La France sauveur est là. Alléluia ! Elle a vengé nos martyrs tombés lors des attaques terroristes des 8 et 9 février dans le parc transfrontalier W. Au nom des douze millions de Béninois, elle a flanqué à l’ennemi une gifle plus violente que l’affront subi. En quatre frappes aériennes, 40 terroristes « mis hors de combat » et une vingtaine de motos détruites contre nos neuf morts et douze blessés enregistrés parmi lesquels la généreuse ex-puissance colonisatrice n’a qu’un instructeur comme perte.
Pourquoi au lieu de l’acclamer, les Béninois sur la toile crient plutôt à une opération de charme ? Réticence légitime quand on considère que la présence de la France au Sahel a produit l’effet contraire à l’objectif fixé. Près de 5000 hommes lourdement armés incapables de venir à bout de quelques groupuscules aux activités funestes. On se retrouve donc, après une décennie de constater que les terroristes sont plus que jamais forts au détriment de l’État souverain.
Pourquoi ne pas pouffer de voir la France neutraliser aujourd’hui quarante terroristes un jour seulement après les attaques dans le parc W ? Si depuis dix ans, elle accomplissait de telle prouesse quotidiennement, les groupes terroristes relèveraient depuis d’une histoire lointaine.
Il appert que la France n’était nullement au Sahel pour combattre le terrorisme. Elle y est plutôt en profiteuse de l’imbroglio sécuritaire, sur lequel elle compte sans l’avouer, s’appuyer pour demeurer indéfiniment dans la région très riche en ressources du Sahel. En témoigne cette adaptation à chaque fois pour ne pas avoir à partir : Serval, puis Barkhane et …bientôt Takuba ! Autrement, il s’agit de la recolonisation de l’Afrique qui ne s’appelle pas telle. Dans cette volonté secrète, éteindre les terroristes n’est pas le but, leur maintien en vie, diviser pour régner est vital. Telle est d’ailleurs la conclusion de bien d’analyste depuis que les soldats français ont empêché l’armée régulière malienne d’entrer à Kidal. Ainsi, ils ont eu un refuge bien gardé par la France pour se renforcer davantage.
Le regain d’engouement de la France dans le combat contre les terroristes cache une ambition inavouée. Stratège qu’elle sait l’être, elle multiplie ainsi les yeux doux, les démonstrations d’amour et de solidarité afin de se garantir sans gêne, des terrains de repli. Le ras-le-bol contre elle est, en effet, inextinguible au Sahel où ces cinq mille soldats de la force Barkhane sont promis à l’expulsion très bientôt. La France travaille donc à s’attirer la sympathie d’autres populations, en l’occurrence le Bénin, le Burkina Faso et le Niger actuellement dans son viseur. Ce qui lui permettra de redéployer ses soldats qu’elle ne compte pas du tout rapatrier en France.
La stratégie fonctionnera-t-elle ? Pas si sûr ! Le sentiment légitime anti-français ne faiblira pas. Les gesticulations militaires de ces derniers jours le renforcent d’ailleurs. La France paie et paiera encore longtemps, le prix de ses doubles jeux, de sa politique vicieuse de pillage et de mépris en Afrique. Elle saura qu’il faut changer de cœur envers un continent qu’on a mis en esclavage pendant 400 ans puis un siècle de colonisation et qu’on continue de mettre à genoux à travers un Cfa anachronique. Des crimes contre l’humanité qui ne doivent exister sous aucune autre forme au XXIe siècle. Les populations sont plus que jamais éveillées…