Home Actualité 10 janvier à Ouidah : Défense de l’identité Vodoun du Bénin, lumière sur les projets touristiques

10 janvier à Ouidah : Défense de l’identité Vodoun du Bénin, lumière sur les projets touristiques

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Malgré les critiques et mécontentements de certains citoyens, l’on s’accorde à reconnaître que le Vodoun caractérise le Bénin, et les pouvoirs publics ont plusieurs projets autour de ce culte pour le rayonnement touristique du pays. C’est ce qui a été réaffirmé le 10 janvier dernier à Ouidah en marge des démonstrations cultuelles et artistiques des adeptes.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Savourer les pas de danses maîtrisés des vieilles Sakpatassi ou Kokouvi qui semblent retrouver leur jeunesse sous les aboiements exquis de tam-tams rituels. Admirer les apparats pittoresques et acrobaties des ”Kluitô” en prestations. S’extasier devant la danse des Zangbétô, légendaires gardiens de nuit…

Ce vendredi là, c’est une foule difficilement contrôlée par la Police républicaine qui a pris d’assaut la place historique de la ”Porte du non retour” à Djègbadji, Ouidah. Sur la plage sablonneuse touristes venus d’Amérique Latine, de la Chine, d’Haïti et de Cuba se bousculent pour (re) découvrir les richesses du Vodoun. Sans oublier le parterre d’autorités politiques : Oswald Homéky, ex-ministre de la culture, Hervé Hêhomey, ministre des Infrastructures et Johannes Dagnon, conseiller spécial du Chef de l’État. Ni les consignes ni les mines des agents de l’Anesmo (agence organisatrice de l’événement) n’ont pu empêcher les déambulations pourtant proscrites à l’avance. Tant l’engouement était vif autour des parades des couvents Hu-Xwé Adantô xu, Adantô Humè, Zoxwé, Kponkômè, Missaxwé, Guen Yèhoué Vodoun, Sakpata, Kinihun Adankpodji, Mami Dan, Thron Kpéto Vé et Gambada Kôku.
Tout s’est déroulé en présence de Sa Majesté Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon II, pontife et grand chef mondial du Vodoun qui a lancé le déroulement des festivités aux côtés de Naagbo Hounon et Son Éminence Daagbo Hounon Hounan II. Les trois dignitaires fortement accompagnés d’une suite d’adeptes innommables parés de leurs accoutrements et parures sacrés.

Au pitre au titre des allocutions, Célestine Adjanonhoun, maire de la commune de Ouidah et Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la culture et des arts se sont succédé. En chœur, les deux autorités ont été unanimes que le Vodoun est l’identité du Bénin, et donc il mérite attention pour contribuer au développement. “Personne ne conteste aujourd’hui à notre pays, le Bénin la paternité du Vodoun, culte voué à un ensemble de divinités présentes partout, en tout. Le Bénin est le Berceau du Vodoun et c’est avec fierté qu’on lui concède une place importante dans notre identité. La seule référence aux mânes de nos ancêtres dans notre Loi fondamentale en est d’ailleurs la preuve”, a-t-il soutenu le ministre. La célébration du 10 janvier répond donc au “but de réhabiliter un culte traditionnel longtemps diabolisé, parce que mal connu”. Valoriser le Vodoun pour révéler le Bénin, c’est surtout “une question d’identité et d’existence stratégique dans un monde globalisé” a soutenu le ministre.

Projets touristiques autour du Vodoun

Faire du tourisme un vecteur de développement. Tel est le crédo du gouvernement de la Rupture depuis son installation en 2016. “depuis le 6 avril 2016, notre pays est entré dans l’ère d’une conscience culturelle inédite. En effet, pour le président Patrice Talon, le tourisme constitue l’un des vecteurs du développement socio-économique du Bénin et la culture en est le principal intrant”, a rappelé Abimbola. Et d’insister que ”Dans cette logique, nos religions endogènes occupent une place de choix. Elles méritent dès lors d’être portées à la connaissance d’un public de plus en plus demandeur”. C’est “pourquoi le projet la Route des Vodoun/Orisha a été pensé par exemple aux fins de permettre à toute personne de mieux approcher cette réalité propre au Bénin sans se sentir souillée ou travestie car, en effet, lorsque nous visitons une cathédrale, une basilique ou une mosquée dans les nombreux pays de référence que nous parcourons, nous ne devenons pas pour autant des chrétiens ou des musulmans par ce seul fait. Cette visite ne trahit pas non plus nos convictions religieuses”, a-t-il justifié, pour dissiper toutes controverses.
La commune de Ouidah soutient les efforts du gouvernement “de construire autour du Vodoun une industrie touristique et florissante, et particulièrement en faire un moteur de rayonnement touristique de la commune de Ouidah à travers de nombreux projets de revalorisation cultuelle”, a indiqué le maire Célestine Adjanonhoun. Cet accompagnement, a-t-elle développé, se traduit déjà “par la mise en valeur des sites des temples Vodoun” qui s’animent particulièrement et draine du monde les 10 janvier. “A cet effet la commune a déjà réalisé des études et des relevés des esplanades et terres de danse, des complexes cultuels des palais Vodounxwé, des Mahou Lissa et des Ninsouxwé. Cette initiative sera poursuivie et permettra à la ville de renforcer son attractivité sur le plan culturel et touristique, de rayonner et d’attirer un plus grand nombre de visiteurs et de touristes”, a-t-elle assuré.

Le Vodoun, une arme de résistance à l’esclavage

“Les Vodoun/Orisha ont traversé l’Atlantique et font désormais partie du patrimoine universelle de l’humanité. Issu de la côte du golfe du Bénin qui correspond à la république du Bénin, du Togo et du Nigéria, les Vodoun/Orisha sont vénérés depuis le 18è siècle au Brésil sous la dénomination de Candomblé, à Cuba, Santavia, à la Jamaïque, Obeyana, à Trinidad, Shango, à Haiti, Vodou, et à la Nouvelle Orléandes, Amérique du sud et en Europe, Vodou.” a rappelé le maire de Ouidah. Pendant l’esclavage, les Noirs y ont trouvé les armes de résistance. “Ils ont permis à des milliers d’être humains mis en esclavage et déportés, de résister à la déshumanisation, de garder une espérance profonde et d’entretenir une subversion permanente” a-t-elle magnifié. “Aujourd’hui les Vodoun/Orisha caractérisent et fondent l’identité cultuelle des peuples du bas-Bénin, des Caraïbes et des Amériques et sont devenus des liens et des vecteurs de rapprochement des peuples” a-t-elle conclu. Pour mémoire, le Vodoun s’est vu disséminer dans ces coins du monde grâce à la traite négrière.

Prières pour la nation

L’autre temps fort de la célébration à Ouidah, c’est les prières, consultation et libations en l’honneur des divinités conduites par Sa Majesté Daagbo Hounon Tomadjlèhoukpon II. Il s’est retranché avec quelques initiés dans un enclos traditionnel érigé pour la circonstance sur le site, où tout a été exécuté loin des regards du public qui n’en aura eu que les échos et résumé. La consultation a révélé les signes Yèkou-Gouda. Ils recommandent de se garder de trahir son prochain, de réduire voire d’éviter les sorties noctambules, a récapitulé un Bokônon. Par ailleurs les signes annoncent un retour massif des frères et sœurs de la diaspora pour se connecter à leurs sources, ainsi qu’un bonheur imminent a été prédit pour le pays.

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