de soi. Certains d’entre eux croupissent encore dans les cellules des commissariats. En leur faveur, je voudrais solliciter votre grâce », a plaidé le roi Adétutu Onishabè. En effet, pour lui, « il n’y a pas de décharge pour l’enfant gâté, insoumis. Il reste toujours de la famille ».

En réponse, Patrice Talon s’est dit content de la démarche de ses hôtes. Le plus important pour lui aussi, c’est que « le peuple béninois puisse collectivement et globalement pardonner tout et à tous ceux qui ont organisé ce qui est arrivé ». « Que le peuple nous pardonne tous. Que la nation nous pardonne tous », a-t-il demandé et promettant se faire porte-voix de ses hôtes et de tous les acteurs pour ce pardon. « J’appelle les victimes à pardonner », a-t-il exhorté, rassurant que lui-même est « déjà dans le pardon ».

Yayi ‘’débloqué’’

L’effet de cette démarche humble et sage a été immédiat : quelques heures seulement après les audiences avec le Chef de l’Etat, le domicile de l’ancien président Boni Yayi ‘’bloqué’’ depuis environ 50 jours a été démilitarisé dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 juin. Plus de barricades ni de policiers dans la rue menant chez le président d’honneur des Fcbe. Ce dernier a pu dès lors quitter promptement le pays par le Togo pour aller se faire soigner. « Cette présence de la Police a été levée suite à l’intervention des rois, des sages, des notables de la ville de Tchaourou et des sages, rois et notables de la région de Savè. C’est eux qui ont décidé et ont rassuré le gouvernement que ce qui s’est passé ne se reproduira plus. Cette confiance est rétablie et on n’a plus jugé nécessaire la présence de la Police en face du domicile du président Yayi Boni. Ce domicile était devenu le quartier général de tous ceux qui étaient venus manifester dans la ville de Cotonou. Donc, c’était pour empêcher ces rassemblements indus que la Police était présente en ce lieu », a justifié le ministre de l’intérieur Saca Lafia sur Rfi.

Comme en février 1990, une leçon que le pays pourra encore tirer de la cacophonie post-législative de 2019, c’est que seul le dialogue est l’antidote des crises qu’elle rencontrerait. Et non le durcissement des positions encore moins les menaces ou insultes d’une Opposition agressive envers un président démocratiquement élu. Plus de cinquante ans d’indépendance, le Bénin doit prouver sa capacité à régler ses propres problèmes. Ce que les rois, sages et notables de Tchaourou et Savè ont compris.

Il reste que le président Talon, Père de la nation et garant de la stabilité pose d’autres pas pour un retour définitif à la quiétude.

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Mike juin 24, 2019 - 12:50 pm

Merci AGBONON MIWANOU. Bonne soirée

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