« Droits des femmes au Bénin : réalités et défis ». Ce thème a fait l’objet d’un colloque scientifique les mercredi 8 et jeudi 9 décembre à la salle polyvalente de la chaire Unesco de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Une initiative de l’Ong Changement social Bénin (CSB) appuyée par l’ambassade de France qui intervient après celle de 2019 plutôt consacrée aux droits des enfants.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Trois panels, six communications au total. Différentes thématiques développées‚ toutes se rapportant à la problématique des droits de la femme au Bénin. Du gouvernement à la société civile en passant par le monde universitaire‚ les participants sont très diversifiés. Avec le contexte Covid-19‚ certains ont suivi ou contribué aux travaux de loin‚ à l’exemple de Me Reine Alapini Gansou‚ ancienne présidente de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples‚ actuellement juge à la Cour pénale internationale (Cpi). Elle a donné jeudi un “exposé des innovations‚ des bonnes pratiques de protection et de promotion des droits des femmes en Afrique”. Lors de l’ouverture‚ elle a partagé ses sentiments d’apaisement‚ de grande fierté et d’espoir avec le public. « Il y a un moment j’ai été déconnectée des activités de la société civile »‚ a-t-elle avoué. Avec la grande mobilisation de cette dernière au colloque, Me Alapini a conclu que « la société civile a vent debout ».
Dans le cadre de la promotion des droits de la femme, le gouvernement a démontré, ces derniers mois, sa détermination à travers plusieurs initiatives aussi bien sur le plan juridique qu’institutionnel dont la nouvelle version de l’Institut national de la femme (Inf). Ralmeg Gandaho, président du conseil d’administration de l’Ong CSB, n’a pas voulu apprécier seul ces réformes en cours au détour de quelques interventions médiatiques. « Nous avons eu assez de sollicitation dans les médias ces dernières semaines relativement à la dynamique juridique et nous avons souhaité en fait avoir une contribution collective avec nos collègues de la société civile, la communauté scientifique et les autres institutions pour aller dans le sens de la dynamique gouvernemental », de sorte que l’Exécutif « ait de quoi capitaliser la dynamique en cours », a-t-il déclaré à l’endroit de la presse afin qu’elle ne se sente pas boudée. Il a rappelé que l’organisation d’un colloque depuis quelque temps est entrée dans les habitudes de l’Ong CSB et vise à « répondre du suivi de la mise en œuvre des recommandations de l’Epu 3 ». A cet effet, le rapport adopté le 19 mars 2018 suite à l’examen du Bénin fin 2017, met l’accent sur des priorités relatives à la catégorie sociale des enfants et des femmes.
Panels
Le premier panel a offert une « radioscopie de la situation des femmes aux Bénin sur la question des violences basées sur le genre » sous la modération d’Alexandrine Falilatou Saizonou Bédié, honorable commissaire à la Commission béninoise des droits de l’Homme (Cbdh). Le deuxième consacré à « la problématique de l’égalité entre l’homme et la femme en droit et dans la réalité au Bénin », a été arbitré par Blanche Sonon, juriste consultante en genre, présidente de Social watch Benin. Le troisième panel qui s’est tenu jeudi, a porté sur les « droits des femmes : quels plaidoyers au Bénin et en Afrique ? ». La juriste spécialiste Femme, paix et sécurité Maryse Glèlè Ahanhanzo, coordonnatrice nationale de Wanep Bénin a conduit les discussions.
La communication inaugurale a été prononcée par Me Huguette Bokpè‚ secrétaire exécutive de l’Inf. Elle a noté la volonté politique de lutter contre les violences basées sur le genre (Vbg). En témoigne, a-t-elle illustré, le renforcement des mécanismes de protection à travers le vote de lois et les conventions dont le Bénin, est partie ; sans oublier surtout la création de l’Inf. Elle a appelé à « faire de l’élimination des Vbg une priorité pour tous ». C’est aussi là le vœu du gouvernement, a indiqué la représentante du ministre des Affaires sociales et de la microfinance (Masm). Docteure Simone Honvou qui a prononcé le discours d’ouverture des travaux espère que « Les interventions permettront d’avoir une vue réelle et des recommandations ».
Institution de formation et de recherche‚ la Chaire Unesco des droits de la personne humaine et de la démocratie est « heureuse d’accueillir » cette initiative de son « partenaire stratégique », l’Ong CSB. D’abord, parce que l’activité s’inscrit dans le cadre de la promotion des droits de l’homme pour laquelle la chaire elle-même œuvre. Ensuite, pour son caractère scientifique. À ce sujet, le professeur Samson Igor Bidossessi Guèdègbé, titulaire de la Chaire indique que « Ce qui est heureux d’être souligné, c’est cette recherche permanente du caractère scientifique de toutes les activités au niveau de l’Ong CSB. Elle a toujours voulu se démarquer des Ong, des autres institutions cherchant le sensationnel en s’appuyant sur un fondement et des piliers scientifiques pour tenir le caractère appréciable de ses activités ». À l’agrégé des facultés de Droit de souhaiter « que de ces échanges sortent des conclusions très bénéfiques pour assurer la réalité des droits de l’homme et des droits des femmes en particulier et identifier les défis nécessaires pour aller à la perfection dans la promotion‚ la protection de la femme ».
France-Bénin, même priorité
Le combat du Bénin en termes de protection des droits de la femme, Paris le mène également, a fait savoir Marie Veillon. « La France a fait de l’égalité entre les hommes et les femmes une priorité nationale », a-t-elle déclaré. « Nous avons identifié et mise en œuvre plusieurs mesures telles que la verbalisation du harcèlement de rue, un plan de lutte contre l’excision, la création d’un numéro vert, … », a énuméré l’attachée de coopération et représentante de l’ambassadrice de la France près le Bénin. « Le soutien à cette activité s’inscrit dans le cadre des seize jours d’activisme dans la lutte contre les violences faites aux femmes qui s’est ouvert le 25 novembre et qui va se terminer ce vendredi 10 décembre. En effet, le 17 décembre 1999 l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (Onu) a proclamé la date du 25 novembre « Journée internationale pour l’élimination des violences contre les femmes » dans le but de sensibiliser le monde entier à ce fléau », a-t-elle par ailleurs contextualisé. Et de faire observer que « Si des progrès ont été accomplis notamment en termes de prise de conscience, beaucoup de chemins restent encore à parcourir pour éradiquer les violences faites aux femmes et aux filles. A ce jour, dans le monde chaque jour 137 femmes sont tuées par un membre de leur famille, le plus souvent leur conjoint et on estime que plus d’une femme sur 3 a subi au cours de sa vie des violences physiques ou sexuelles ».
Des recommandations et propositions de feuille de route ont été validées au terme des travaux.