Déjà plus de trois mois que Patrice Talon a entamé un second mandat à l’issue de l’investiture, dimanche 23 mai dernier. Dans son discours ce jour-là à Porto-Novo, il a évoqué les actions phares qui ont permis « de relever tous les défis qui se posent à nous ». Actions qui ont impacté plusieurs domaines de la vie sociopolitique. « Qu’il s’agisse de renforcer l’unité nationale, d’assurer notre sécurité, d’améliorer notre cadre et nos conditions de vie ; de mettre en place les infrastructures de base indispensables au développement socioéconomique ou encore de reconstruire l’école béninoise et notre système de santé ». A cela s’ajoutent des réformes opérées pour « améliorer nos pratiques, consolider l’État de droit, renforcer notre processus démocratique et donner corps à un Etat moderne ». Le président Talon qui n’entend pas s’arrêter en si bon chemin, a promis un second mandat de pérennisation des acquis du précédent, en vue « de transformer l’essai que constituent les avancées…les prouesses qu’ensemble nous avons réalisées ».
Mais, deux mots ont été des plus célèbres de son discours, le ‘’hautement social’’ qu’il a promis. Le social, le gouvernement n’en a pas manqué. Dans ce sens, peuvent être évoqués, l’amélioration du délai de paiement des créances de l’Etat à l’égard des micros, petites et moyennes entreprises (Mpme), l’accompagnement annoncé des entreprises frappées par l’épidémie du coronavirus, la disponibilité des cantines scolaires dès la rentrée du 20 septembre prochain. A en croire le sociologue du développement Gilles Gohy, l’assainissement, avec la mise en vente des poubelles homologuées entrent aussi dans le social. « Le “hautement social”, on ne le perçoit pas souvent, passe aussi par l’environnement sécure et sain. C’est l’environnement sain qui procure la bonne santé aux populations. Le hautement social, c’est alors faire en sorte que les Béninois aient une bonne santé enviable dans le temps et l’espace. Les poubelles homologuées, c’est mieux pour la santé que les berceaux de microbes, de virus que nous avions avec les sacs de jute ou les paniers à ciel ouvert que nous avions. Les poubelles homologuées embellissent maintenant l’environnement et procèdent de son entretien », soutient-il.
Par ailleurs, le recensement complémentaire des artisans a été organisé du 23 août au 4 septembre sur toute l’étendue du territoire national. Il a pour objectifs d’identifier les artisans de façon plus exhaustive en collectant des informations professionnelles nécessaires à leur inscription au registre biométrique de métier, en vue de leur délivrer des cartes professionnelles d’artisans, d’établir la liste électorale pour les élections consulaires de la Chambre des métiers de l’artisanat du Bénin et de faire bénéficier aux artisans recensés les services fournis par l’Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch) notamment assurance maladie, formation, assurance retraite et microcrédit aux artisans.
Avancées diverses
Sur le plan politique, ne passe pas inaperçue la nomination des préfets, en conseil des ministres du mercredi 2 juin avec la fin de la situation des départements sans préfets. Aussi, Mariam Chabi Talata est entrée dans ses attributs. La première vice-présidente de l’histoire de la république du Bénin a officiellement pris les rênes de la Grande chancellerie de l’Ordre national du Bénin le mardi 1er juin. Elle a décoré plusieurs personnalités dont le ministres d’Etat Abdoulaye Bio Tchané et le député Bonaventure Aké Natondé. Plus remarquable encore, Talata a participé par visioconférence le vendredi 27 août, au quatrième Sommet sur l’initiative allemande « G20 Compact With Africa ». Au cours de ce sommet qui constitue sa première sortie à l’internationale‚ elle a mis l’accent sur les défis relevés par le Bénin face à la pandémie et ses attentes en participant à ce Sommet. Les travaux ont été conduits par la Chancelière allemande Angela Merkel.
La promotion de la femme a pris une nouvelle tournure en ce second mandat. A cet effet, l’Institut national de la femme (Inf) va jouer un rôle important. Mercredi 1er septembre, sa présidente a été nommée, Claudine Afiavi Prudencio, ex présidente du parti Udbn, de même que la secrétaire exécutive en la personne de Huguette Bokpè Gnacadja.
En matière d’élection, les 100 premiers jours ont vu les membres du Conseil électoral désignés et installés mercredi 14 juillet à Cotonou. La Loi n° 2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code Électoral en son article 19, confère au Conseil électoral de la Cena les missions de veiller à la bonne organisation des scrutins et à la sincérité des votes, superviser les opérations de vote et la centralisation des résultats, procéder aux vérifications et contrôles nécessaires, publier les résultats provisoires des élections législatives et de l’élection du président de la République et les transmettre à la Cour constitutionnelle et proclamer les résultats définitifs de l’élection des membres des conseils communaux.
Sur le plan politique également, le chef de file de l’opposition, Paul Hounkpè est à l’œuvre. Il a visité plusieurs institutions de la république. Des partis comme le Mpl de Expérience Tèbè et la Fcdb de Soumanou Toléba ont discuté avec lui dans le sens de la redynamisation de l’opposition. A la classe politique, Patrice Talon tend d’ailleurs la main ; main que des opposants farouches ont déjà saisie. Bertin Koovi et le Col. Tawès notamment.
Faut-il y voir de l’échec ? En tout cas, des scandales financiers ont été découverts en ce début du second mandat, malgré la lutte courageuse contre ces genres de pratiques. Il s’agit notamment de celle de l’AnaTT portant sur 13,6 milliards de Fcfa disparus entre 2016-2020 révélée lors du Conseil des ministres du mercredi 7 juillet. C’est la preuve, commente Wilfired Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, que ‹‹ La lutte contre la corruption est un combat de tous les instants ››, dans un décryptage rediffusé sur la Télévision nationale dimanche 11 juillet.
Entre autres actions à l’actif du gouvernement, les nouvelles règles définissent désormais les formes d’organisations syndicales de travailleurs et les critères de leur représentativité en République du Bénin. Le conseil des ministres du mercredi 7 juillet 2021 a modifié le décret y relatif. Sans oublier le mode de gestion des universités publiques. Plus d’élection malgré les contestations. Recteurs, vice-recteurs et doyens seront désormais nommés. L’avis d’appel à candidature a même déjà été lancé pour le renouvellement des équipes en fin de mandat.
Il reste la situation des béninois « en fuite » qui n’a connu aucune révolution encore sous le second mandat.