Pendant que son promoteur le Père Rodrigue Gbédjinou fête 20 ans d’écriture‚ Les Éditions IdS (Isidore de Souza) ont dix ans d’existence. Les deux événements ont été cumulativement célébrés lors d’un gala littéraire le samedi 2 juillet à Cotonou. En dix ans‚ cette maison a signé 95 ouvrages pour 41 auteurs. L’un de des “clients” des Éditions IdS‚ l’Abbé Raoul Hinvi a accepté de nous raconter son expérience avec cette maison. Quelle place pour les ouvrages religieux dans un État laïc ? Il aborde également la question.
Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Bénin Intelligent : Salut Père. La publication de votre ouvrage aux Éditions IdS -Isidore de Souza‚ est-ce par réputation de cette maison ou par affinité avec le Père Rodrigue Gbédjinou ? Qu’est-ce qui vous a plu chez cette maison ?
Abbé Raoul Hinvi, auteur : Bonjour monsieur le journaliste.
La publication de mon ouvrage «Mon Memento de Philo…» est advenue avec Les Éditions IdS, non pas par affinité avec son promoteur ni pour question de réputation de la maison d’édition que je ne connaissais pas assez. C’est le Père Placide Houessinon, alors Curé de la paroisse St-Michel de Cotonou (situation géographique des Éditions IdS), qui m’a recommandé le partenariat quand il a appris que j’avais un projet d’impression de livre en tant que membre titulaire/section Littérature du BuBeDrA [Bureau béninois du droit d’auteur, ndlr].
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Comment appréciez-vous l’expérience avec les Éditions Ids en matière d’édition et promotion d’ouvrage ?
Pour m’en tenir à l’expérience personnelle que j’ai faite, c’est la possibilité de réaliser les ouvrages avec une bonne qualité d’impression qui m’a plu. Pour ce qui est de la promotion, il y a encore du travail à faire, aucune œuvre humaine n’étant parfaite.
Avez-vous paru ailleurs ? Si oui‚ comment vous comparez les deux expériences ?
Ma première expérience officielle en matière d’impression de livre enregistré à la Bibliothèque nationale et au BuBeDrA remonte au 13 juin 2013. Et, c’est la rapidité de l’une et la qualité supérieure de l’autre qu’il faut savoir prendre en compte.
Rassurez-vous les extravertis, ceux qui sont pessimistes quant aux expertises locales‚ qu’il est possible – vu le travail abattu par les Éditions Ids en 10 ans- de se faire éditer et promouvoir efficacement au Bénin ?
Parler d’ “extravertis” semble un peu trop fort. Je dirai plutôt que nos prestataires de services locaux doivent continuer à travailler assez dur pour mériter la confiance de tous les Béninois (aussi bien celles et ceux qui émettent des réserves que celles et ceux qu’il ne faut pas décevoir).
Dans un État laïc‚ qui lit les ouvrages religieux : seuls les sympathisants du même bord religieux que l’auteur ?
Pour ceux qui font preuve d’une grande capacité d’ouverture d’esprit, les lois d’une république laïque et démocratique doivent promouvoir l’esprit de science et de culture qui caractérise les artisans de paix et de développement que doivent être les femmes et hommes de religion. Ce n’est donc pas, parce que je ne suis pas religieux que je vais manquer de discerner et reconnaître ce que des croyants proposent de bon à travers leurs œuvres pour le bien de tous.
Un auteur religieux peut-il s’adresser aux lecteurs partageant une foi autre que la sienne‚ ceci sans aucune stigmatisation et intention de prosélytisme ?
Vu, la réponse à la question précédente, c’est donc une question de logique que, tout auteur d’ouvrages puisse proposer dans un esprit d’universalité des réflexions dépouillées de tout endoctrinement maladroit.
Quelle contribution peut-on attendre de la Littérature religieuse ou des auteurs religieux dans la construction nationale ?
Tout ce qui se fait de bons et de beaux aujourd’hui est comme la nouvelle corde qui se tisse sur ce qu’il y a de formidable dans les fruits de la Conférence des forces vives de 1990 de notre nation. Il n’est pas inutile de rappeler le grand rôle joué par Monseigneur Isidore de Souza aux côtés du Général Mathieu Kérékou. Nos pensées et nos actions, nos œuvres et toute notre manière de vivre doivent servir de tremplin pour un meilleur futur de nos enfants et de tous ceux qui travaillent au bien-être des citoyens de notre cher pays le Bénin.
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Peut-on rêver (ou souhaiter) de voir un ouvrage religieux inscrit au programme d’étude dans nos classes laïques ?
Si vous entendez par “ouvrage religieux” les produits dont les auteurs sont des catholiques qui vivent de la foi authentique, c’est l’occasion de lancer un appel aux autorités politiques et administratives pour que personne ne donne comme impression que l’Église Catholique et ses maîtres à penser doivent faire l’objet de mépris et/ou de marginalisation. Promouvoir nos œuvres comme celles profanes (et même des ouvrages d’auteurs qui promeuvent la culture vodun) doit aller de soi pour les enfants du Bénin que nous voulons debout pour bâtir notre monde.
Dénonciation de la colonisation et revendication d’une identité nègre. C’est ce qui caractérise les premiers auteurs africains. De votre observation et lecture‚ la Littérature religieuse béninoise a-t-elle rompu avec l’héritage des auteurs missionnaires (prêtres et intellectuels européens) pour qui rien n’est pratiquement bon chez nous ? Ou cela se répète-t-il chez les auteurs actuels ?
L’Évangile de Jésus Christ nous a apporté les grâces du salut et de la vie éternelle par les mains de missionnaires qui n’étaient pas des “saints-nitouche”. La “revendication d’une identité nègre” ne devrait donc pas se dresser, s’attaquer à la Littérature religieuse béninoise qui, elle aussi, doit savoir prendre appui sur la valeur de l’inculturation comme les saints Cyrille et Méthode (mémoire du 14 février) et beaucoup d’autres nous en ont donné la main.
Merci pour votre considération.