Institué par un arrêté du ministère du Cadre de vie et du développement durable (Mcvdd) en date du 22 juin, le contrat type de bail à usage d’habitation domestique en son article 5 alinéa 4, dispose « ne pouvoir faire dans les lieux loués aucune vente publique, même par autorité de justice ». Cette décision n’est pas du goût des propriétaires et vendeuses qui appellent le chef de l’Etat au secours. Micro-trottoir !
Par Donatien Fernando SOWANOU (Stag.)
Vendeuse de friperie aux abords de sa maison, Sylvie Kakpo ne voit pas d’un bon œil cette décision du ministère du cadre de vie. « Avec une telle loi comment ferais-je pour payer mon propriétaire qui me réclamera son dû à la fin du mois ? Les doigts de la main ne sont pas les mêmes. Je n’ai pas d’argent pour aller prendre une boutique dans laquelle exposer mes marchandises. »
Du même avis, des revendeuses de fruits appellent l’État aux secours. « Je vends de l’ananas et quelques dizaines d’oranges par jour. Avec cette miette que je trouve chaque soir, je suis déjà dans l’incapacité de payer correctement mon loyer. Qu’en sera-t-il d’une boutique ? » s’interroge Mathilde S.
Léandre D., gestionnaire de maison locative n’approuve pas lui aussi une telle disposition dans le contrat. Selon lui, « Cette décision de l’État nous impactera négativement. Notamment, nous qui sommes percepteurs de loyer chez les locataires. J’ai une locataire qui par exemple vend des ”divers”. Elle nourrit ses enfants avec et me paie », fait-il témoigne-t-il.
« Je préfère rester à la maison dans ma chambre que d’aller louer une boutique. C’est grâce aux revenus des ‘’divers’’ que nous arrivons à nous nourrir. Impossible de payer une boutique à l’heure où je vous parle », jure une esthéticienne.
Dans le lot, il n’y a pas que des moins instruits. Une bachelière désœuvrée vit encore de son petit commerce domestique. « Je suis titulaire, dit-elle, du baccalauréat. J’ai été à l’université et à cause du manque de travail, je suis obligé. C’est avec mes revenus que j’aide mon mari et prends soins de mes enfants. »
L’esthéticienne Christine J. trouve en cette disposition, un handicap à l’épanouissement de la femme. Ne pas pouvoir vendre à la maison désormais, critique-t-elle, revient à « tendre la main à nos époux chaque matin au même titre que nos enfants. S’il en est ainsi aucun respect pour nous auprès de la belle-famille ».
Les citoyens appellent alors le chef de l’État à l’aide. « C’est lui l’autorité suprême, qu’il rappelle son ministre à l’ordre afin qu’il écoute nos supplications », plaide propriétaires et vendeuses. « Nous ne voulons pas être la risée de notre entourage ou de nos belles familles juste parce que nos époux n’ont pas les moyens de nous garantir une boutique », supplient-elles.
Il faut noter que cette décision a été prise dans le cadre de l’amélioration du cadre de vie de la population.