Connaissez-vous l’Injeps ? Si non c’est l’institut étatique sis à Porto-Novo qui forme les professeurs de Sports et les animateurs communautaires. Depuis l’année dernière qu’une nouvelle administration en a pris les rênes, l’un des fleurons de l’enseignement supérieur au Bénin est dans le bordel. Enseignants et étudiants se taisent… par crainte des représailles.
Par Sêmèvo B. AGBON
Mercredi 8 juillet 2020. A l’Injeps, c’est le jour où les étudiants sont censés recevoir leurs notes à l’issue de la délibération du Conseil des professeurs. Hélas ! leur surprise a été grande d’apprendre que ledit conseil a été suspendu pour la simple raison que les notes des étudiants n’étaient pas disponibles. Pour comprendre ce qui venait là de se passer, il faut remonter dans le temps. En effet, la Direction de l’Injeps avait arraché à l’Académie des attributions et s’était alors arrogée le droit de gérer les notes depuis le premier semestre, cette année. Une brève intervention des enseignants a fait réintégrer l’Académie dans la plénitude de ses fonctions et de délibérer au second semestre sans entraves. Les notes du premier semestre étant indisponibles, impossible de poursuivre la délibération en calculant d’abord les moyennes du premier semestre puis celles du second semestre pour enfin calculer les moyennes générales annuelles.
Enseignants et étudiants reprochent à la nouvelle administration une gestion solitaire et opaque. Des étudiants ont témoigné auprès de nous ne pas comprendre les notes qu’on leur attribue. Parfois, a confirmé un enseignant sous anonymat, les professeurs font les évaluations mais les notes affichées par la suite ne sont pas celles réellement attribuées. Un étudiant témoigne à cet effet, qu’il a reçu une note qu’il a trouvée extraordinaire parce qu’il ne se « croit pas capable d’avoir une si belle note ». La vérité est que le directeur pour régler des comptes avec certains enseignants, leur crée des difficultés puis après, attribue des notes en leur lieu et place.
Ce n’est donc pas anodin qu’une « Commission chargée d’apurer les résultats académiques du premier semestre de l’année académique 2019-2020 », a été alors mise en place par la note de service n°0100-20/UAC/INJEPS/D/DA/SGE du 8 juillet 2020. Les tâches à elle confiée sont à la hauteur des irrégularités à corriger et les soupçons à élucider. Il s’agit « de revoir l’exactitude de toutes notes attribuées aux étudiants lors des examens du premier semestre et de procéder aux corrections au besoin ; d’étudier les demandes de réclamation relatives aux résultats du premier semestre, effectuées par les étudiants et d’y donner suite ; et de mettre à la disposition de l’académie, les relevés de notes actualisés et le procès-verbal sanctionnant les résultats du premier semestre de l’année académique 2019-2020, afin qu’elle produise à son tour les résultats annuels sur lesquels se penchera la prochaine session du Conseil général des enseignants. » Composée entre autres des superviseurs Dr Judith Ahounou Aïkpé et Dr Alassane Biga, ladite commission qui dispose de cinq jours pour s’acquitter de ses tâches, doit rendre ses résultats ce mardi 14 juillet à 16 heures.
Procédé cavalier
Par ailleurs, l’année académique en cours s’achève le 31 juillet prochain. Mais jusqu’à ce jour, étudiants et enseignants ne savent à quoi s’en tenir. La crise du Covid-19 pourrait être évoquée par l’administration pour se dédouaner puisqu’elle a généré quelques modifications. Mais hormis cette crise sanitaire, tant d’autres anomalies ternissent la réputation de l’Institut national. Par exemple, les étudiants qui doivent soutenir leurs mémoires n’ont toujours pas été programmés. Dans un tel contexte, et fidèle à sa gestion chaotique, la direction a diffusé un communiqué le vendredi 10 juillet dans lequel il annonce d’abord aux étudiants en licence et en master, le report à ce même vendredi, du dépôt de leurs mémoires initialement prévu au 3 juillet. Puis, leur impose ensuite comme dernier délai, le même jour de publication du communiqué à 16 heures. « Ce délai étant ferme, il ne sera susceptible d’aucune prolongation », insiste péremptoirement le directeur adjoint en Nota bene.
Autant d’éléments qui montrent que l’Institut national de la jeunesse, de l’éducation physique et du sport (Injeps) est géré dans un gros désordre. Apparemment cet Institut est en marge de la Rupture prônée depuis 2016 avec les exigences de bonne gouvernance et d’impunité zéro. Les autorités du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et du rectorat de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) dont l’institut émane, si elles ne sont pas complices, elles doivent taper du poing sur la table. Le salut des enseignants, étudiants et parents d’étudiants actuellement désemparés, se trouve dans leurs mains. Car l’Injeps est en danger, et il faut le sauver.
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Le constat est bien fait. Seulement que ceux qui sont en dehors du jeu savent bien jouer que ceux qui sont sur le terrain. Sur ce, je nous invite à la patience. Il serait aussi mieux de mentionner ces irrégularités dans une lettre et aller la déposer dans la boîte à suggestion de la Direction.
Merci !