Dans le cadre de l’Évaluation périodique universelle (Epu) 2022, le rapport alternatif de la coalition Rhrn2 Bénin a fait l’objet d’un atelier, vendredi 28 octobre à Abomey-Calavi. A l’invitation de l’Association béninoise pour la promotion de la famille (Abpf) et ses alliés, des acteurs de la société civile ont été édifiés sur le contenu dudit document et ont exposé leurs observations.
Par Sènan Nadège WANGNANNON (Stag.)
Le rapport de la coalition « Right here, right now-Droit ici, droit maintenant »- (Rhrn2) porte sur l’accès des jeunes à l’information en matière de droits sexuels et reproductifs, la protection des minorités sexuelles et le droit d’accès aux services d’Ivg. La coalition qui l’a rédigé est formée de 4 associations, à savoir le réseau Bsyp qui s’est occupé des besoins des minorités sexuelles ; le Roajelf Bénin qui a pris en compte le besoin des filles et des femmes ; l’Association des blogueurs du Bénin en charge du volet digitalisation et l’Abpf, lead de la coalition.
Le rapport présenté par Conaïde Akouedenoudjè, juriste-consultant en droits humains et Aïchatou Salifou, activiste-féministe et bloggeuse, soumet neuf recommandations adressées à l’Etat. Il s’agit entre autres, d’ « intégrer d’ici à 2027, l’éducation à la santé sexuelle dans les programmes pédagogiques », et de « mettre en place d’ici 2027 un mécanisme fiable de collecte de données relatives aux violations des droits humains de personnes Lgbtqi ».
Le rapport appelle également à accélérer « le processus d’élaboration et de signature des décrets d’application de la loi n°2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin d’ici la fin de l’année 2023 ».
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Ce projet a pris en compte six zones : Cotonou, Lokossa, Parakou, Kandi, Banikoara et Savalou. La finalité recherchée, explique François Yélian Bakpé, assistant suivi-évaluation à l’Abpf, est « de rendre l’information disponible aux jeunes afin qu’ils puissent décider de leurs sexualités, d’apporter un soutien public favorable à la jouissance des droits sexuels, mener beaucoup de plaidoyers politiques pour favoriser le cadre législatif pour la jouissance des droits sexuels ». C’est aussi, a-t-il ajouté, « un cadre pour permettre aux de la société civile d’apprendre d’eux-mêmes, se tendre la main, s’organiser pour agir en cohésion ».
L’Epu, en question
Pour mémoire, le Bénin a bouclé en 2017 trois examens périodiques universels (Epu) après ceux de 2008 et 2012. Les Osc comme d’habitude, contribuent à l’élaboration du 4ème cycle (2022-2025). L’Epu est un mécanisme établit par la résolution 60-251 de l’Assemblée générale des Nations unies. Il permet au Conseil des droits de l’Homme d’examiner la situation des droits de l’Homme dans chaque État membre.
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L’Examen périodique universel (Epu) constitue un dialogue interactif entre l’Etat examiné et les autres États au sein du Conseil des droits de l’Homme. « Cela voudra dire que tous les pays du monde entier sont appelés à faire un examen sur les autres pays qui ont des difficultés liées aux droits humains », décrit Christian Comlan Agbozo, directeur exécutif de l’Abpf qui a ouvert l’atelier.
Ce dialogue interactif de l’Epu est basé sur des informatifs fournies par l’État, les agences de l’Onu, et la société civile. Des recommandations sont effectuées par les États membres et un document final est produit après le dialogue. Le document final est officiellement adopté lors de la réunion ordinaire du Conseil des droits de l’Homme, a-t-il précisé. « Lors de ce processus la société civile joue un rôle de premier plan, en ce sens qu’elle a la prérogative de soumettre les rapports alternatifs sur la situation des droits humains dans un Etat », a-t-il insisté.
Impliquer les médias
L’atteinte des objectifs ne se fera pas sans les médias. En témoigne la présence non négligeable de professionnels de la presse à l’atelier de présentation du rapport. « La coalition espère impliquer les femmes et les hommes de la presse dans ce processus important de plaidoyer international. Les journalistes jouent un rôle central dans la protection des droits humains et des valeurs démocratiques. En vous donnant la bonne information, nous espérons alors vous mettre sur le chemin de la vérité en ce qui concerne les droits humains dans notre cher pays le Bénin », a indiqué Conaïde Akouedenoudjè, juriste-consultant en droits humains.
Certains hommes/femmes des médias ont déjà conscience de l’enjeu. Telle Angela Kpeidja, journaliste (Ortb-Tv) spécialiste des questions de santé. En matière de défense des droits humains, les journalistes ne s’illustrent pas toujours positivement, déplore-t-elle. Elle en veut pour preuve, le droit à l’avortement à propos duquel elle reproche une certaine précipitation aux confrères/consœurs.
« Il faut que les journalistes … comprennent qu’il s’agit de voir le bien du plus grand nombre de personnes. On peut ne pas être d’accord avec le droit à l’avortement mais il s’agit de voir le bien collectif et de travailler à ce que, il y ait une sorte de déstigmatisation ; parce que lorsqu’on aura le décret d’application, les hôpitaux dédiés pour ça, si on ne déstigmatise pas les services d’avortement, on restera planté là sur les mêmes décès décriés », a-t-elle prévenu.
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Dans le même sens, Daniel Dassi (Ado Tv) s’est engagé à être acteur de l’effectivité du droit en santé sexuel et reproductif.
Recommandations
Les 9 recommandations du rapport Rhrn2
A propos de l’accès à l’information sur la Sdsr pour tous, sans discrimination
1-Intensifier et accélérer les efforts pour apporter à l’ensemble de la population, notamment les jeunes et les adolescents des informations sur la santé sexuelle et de reproduction en insistant sur l’éducation aux droits humains et la gratuité progressive des méthodes contraceptives ;
2-Intégrer d’ici à 2027, l’éducation à la santé sexuelle dans les programmes pédagogiques et s’efforcer à mettre en place une structure gouvernementale en charge de la formation pédagogique et technique des enseignants en la matière ;
3-Elaborer, implémenter et renforcer à partir de 2023, des campagnes numériques d’éducation à la sexualité sur les comptes sociaux du gouvernement et des ministères sectoriels.
A propos de la protection des minorités sexuelles
4-Mettre en place d’ici 2027 un mécanisme fiable de collecte de données relatives aux violations des droits humains de personnes Lgbtqi ;
5-Former tous les agents des Forces de sécurité sur l’importance de la lutte contre toute différence de traitement discriminatoire à l’égard des minorités sexuelles et insister sur le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ;
6-Former les agents de santé sur les spécificités de la prise en charge sanitaire des personnes Lgbtqi et leur offrir un plateau technique adéquat en veillant à l’élimination des discriminations de tout genre.
A propos de l’accès aux soins d’avortement sécurisé pour les populations
7-Accélérer le processus d’élaboration et de signature des décrets d’application de la loi n°2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin d’ici la fin de l’année 2023 ;
8-D’ici 2025, renforcer le plateau technique, et en moyens financiers, humains et matériels pour assurer la sécurité sanitaire et assurer une meilleure formation pour les agents de santé qualifiés.
9-Vulgariser et diffuser des contenus d’information sur la loi n°2021-12 modifiant et complétant la loi 2003 relative la loi 2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin et veiller à son respect par les différentes parties prenantes.
