Le mouvement « Jeunes filles actrices de développement » (Jfad) a pensé à la ville d’Abomey-Calavi et l’Université d’Abomey-Calavi dans son combat pour l’égalité, l’autonomisation des femmes et l’élimination des violences basées sur le genre (Vbg). « We go for change », ou ‘’Nous allons pour le changement’’ présenté à la presse, samedi 6 août à Cotonou, est un projet de sensibilisation des jeunes et populations de cette localité des étudiantes et étudiants sur la sexualité et la santé reproductive.
Par ©Sêmèvo Bonaventure AGBON
L’ambition du mouvement Jfad est d’impacter au bout de dix mois, une cible estimée à au moins 1500 personnes, dont 600 jeunes femmes, 800 « jeunes (femmes et hommes pour les sessions mixtes) » et 100 agents de commissariats, autorités communales et autorités de l’université, activistes et agents sociaux », a indiqué Mariamar Conon, directrice exécutive de Jeunes filles actrices de développement.
Les sujets à aborder sont délicats. Ils vont des conséquences des Violences basées sur le genre (Vbg), les dangers des avortements clandestins, à l’importance de les dénoncer, aux dangers du règlement à l’amiable des Vbg et l’urgence de promouvoir une culture de tolérance zéro face aux Vbg. Le projet « We go for change » est pertinent au regard du constat amer qui l’a suscité.
« Au cours de l’année 2021, dans la commune d’Abomey-Calavi, précisément dans certaines zones de la commune, plusieurs cas de violences sexuelles, de viols sur mineures ont été recensés par des organisations de défense des droits des femmes opérant dans ces communes », rappelle Chanceline Mèvowanou, directrice-fondatrice du mouvement Jeunes filles actrices de développement (Jfad).
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De ces faits ressortent, dit-elle, « plusieurs problèmes spécifiques » à savoir une banalisation de ces violences, la non-protection des survivantes et la normalisation du règlement à l’amiable face à ces violences. Les membres critiquent « surtout les agents de commissariat » qui « parfois ne réservent pas un bon accueil aux victimes qui souhaitent porter plainte ».
À l’intention de ces officiers de police judiciaire (Opj) de la commune, les filles du mouvement s’engagent à mener des plaidoyers « sur l’importance de croire les victimes, réceptionner leurs plaintes et ne pas les intimider ».
La situation critique de la ville en matière de droits et santé sexuels et reproductifs, affecte logiquement l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) qu’abrite la cité dortoir. Au sein de ce plus grand centre universitaire du Bénin, les violations graves des droits humains des femmes sont déplorées. Jfad constate que l’Uac fonctionne un peu comme une jungle où des milliers d’étudiantes ne peuvent étudier paisiblement du fait des violences impliquant diverses dynamiques de pouvoir. Pire, « des étudiantes victimes de ces violences gardent parfois le silence pour plusieurs raisons ».
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D’autres problèmes qui ont incité Jfad, ce sont la « banalisation de ces violences, la normalisation du règlement à l’amiable, une faible connaissance des voies de recours en cas de violences » et aussi, « un manque de sensibilisation des étudiantes et étudiants sur les Vbg, ses conséquences ».
Le mouvement « Jeunes filles actrices de développement » (Jfad) croit à un changement qualitatif. Pour y arriver, les membres comptent mener dans cette ville et surtout au sein de l’Uac, des activités de formations, sensibilisations -sessions aussi bien mixtes que non mixtes- et des ateliers de plaidoyers. Il a également annoncé la mise en place d’ « Espace santé & bien-être » à l’intention des étudiants de l’Uac et aussi des campagnes et manifestations féministes.
Le mouvement Jfad
Créé depuis 2018, Jeunes filles actrices de développement (Jfad) est une organisation féministe, dirigée entièrement par de jeunes femmes militantes féministes. Il compte une vingtaine de membres et travaille à « restaurer l’humanité des femmes ». Le groupe ne fait pas de la prise en charge, mais plutôt de la sensibilisation. « Nous éduquons, espérant que la prise de conscience va s’accentuer. Puisqu’on ne peut pas courir derrière chaque homme pour l’empêcher de violer une femme », a précisé Chanceline Mèvowanou.
Jfad œuvre donc pour une société plus égale et équitable dans laquelle les filles et les femmes sont libres, autonomes et épanouies. Il soutient les filles et jeunes femmes à accéder aux espaces, aux connaissances et aux compétences dont elles ont besoin pour devenir des leaders qui défient le sexisme, agissent pour l’élimination des violences basées sur le genre et embrassent leur liberté. « La société doit prendre ses responsabilités », exige-t-elle, en ce qui concerne la promotion et la protection des femmes et des jeunes filles.
En 2021, le groupe a initié « Les conversations Let’s talk about it », avec les adolescentes, jeunes filles et des jeunes en général sur des sujets dits tabous (viols, consentement). Le mouvement a lancé aussi le blog ‘’Girls sisters queens’’.