L’histoire du Bénin réécrite et enseignée dans ses vraies versions ? Vers une refonte des programmes scolaires un jour ? L’espoir est permis avec la création d’une commission ad’hoc pour contribuer à une lecture critique de la littérature existante sur l’histoire du Bénin.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Notre histoire‚ ce qui nous a été enseigné à propos de nous-mêmes émane souvent de la version des vainqueurs. Ainsi‚ beaucoup de jeunes qui ouvrent les yeux à la sortie de l’enseignement surtout secondaire‚ découvrent‚ dépités‚ la manipulation intellectuelle dont ils ont été l’objet. Pourquoi leur a-t-on peu parlé de leurs héros nationaux mais en leur faisant ingurgiter les Victor Hugo‚ Voltaire‚ et autres penseurs européens pour la plupart très racistes ?
Sur ce que nous avons été véritablement avant les agressions coloniales et la réalité des résistances africaines beaucoup de soif restent à assouvir‚ des rectifications à opérer. Sur ces préoccupations l’espoir semble poindre à l’horizon. Trois commissions ad’hoc ont vu le jour au Collège C de l’Académie nationale des sciences‚ arts et lettres du Bénin à travers une Décision en date du 23 novembre signée de son président‚ l’académicien Nazaire Padonou. La deuxième coordonnée par l’académicien François Abiola est chargée de «proposer un programme de recherche et de publication pour une lecture critique de la littérature existante sur l’histoire du Bénin et une réécriture de cette histoire ».
Poste mérité ? Sans doute. La question de la réécriture de l’histoire du Bénin‚ était devenue un cheval de bataille chez l’homme. Dans une réflexion publiée sur sa page Facebook le 12 août dernier et intitulée «Quelle utilité pour la réécriture de certains aspects de l’histoire de notre pays : cas des révoltes des années 1900 à Sakété et de l’envoi en exil du Roi Adélou Biodjo»‚ le professeur François Adébayo Abiola appellait justement à regarder dans le rétroviseur. Car‚ observait-il «On le sait, la collaboration entre les autochtones ‘’indigènes’’ et l’administrateur colonial n’a pas été des plus tendres. Saurons nous jamais ce qui s’est réellement passé depuis la conquête coloniale jusqu’à la souveraineté internaionale. Pourrions-nous lire un jour la véritable histoire de ce temps passé ? Beaucoup de pays ont bien envie de le savoir». Cette tâche‚ il va désormais s’y atteler aux côtés d’autres éminentes personnalités. Ladite commission ad’hoc est composée notamment des professeurs Jérôme Alladayè‚ l’historien auteur de “Le catholicisme au pays du Vodun”‚ Sylvain Anignikin‚ Pierre Mètinhoué‚ Rogatien Tossou‚ Julien Hadonou‚ Paulin Dossou et Patrick Effiboley.
Dans le même sens‚ en 2013, le Sénégal a entrepris le « Projet de réécriture de l’Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours », initié par le professeur Iba Der Thiam. «L’histoire du Sénégal vue par les sénégalais devait à terme selon les concepteurs, aider la communauté internationale à mieux connaître et respecter le Sénégal. Le projet a ambitionné d’écrire « un récit authentique », distancié « des archives laissées par les colonisateurs français »‚ décrypte Abiola. Et d’indiquer que «L’une des « finalités essentielles » pour lui étant de servir de base à une refonte des programmes scolaires». Selon le président du Sénégal‚ rapporte-t-il dans sa réflexion suscitée‚ « Au lieu de nous apprendre les Charlemagne et autres, ça sera l’occasion de faire connaître cette histoire dans les écoles primaires, les collèges et les universités. Ne l’oublions pas, l’esclavage et la colonisation ont eu comme soubassement la négation de l’Histoire, de l’âme et de la raison du peuple noir.» (Histoire générale du Sénégal, 2019)»
Les deux autres commissions ad’hoc sont intitulées “Grandes conférences” ayant à sa tête Jean-Pierre Ezin et “Actualisation de la flore du Bénin” dirigée par l’ancien recteur de l’Uac Brice Sinsin.
Un rapport est attendu des différentes commissions au plus tard le 31 décembre prochain.