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[HISTOIRE] Bonou et l’esclavage

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Il faut situer le contexte historique de la traite négrière. On ne s’est pas levé du jour au lendemain pour commencer par parler de la traite négrière. Cela a une origine.

 

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L’origine est fort lointaine et est partie des ambitions expansionnistes de l’Europe qui a atteint un niveau de civilisation qui le propulse à aller conquérir le reste du monde pour régler ses problèmes.

C’est ainsi qu’au XVe siècle, pour se soustraire aux spéculations des arabes qui avaient le monopole de la route de la soie vers l’Europe des épices, les Européens sous la houlette d’Henri le navigateur, ont décidé de contourner les arabes pour aller à la source d’approvisionnement eux-mêmes. Nous étions au XIV-XVe siècle. C’est dans ce périple qu’ils ont découvert ce que, eux-mêmes ont appelé « le nouveau monde », à savoir l’Amérique en 1492.

La découverte de l’Amérique constitue le point de départ de la traite négrière. Mais disons que la traite négrière n’était pas la seule expérience que l’Afrique a connue. Il faut dire qu’il y a eu la traite transsaharienne via l’océan indien. Elle a été aussi cruelle que celle organisée par l’Europe à commencer par les portugais qui ont débarqué en premier sur nos côtes.
Je ne vais pas revenir sur les détails et les acteurs.

Le royaume du Danxomè allait chercher les esclaves dans le voisinage à travers les razzias, c’est-à-dire la chasse aux esclaves. Bonou constituait une escale dans le parcours, l’itinéraire emprunté par les esclaves razziés dans la région de Wémè (Ouémé) vers Abomey ou Zangnanado, et d’Abomey pour Ouidah. C’est ainsi qu’il faut circonscrire l’implication de Bonou dans la traite négrière. Bonou était-il un acteur passif ou actif de la traite négrière ? Toute la problématique se trouvait dans le toponyme Bonou.

Bonou, pourquoi ? Tout simplement parce que les esclaves razziés dans la région devaient emprunter un chemin pour être regroupés quelque part avant d’être acheminés à Ouidah. Les populations de cette région, qui étaient sous la psychose permanence des exactions perpétrées par Oyo puis par les campagnes militaires du royaume du Danxomè, se mettaient à l’abri ; se cacher, généralement dans un lieu difficile d’accès à l’envahisseur.

Dans leur cachette, voyant passer les captifs des razzias, ils ne cessaient donc de manifester leur compassion par des cris de détresse. C’est ainsi que dans cette foulée on leur a dit : « si vous ne fermez pas votre bouche, l’ennemi va nous libérer et viendra vous ramasser aussi ». D’où ‘’bɔ nù dó bó nɔ fi’’, c’est-à-dire « fermes ta bouche afin que tu puisses y demeurer en toute quiétude ». Donc Bonou, s’est lié à l’histoire des exactions connues et vécues par les populations qui étaient en quête de paix et de sécurité. Et pour avoir cette paix et vivre en toute quiétude, elles étaient obligées de respecter le mot d’ordre qui est de « fermez votre bouche… ».

 

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On leur recommandait tout simplement la discrétion pour ne pas attirer l’attention sur leur présence dans la région qui était pourtant difficile d’accès, puisque les razzieurs avaient toutes les stratagèmes, astuces pour aller dénicher et capturer les esclaves dont ils avaient besoin. Voilà comment il faut lier Bonou à la traite négrière. »

 

Professeur Ebenezer Sèdégan
(Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON)

Mardi 23 août 2022 à l’occasion de la conférence inaugurale des rencontres culturelle et scientifique de Bonou

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