Sont déjà sur la table des députés pour autorisation d’adhésion et autorisation de ratification, les conventions de Vienne du 8 novembre 1968, l’une sur la signalisation routière et l’autre sur la circulation routière ainsi que la Charte africaine sur la sécurité routière adoptée à Addis Abeba en Ethiopie, le 31 janvier 2016. C’est une démarche du gouvernement lors du conseil des ministres du mercredi 11 septembre en vue de rassurer les usagers de la route.
Par La Rédaction
Le Bénin en passe de combler définitivement soixante-et-un (61) ans de vide juridique au plan conventionnel international en matière de signalisation et de circulation routière. En décidant d’adhérer à ces deux instruments pertinents pour les transports terrestres, les infrastructures routières et la sécurité routière, le Bénin veut désormais fixer les principes de base de toutes interventions en ces matières. L’initiation du processus de ratifier la Charte africaine sur la sécurité routière procède quant à elle, au-delà du respect des engagements pris au sein de l’Union africaine, de la reconnaissance par le Bénin de la problématique de la sécurité routière comme sujet de préoccupation nationale, question préjudicielle dont la résolution conditionne l’atteinte des nombreux objectifs de développement durables que s’est fixé le pays.
Depuis des décennies, les acteurs de la sécurité routière ont peiné à hisser leurs préoccupations au rang des questions prioritaires au niveau des gouvernements successifs. Cette fois-ci c’est chose faite. Le gouvernement du Président Talon a très vite pris la mesure de la question à travers une écoute attentive. Les signes annonciateurs étaient perceptibles dans la grande réforme sur la Police républicaine. Les acteurs de la sécurité routière ont su saisir l’opportunité et attirer l’attention du gouvernement sur les enjeux juridiques et institutionnels attachés à la réduction de la sinistralité et de la mortalité routière au Bénin. Cela dans un contexte mondial ou tous les rapports pertinents rappellent que les accidents de la route sont la première cause de décès pour les jeunes âgés de 15 à 29 ans, alors même que le monde connaît la plus importante génération de jeunes de son histoire. Un quart de la population mondiale est âgée de moins de 24 ans tandis que plus de 90 % des 1,8 milliard d’adolescents et de jeunes (10 à 24 ans) vivent dans les pays en développement.
Cette démarche du gouvernement Talon reste l’une des approches de développement durable les plus marquantes de ces trois dernières années surtout lorsqu’on sait que suivant les prévisions, il est annoncé que si rien n’est fait par les Etats, les accidents de la circulation qui tuent déjà plus de 1.3 million de personnes dans le monde (donc plus que le sida), devraient entraîner 2,4 millions de décès par an et devenir ainsi la cinquième cause de mortalité dans le monde d’ici à 2030 si aucune mesure efficace n’est prise immédiatement.
L’objectif général depuis 2011 au plan international, est de stabiliser puis de réduire le nombre prévu de décès imputables aux accidents de la route dans le monde d’ici 2020. Il est traduit de façon autonome aux points 3.6 et 11.2 des Objectifs de développement durable (Odd).
Or, officiellement au niveau national, près de sept cent cinquante (750) personnes sont tuées et environ quatre mille cinq cents (4.500) autres sont blessées dans le cadre des accidents constatés chaque année, soit deux (02) tués tous les jours au Bénin avec une moyenne de douze (12) blessés. Cette estimation modélisée depuis quelques années par l’Oms rend plutôt compte d’un peu plus de deux mille huit cent cinquante (2 850) tués par an.
L’insécurité routière, dont rendent compte ces chiffres, est non seulement liée à la situation de pays de transit qui caractérise le Bénin au profit des autres Etats, surtout ceux de l’hinterland, mais aussi par la singularité de son trafic. La situation intérieure est à ce titre caractérisée par un parc automobile en forte augmentation du fait de l’importation massive des véhicules d’occasion avec une moyenne d’âge de 10 ans. Le mode de transport fortement individualisé fait prospérer un très grand nombre d’engins à deux roues dans la plupart des grandes villes où les pistes cyclables sont plutôt rares. Dans un tel environnement où le transport en commun est fortement alimenté par l’usage des deux roues, ce sont les motocyclistes et leurs passagers qui constituent les principales victimes d’accidents dans les grandes villes.
Dans ce contexte caractéristique des pays en développement, l’étude de l’incidence économique de l’insécurité routière dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire oscille entre 1,5 et 3% du produit national brut (Pnb), soit un peu plus de 219 milliards de francs Cfa de perte pour le Bénin en considérant son Pnb en 2016.
On constate à la lumière de ces chiffres, qu’en attendant la réponse du Parlement, le Président Patrice Talon vient d’esquisser un pas de géant sur le champ de la lutte contre l’insécurité routière au Bénin.