Après environ deux mois de vacances, les écoles s’ouvrent à nouveau ce lundi 19 septembre. Apprenants et enseignants vont retrouver le chemin de l’école. À la veille de cette rentrée, le ministre des Enseignements maternel et primaire, chef de file des ministres de l’éducation Salimane Karimou s’est adressé aux acteurs du système éducatif. Il a d’abord fait le bilan de l’année écoulée pour en tirer des enseignements avant d’annoncer les perspectives pour la rentrée scolaire 2022-2023.
L’année scolaire 2022-2023 qui s’annonce doit permettre aux différents acteurs de sonner le glas de certains vices et maux qui minent l’école béninoise. Il s’agit, de l’« absentéisme et retard injustifiés, alcoolisme, détournements, harcèlement, vols, mauvaise gestion, inconscience professionnelle, agressions verbales ou physiques, violence sous toutes ses formes »‚ a égrené le ministre. Karimou Salimane a indiqué que « ces difformités devenues banales dans nos sociétés actuelles et qui hypothèquent dangereusement l’avenir des générations montantes méritent que l’école en fasse, mieux que par le passé, son cheval de bataille afin de réinstaurer et de promouvoir un vivre-ensemble harmonieux et convivial. C’est d’ailleurs ce qui justifie le thème de cette rentrée intitulé « l’Éducation, arrhes de l’univers et d’une survie collective ».
Par Raymond FALADE
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Message du ministre des Enseignements maternel et primaire à l’occasion de la rentrée scolaire 2022-2023
Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
Demain lundi 19 Septembre 2022, l’Ecole béninoise offrira ses belles et attrayantes représentations à tous ses acteurs et particulièrement à sa jeunesse estudiantine. A cette épatante et solennelle occasion, qu’il me soit permis au nom de mes collègues chargés de l’éducation, du gouvernement et de son Chef le Président de la République Monsieur Patrice TALON de jeter un regard rétrospectif sur l’année scolaire échue afin de mieux nous caser pour relever les défis de l’année scolaire 2022-2023.
Mesdames et messieurs,
Il est aisé de constater de nos jours les avancées significatives de l’Ecole béninoise au regard de ses résultats qui ne font que s’améliorer d’année en année. L’année scolaire 2021-2022 a enregistré pour le compte des examens de fin d’année des scores éloquents. Tenez : 81,85% au CEP; 66,46% au BEPC et 60% au Baccalauréat.
Même si beaucoup d’efforts restent à fournir pour améliorer les performances actuelles, force est de reconnaître l’effectivité d’une prise de conscience collective en considération du point de départ, je veux parler de 2016 où notre école était au creux de la vague. Moins de 40% de taux de réussite à tous les examens et à tous niveaux. Dans le même ordre d’idée et au nombre des faits ayant marqué positivement l’année scolaire écoulée, nous pouvons citer l’augmentation exponentielle du nombre d’écoliers ayant bénéficié de repas scolaires chauds passant d’environ 750.000 à 1.O80.000 depuis le mois d’Avril 2022. C’est dire que l’engagement du gouvernement à faire passer le taux de couverture de 51% à 75% a été tenu. Cette prouesse de l’Etat béninois, même si elle n’a l’air de rien aux yeux de certains, a valu un pesant d’or au plan international. Autrement, le Président de la République n’aurait pas été invité à titre exceptionnel à prendre part aux travaux du Conseil d’Administration du PAM tenu à Rôme en Italie du 20 au 24 Juin 2022. Contraintes calendaires obligeant, il a dû se faire représenter par la Vice-Présidente de la République qui a conduit la délégation béninoise. La Coalition Mondiale pour l’Alimentation Scolaire ne sera pas du reste puisque quelques mois avant l’invitation du PAM, elle avait déjà fait du Président Patrice TALON, le Champignon Mondial pour l’Alimentation Scolaire. Je ne saurai passer sous silence la tenue effective du forum national pour l’accélération de l’éducation des filles. Pour une raison ou une autre la baisse des effectifs des filles scolarisées tant au primaire qu’au secondaire était devenue agressive et il fallait en rechercher les causes afin d’y apporter les solutions idoines. C’est justement ce qui a été fait les 10 et 11 mars 2022 à l’hôtel Golden Tulip, Le Diplomate de Cotonou. La feuille de route qui en est issue prévoit comme résultats entre autres, le maintien des filles à l’école jusqu’à la fin de l’éducation de base au moins et la scolarisation massive de celles qui n’y sont pas encore. Tous ces résultats, quoique perfectibles, ne sont obtenus que grâce à l’implication effective, à l’engagement personnel et au dévouement de toute la communauté éducative. Je décerne un satisfecit spécial au personnel enseignant de toutes catégories sans oublier les corps d’encadrement qui ont très tôt adapté les pas de danse à la cadence. La fierté d’avoir contribué à la remontada de l’école béninoise se lit désormais aisément sur tous les visages. Mes pensées vont à ceux d’entre eux qui, dans leur ardeur de faire éclore les germes d’épanouissement chez les âmes innocentes à eux confiés ont dû passer l’arme à gauche. Que leurs âmes reposent en paix. Il en est de même pour ces nombreux apprenants, qui, sur le chemin de l’acquisition du savoir, du savoir-faire et du savoir-être, en d’autres termes du développement de leurs compétences disciplinaires, transdisciplinaires et transversales n’ont pu retrouver leurs écoles, leurs enseignants, leurs camarades, leurs amis, leurs frères, leurs parents encore moins leurs maisons. Dans ce registre peu reluisant, l’école béninoise a été confrontée pour la première fois de son histoire au phénomène d’insécurité lié au terrorisme. Des élèves de certaines localités de notre pays ont été contraints à l’interruption de leurs études au cours de l’année scolaire 2021-2022. Fort heureusement, quelques chanceux ont pu s’en sortir et ont réussi à passer avec succès leurs examens. Mon espoir est que ces centaines d’élèves contraints à l’abandon puissent retrouver très tôt le chemin de l’école. En tout état de cause, des dispositions sont prises dans le cadre de la mise en œuvre du programme de « lutte contre la discontinuité éducative » pour leur permettre de jouir de leur droit à une éducation de qualité.
Mesdames et messieurs,
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Tout en nous inscrivant dans la dynamique de la continuité, et il ne saurait d’ailleurs en être autrement, qu’il me soit également permis d’appeler notre attention sur certains dysfonctionnements qui risquent, si on y prend garde, de plomber nos efforts. L’année scolaire 2022-2023 qui s’annonce doit nous permettre de sonner le glas des vices qui ont pour noms : absentéisme et retard injustifiés, alcoolisme, détournements, harcèlement, vols, mauvaise gestion, inconscience professionnelle, agressions verbale ou physique, violence sous toutes ses formes et j’en passe. Ces difformités devenues banales dans nos sociétés actuelles et qui hypothèquent dangereusement l’avenir des générations montantes méritent que l’Ecole en fasse, mieux que par le passé, son cheval de bataille afin de réinstaurer et de promouvoir un vivre-ensemble harmonieux et conviviale. C’est pourquoi, au nom du gouvernement et en mon nom personnel, j’articule toutes les activités scolaires et parascolaires de l’année 2022-2023 autour de ce thème que je voudrais fédérateur et qui s’intitule comme suit : « l’Education, arrhes de l’univers et d’une survie collective ».
S’il est vrai que l’Ecole ne peut porter à elle seule les tares de la société des Hommes en matière d’éducation, force est de reconnaître qu’elle détient sa part de responsabilité. L’institution scolaire de par son organisation, accueille des enfants d’âge donné dans des conditions prévues par les textes qui la régisse. Les curricula de formation à leur tour sont conçus et élaborés en fonction du profil attendu de l’apprenant au sortir de l’école en lien avec le marché du travail. D’où la prédominance du savoir et du savoir-faire au détriment du savoir-être. Certes, les éléments d’intégration et d’acceptation sociales apparaissent tant dans les champs que dans les contenus de formation mais l’attention que les animateurs de cours leur accordent aussi bien dans les techniques que dans les moyens de la transmission laisse pantois. Mieux que l’instruction et la formation, l’éducation est le seul et unique moyen de “façonner” l’Homme. Le développement et les expressions de caractères vertueux résultent de l’Education qui, malheureusement est limitée dans le temps. Il y a forcément un âge, une période de vie pour faire de l’enfant le type d’homme qu’il doit être sur terre. Cela n’a rien à voir avec les nombreuses et multiples connaissances scientifiques, technologiques et autres qu’on lui fait ingurgiter. « Tout se joue avant l’âge de cinq (05) ans » ont affirmé plusieurs chercheurs. Même les pondérés ne franchissent nullement la barre de six (06) ans. Le monde noir dans sa multiplicité culturelle basée essentiellement sur la parole n’a-t-il pas dit et enseigné « qu’il est impossible d’arquer le poisson sec au risque de le rompre » ?
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Dans ces conditions, l’Ecole doit être perçue comme la suite des familles. Elle ne peut que constater, améliorer autant que faire se peut ou s’adapter. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est enseigné aux enseignants stagiaires de considérer chaque écolier qu’il accueille comme « un escargot ». Cela n’a rien de dépréciatif. L’escargot, aussi petit soit-il, est toujours dans sa coquille et se déplace avec. Les antécédents de l’enfant relevant de l’innée ou de l’acquis constituent sa carapace.
Cette randonnée rhétorique a valeur d’interpellation des parentes, des parents, bref, de la famille entière qu’elle soit mononucléaire ou élargie et de la communauté dans son ensemble. Comme l’a recommandé Maurice TIECHE dans son ouvrage intitulé l’éducation portera ses fruits, Prenons l’éducation de nos enfants en mains dès le berceau. Plus tard, ce serait trop tard. Il y va de l’intérêt du monde entier et de notre survivance collective.
Chers parents d’élèves,
Point n’est besoin de vous apprendre ce qui relève de vos devoirs vis-à-vis de votre progéniture inscrite à l’école. Vous le savez mieux que quiconque. Cependant, je voudrais me permettre de vous rappeler quelques uns. La mise à disposition d’un minimum de fournitures pour leur permettre de développer les compétences attendues d’eux. Les contacts périodiques avec leurs enseignants qui vous permettront de vous assurer de leur présence effective au cours et du sérieux dont ils font montre dans leurs apprentissages. L’assurance d’une alimentation saine et équilibrée gage d’une bonne santé mentale et physique.
Quant à vous chers enseignants,
Le métier que vous avez choisi ou que vous exercez par défaut n’est pas un métier comme les autres. En dépit des nombreuses contraintes et exigences qu’il renferme, il est indéniablement le plus beau métier du monde. Soyez donc fier d’être l’artisan qui, dans sa moule, façonne le constructeur, le développeur et protecteur de l’immortalité. Cela n’a pas de prix. Certes, vous avez besoin du minimum vital pour accomplir votre mission dans de bonnes conditions. L’Etat en est conscient et s’y emploie. A l’orée de cette nouvelle année scolaire le mieux que je puisse vous souhaiter c’est la santé. Elle est la condition sine qua non de l’accomplissement de vos obligations professionnelles telles qu’elles sont inscrites dans les différents actes réglementaires et dans vos cahiers des charges que vous maîtriser bien. Je vous sais capables de donner le meilleur de vous-mêmes, de surplomber les obstacles qui jalonnent votre parcours afin de faire de l’Ecole béninoise la meilleure Ecole de la sous-région.
Chers apprenants,
Après plus de deux mois de vacances, vous voici à la veille de la reprise des activités scolaires. Les vacances ont été certainement belles parce qu’elles vous ont offert l’occasion de voyager, de jouer, de danser, bref, de vous distraire ou même d’aider papa ou maman dans leurs activités commerciales, artisanales, paysannes et autres. Ce temps est fini. L’Ecole reprend ses droits. Elle vous ouvre ses portes et vous invite à la rejoindre dès demain matin, lundi 19 Septembre 2022. Pas d’hésitations. Tout le monde à l’école. Vos seconds parents que sont vos enseignants vous y attendent. Ils sont prêts à vous accueillir, à vous mettre dans de bonnes conditions d’apprentissage et à vous accompagner dans l’efflorescence des talents qui sommeillent en vous. L’Etat aussi n’est pas du reste. Il a mis en place et à temps les moyens devant permettre à vos enseignants de démarrer les cours dès le 1er jour des classes. Pour ceux d’entre vous qui êtes dans les écoles déjà couvertes par le Programme National d’Alimentation Scolaire Intégrée (PNASI), vous aurez droit à votre premier repas chaud de l’année scolaire 2022-2023 dès demain lundi à partir de 12 heures. J’invite les autres à un peu de patience car sous peu, ils seront pris en compte. Les préparatifs pour la généralisation du PNASI sont assez avancés et toutes les écoles primaires seront couvertes.
Chers apprenants, la meilleure manière de témoigner de votre gratitude à l’égard de l’Etat et de vos enseignants, afin de les inciter à mieux se donner pour vous, c’est d’être ponctuels, assidus, pugnaces et attentifs. N’oubliez pas qu’en plus d’être l’espoir de vos parents, vous constituez l’avenir de notre pays le Bénin.
C’est sur cette note que je déclare lancée l’année scolaire 2022-2023.
Vive l’Ecole béninoise !
Vive le Bénin !
Je vous remercie