Le Laboratoire d’études africaines et de recherche sur le Fá (LareFa), créé par arrêté décanal n°1046-2014/Flash/Uac/D/Vd/Sge du 13 octobre 2014, tient sa 2e Journée d’études (Jel) vendredi 11 novembre à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). La rencontre se déroulera aussi bien en présentiel (campus d’Abomey-Calavi) qu’en ligne via zoom.
À l’occasion de cette journée, le professeur Mahougnon Kakpo, directeur scientifique du LareFa abordera avec ses collègues et invités, un sujet pas tout à fait commun : les Hungbè , à travers le thème : «Hùngbè ou crypto-langues : Pratiques langagières des espaces initiatiques au Bénin, Approche anthropo-linguistique et perspectives didactiques».
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La préoccupation des chercheurs est de voir dans quelle mesure, dans quelle condition et à quel prix les « Hùngbè ou crypto-langues, peuvent-elles devenir des langues standardisées ?» Un panel placé sous la modération du Dr Zinsou M. Hounzangbe s’y penchera à l’issue des différentes communications.
Communications
Quatre communications alléchantes sont annoncées au cours de la Journée. Le Docteur Moufoutaou Adjeran, maître de Conférences/Cames à l’Uac planche en premier sur le thème : « Argot des cybercriminels au Bénin : fonctions cryptique et identitaire ». Docteur Judith Bidouzo, Maitre-Assistant des universités lui emboitera le pas. Elle est appelée à développer le « Langage initiatique chez Olympe Bhêly-Quenum et Zadi Zaourou : de l’ésotérie à l’exotérie ».
La place sera alors cédée au porte-flambeau de la Boologie à l’Université d’Abomey-Calavi. Coovi Raymond Assogba, Maître de Conférences entretiendra les auditeurs sur le « Rêve ou Hungbè : Introduction au langage d’apprentissage des arcanes gnoséologiques ». Il sera assisté du Dr Aimé Sènon, sociologue.
Le professeur titulaire de Littérature africaine et poète du Fa, Mahougnon Kakpo retrouvera à nouveau la chaire. Après avoir lancé les travaux, il parlera cette fois-ci de l’ « Anthropologie d’une langue de couvent ».
Langues du Vodun, langues spéciales
Dans son introduction à la thématique contenue dans l’appel à communication consulté par Bénin Intelligent, Mahougnon Kakpo définit les « huǹ gbè » comme « langue du Vodun ; langue du sacré » dans les langues du continuum dialectal gbè.
Ces « langues de communication des espace initiatiques au Bénin, mais plus généralement en Afrique de l’Ouest, constituent un territoire discursif hermétique, discret, voire « secret » et réservés aux seuls initiés. Il s’agit d’un langage particulièrement encodé répondant à un besoin sacré, spirituel », clarifie-t-il.
La question des Hungbè renvoie aux « langues spéciales ». Monino (1991) les appréhende comme « des formes de parler spécifiques à un groupe de locuteurs et d’activités ». Kakpo s’appuie aussi sur Anne Szulmajster-Celnikier qui remonte jusqu’à l’Égypte pharaonique l’origine d’une « écriture énigmatique » ou cryptographique, qu’elle classe parmi les langues secrètes du premier type.
La particularité d’une telle écriture, réside en ce que, elle est « dévolue à des maximes et des formules funéraires » et constitue « le résultat de manipulations sophistiquées de sons et d’images pour traduire une pensée religieuse et une vision spécifique du monde », résume Mahougnon Kakpo.
Il est d’avis avec R. Brand que dans les espaces initiatiques la langue rituelle en usage et les noms de vodunsi, renseignent sur l’histoire des groupes, le rôle et l’origine des groupes socioculturels ainsi que leurs divinités.