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Oraison du ministre Abimbola à l’inhumation d’Ernest Kaho 

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Ernest Kaho le comédien mort le 25 mai a été inhumé ce mercredi 8 juin. Il a reçu des hommages de ses pairs‚ proches‚ et acteurs culturels. À la salle du Fitheb à Cotonou‚ le ministre du Tourisme‚ de la culture et des arts Jean-Michel Abimbola a délivré une oraison dans laquelle il a retracé son parcours élogieux‚ du Bénin à l’international. Lire :

 

Cotonou, le mercredi 08 juin 2022

• Monsieur le Président du Cnoa ;

• Madame et Messieurs les membres du bureau exécutif du Cnoa ;

• Mesdames et Messieurs les membres de la famille Kaho ;

• Mesdames et Messieurs les acteurs culturels à divers niveaux ;

• Distingués invités ;

• Chers amis de la presse ;

• Mesdames et Messieurs ;

Quand elle survient, la mort est l’une des dernières clauses que le contrat de la vie nous impose. Même si on en accepte les principes et qu’on l’a mille fois intégrée, on n’échappe guère à la douleur et au bouleversement qu’elle nous inflige. Surtout lorsqu’elle nous arrache un parent, un proche, un ami, une connaissance.

 

Depuis ses premiers rôles dans la troupe du collège Père Aupiais des années 80 jusqu’à ses derniers engagements dans sa propre compagnie théâtrale, Guy-Ernest a gravi pas à pas les échelons des arts dramatiques, construit une carrière exemplaire, donnant à la scène béninoise et africaine, la plénitude de ses talents.

 

Le rappel à Dieu de notre frère Guy Ernest Kaho ne nous a pas seulement plongés dans le chagrin, elle nous prive d’un ami, d’un époux, d’un père de famille ; elle nous arrache aussi et malheureusement un artiste brillant, l’un des plus grands interprètes de la scène dramatique de notre pays.

Depuis ses premiers rôles dans la troupe du collège Père Aupiais des années 80 jusqu’à ses derniers engagements dans sa propre compagnie théâtrale, Guy-Ernest a gravi pas à pas les échelons des arts dramatiques, construit une carrière exemplaire, donnant à la scène béninoise et africaine, la plénitude de ses talents.

Ce sont les auteurs français, notamment les poètes comme Arthur Rimbaud et Guillaume Apollinaire qui les premiers, lui ont donné le goût des mots et l’amour de la langue. Avec la compagnie Bleue plus bleue créée par Camille Amouro, il « consommait » les mots pour ensuite les habiller de manteaux élégants. Au Centre Culturel Français de l’époque, il avait trouvé dans les pièces de Camille Amouro sa soif d’habiter la langue française. « Dire avec emphase, certes, mais dire le texte pour toucher les cœurs », plaisantait-il.

Cette complicité avec Camille Amouro nous aura laissé comme archive mémorable, la création radiophonique par RFI en 1991 de « Goli », la pièce référence où Ernest campera le rôle de Lanwin, l’intellectuel africain, grand rêveur d’une Afrique indépendante et développée. Ernest devient alors professionnel et s’impose comme tel sur l’échiquier de la scène théâtrale béninoise et africaine.

Parallèlement à cette réputation de diseur de grands textes, Ernest va développer l’autre talent de comique, à travers la série africaine « Taxi Brousse ». Journaliste, l’œil furetant les dessous de l’actualité, apparaissant à l’improviste, ce rôle va le propulser à l’international, élargissant son registre, lui qui, auparavant, était connu pour interpréter des rôles sérieux et même cérébraux.

 

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Le diseur de mots ne pouvait pas non plus échapper à l’autre genre plus propice à son talent : le conte. Il rejoint le groupe Wassangari et participe à l’expérience du conte théâtralisé. Avec cette troupe, il participe à plusieurs créations, s’envole pour l’Europe à travers plusieurs tournées. Mais Guy Ernest ne pouvait pas oublier ses premières amours, les textes au phrasé classique, ceux qui lui donnent une ivresse particulière de la langue française.

Après son exceptionnel parcours, Guy Ernest Kaho aurait pu continuer à nous gratifier de ses prestations de haute volée. Ses élans poétiques, portés par sa voix chaude et métallique, auraient pu continuer de nous raconter la vie des hommes et femmes pris dans le tourbillon inévitable du destin. Ses rires gais aussi bien que sa gestuelle cassante auraient bien pu continuer à nous tenir compagnie, mais les maladies qui le guettaient en ont décidé autrement.

Cher Guy Ernest…

Il y a plus de six mois, ton ami et vieux complice des années 90, Camille Amouro nous quittait. Le rappel brutal à Dieu de cet écrivain et dramaturge hors pair nous avait dévastés, toi le premier. En partant pour l’éternité, tu nous prives à ton tour de ta lumière et de ton talent. Puisses-tu trouver là-bas, dans le ciel constellé, les autres étoiles qui nous ont quittés, particulièrement celle de ton ami Camille.

De là-haut, vous nous distillerez vos lumières pour éclairer nos pas.

Va et repose en paix, cher artiste !

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