Home Actualité Gilles Olakounlé Yabi, directeur exécutif du Think Tank Wathi : « On ne peut pas adopter de solution uniforme par rapport aux menaces sécuritaires »

Gilles Olakounlé Yabi, directeur exécutif du Think Tank Wathi : « On ne peut pas adopter de solution uniforme par rapport aux menaces sécuritaires »

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
0 Commentaire

Trouver un prototype parfait de solution contre la menace terroriste est un leurre. Au niveau des États confrontés au phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent, la situation sécuritaire ne se présente pas de la même manière, fait remarquer Gilles Yabi, analyste politique et docteur en économie du développement. Le directeur exécutif du think tank Wathi parle du rôle de la société civile, opine sur les coups d’Etat menés au nom de la lutte contre le terrorisme et appelle à profiter des transitions politiques pour mener des réformes utiles. Les tensions existantes, les rivalités inter communautés ethniques constituent les grands terreaux des groupes terroristes, insiste-t-il. Entretien.

Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN

Bénin Intelligent : Que peut-on comprendre par terrorisme, extrémisme violent et radicalisme ? Y-a-t-il une convergence entre ces terminologies ?

Gilles Olakounlé Yabi : Le terrorisme est une forme de violence qui désigne un mode d’action d’un groupe ou d’individus. Qui décide de commettre des actes violents avec une intention politique de modifier par exemple, les décisions d’un gouvernement ou influencer des acteurs notamment politiques. L’idée derrière l’acte terroriste, c’est que l’effet recherché ne se limite pas à l’effet immédiat en termes de victime.

L’objectif est en effet de terroriser d’une certaine manière une population plus large et éventuellement donc l’État, en donnant le signal de cette capacité à user de la violence pour atteindre un objectif politique. C’est un peu comme ça qu’on peut définir le terrorisme. Même s’il faut dire aussi qu’il n’y a pas universellement une définition qui soit acceptée parce que se pose aussi la question du terrorisme d’État. Puisque les États à eux aussi peuvent utiliser finalement un mode d’action terroriste pour lutter contre d’autres États ou pour en découdre avec d’autres groupes.

L’extrémisme violent est un concept plus récent qui essaie de prendre en compte l’évolution d’un certain nombre de groupes dont l’idéologie est extrémiste. Ils peuvent justifier le recours à la violence pour atteindre leurs objectifs. Pour finalement défendre leur idéologie. On peut alors avoir un groupe qui véhicule de l’extrémisme violent sans être tout suite, un groupe terroriste qui use de moyen d’action terroriste. Mais, évidemment l’extrémisme violent peut conduire ensuite à être clairement dans le champ des activités terroristes.

 

LIRE AUSSI : Lutte contre le terrorisme : Les groupes de la société civile détiennent le sésame

 

Le radicalisme, la radicalisation puisqu’il y a aussi ces deux concepts. L’idée c’est bien entendue une chose assez proche de l’extrémisme. Quand on dit que quelqu’un est radical, on perçoit qu’il s’agit de prise de position considérée comme manquant de modération. Alors, les groupes radicaux, ce sont des groupes qui véhiculent des positions, des idéologies qui ne sont pas modérées et qui ne tiennent pas compte de l’ensemble par exemple d’une population et de la variété des opinions au sein de cette dernière. C’est un groupe qui va vouloir défendre une position qui est la sienne. Mais qui ne va pas accepter qu’on puisse avoir des positions différentes. Il faut bien aussi se rendre compte que tout cela ne nous dit rien sur la motivation spécifique d’un groupe extrémiste violent ou d’un groupe radical. Puisqu’au fond, aujourd’hui on se polarise beaucoup sur des groupes qui portent des idéologies religieuses. Notamment des groupes qui se définissent eux-mêmes comme djihadistes.
Le terrorisme a existé depuis longtemps. Il y a des groupes terroristes dans l’histoire qui sont intervenus dans plusieurs parties du monde et qui n’avaient rien à voir avec l’idéologie de nature religieuse. À nouveau, ce qui est important c’est de savoir que le terrorisme, c’est davantage un mode d’action et que ça ne nous dit rien sur les motivations, l’objectif ou le type particulier des groupes qui ont recours au terrorisme.

Qu’est-ce qui expliquerait la montée en puissance du terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest ?

Je crois qu’il est difficile de fournir une sorte d’explication générale de la montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Ce qui me semble important, c’est de caractériser l’évolution des violences dans la région. Les violences de types terroristes sont une partie d’un ensemble de violence qui caractérise aujourd’hui l’insécurité dans la région. Il ne faut pas simplement se limiter aux violences de type terroriste.

Il y a également des violences intercommunautaires, des violences qui sont liées justement à la présence de groupes armés terroristes. Il existe aussi des violences qui sont commises par les forces de défense et de sécurité. Je crois qu’il faut à nouveau bien voir que le terrorisme a ceci de pernicieux qu’il génère d’autres formes de violence même dans la réaction des États. Face à la présence de groupes armés terroristes, on a souvent un risque d’exaction et de fragilisation plus importante de la société et les pays concernés.

À mon avis, il y a des facteurs internes et des facteurs externes qui expliquent la montée du terrorisme. Il faut remonter à l’origine pour le comprendre. Par exemple, au Sahel les groupes djihadistes les plus importants historiquement sont liés à l’histoire des groupes armés en Algérie.

Il faut se rappeler que Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) a été le premier grand groupe terroriste installé au nord du Mali et plus largement dans la partie nord du Sahel. Ce groupe est un héritier direct des groupes islamistes armés qui étaient en Algérie. On voit bien qu’il y a déjà une longue histoire derrière la présence de ces groupes et derrière leur évolution et leur extension géographique.

Mais ensuite, ces groupes dès lors qu’ils s’installent, lorsqu’il n’y a pas de réaction assez rapide, ils commencent par mener des opérations pour plus tard accumuler des ressources. Ce fut le cas par exemple d’Aqmi qui a commencé par mener des prises d’otages et a gagné énormément d’argent à partir de cette activité.
L’implication de ces groupes dans certains trafics, leur donne plus de ressources, leur permet d’avoir de plus en plus la possibilité de s’installer durablement sur un territoire et d’avoir des objectifs de plus en plus importants. C’est ce qui s’est passé au nord du Mali. En absence de réaction de l’État, peut-être même face à des réactions plutôt contre-productives de la part de l’État malien à l’époque, on a eu progressivement l’installation durable de ces groupes avec des mariages de même qu’avec une intégration dans la société au Nord du Mali. Cela a permis ensuite à ces groupes de se renforcer, tant dans leur lien avec les économies locales et même avec les acteurs politiques locaux.
Lorsqu’on retrace simplement le régime d’Aqmi on voit bien que la situation d’aujourd’hui a des racines qui sont assez profondes. Et que évidemment au fil du temps, les capacités dont disposent les groupes changent, les personnalités qui en sont aussi les ténors changent. Les contextes dans lesquels ces groupes opèrent ont aussi évolué.

 

LIRE AUSSI : Gnamien Attoubré, analyste politique : « La situation sécuritaire au Sahel est critique »

 

La grande menace, c’est justement d’une certaine manière d’isoler ce qui est du ressort de la motivation des chefs de ces groupes, de leur capacité à mobiliser les moyens et du contexte politique, social et économique dans lequel il opère.
Je crois que tous ces trois éléments sont toujours très importants lorsqu’on essaie de comprendre la situation. Il faut examiner les acteurs, leurs motivations. Il faut examiner leur capacité à mobiliser les moyens pour mener des opérations dans la finalité qu’ils se sont donnés. Il faut examiner le contexte général qui est plus ou moins favorable à leur action.
Lorsque vous avez notamment des États qui sont très faibles, et très faiblement structurés y compris au niveau de leurs forces de sécurité, de leurs relations avec les populations et des États qui ne sont pas capables de produire des services publics essentiels pour les populations, vous avez un contexte qui va être favorable à l’implantation des groupes armés qui vont être capables de recruter assez facilement au sein notamment de la jeunesse sans emploi et peut être également très frustrée par rapport au rôle de l’État ou l’absence de l’État.

Peut-on prioriser une solution uniforme en matière de stratégie de prévention et de lutte contre la crise sécuritaire ?

On ne peut évidemment pas adopter de solution uniforme par rapport aux menaces sécuritaires. La situation d’un pays à l’autre est différente. Qu’il s’agisse des pays du Sahel ou d’une manière générale des pays de l’Afrique de l’Ouest. Il y a des pays qui sont depuis des années confrontés à la présence et à l’activité des groupes terroristes comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso (…). Il est très clair que dans ces pays cités, on est plus dans la prévention. On n’est plutôt dans la réponse à une situation sécuritaire extrêmement dégradée et à la nécessité de stopper la dégradation de la situation. Donc cela représente la première priorité.
Le cas du Burkina Faso est peut-être le plus spectaculaire. Puisqu’en quelques années, l’État a perdu le contrôle d’une partie importante de son territoire. On parle de 40 % et dans la réalité, c’est probablement plus. L’urgence dans ces pays-là c’est vraiment de reconquérir le territoire et, trouver de bonnes formules pour améliorer progressivement la situation sécuritaire tout en préservant la cohésion sociale qui déjà est très affectée par l’insécurité.
Lorsque vous avez du terrorisme, vous avez aussi cette intention des groupes armés de détruire, finalement la confiance des populations dans leur États. Mais aussi la confiance des populations entre elles. Puisque ces groupes vont exploiter des tensions existantes, des rivalités existantes entre des communautés ethniques par exemple pour pouvoir affaiblir encore davantage les États et les sociétés. Et donc dans ces pays du Sahel aujourd’hui, on est vraiment dans une situation d’urgence, on est dans une situation qui exige des réponses immédiates. Des réponses immédiates également qui tiennent compte évidemment des impératifs de moyen et de long terme.
Dans les pays d’Afrique de l’ouest notamment les pays côtiers, comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Ghana on a déjà eu dans certains de ces pays des attaques. Notamment en Côte d’ivoire, depuis quelques temps on a des attaques au Bénin. Et donc, on voit bien là aussi, qu’on est déjà affecté.
La présence des groupes armés reste limitée, à des parties frontalières. Notamment à la partie qui est adossée au Burkina Faso. Et donc pour ces pays, l’urgence, c’est de contenir ces groupes armés dans des zones limitées et de chercher éventuellement à les déloger de ces zones. Notamment dans les zones de parc naturel, on sait qu’elles sont très vulnérables, très favorables à l’implantation et la circulation des groupes armés.
C’est sûr que les pays côtiers font des efforts particuliers dans ces zones-là. Mais il est clair aussi que pour tous ces pays, on est à la fois dans une logique de réponse mais aussi beaucoup dans une logique de prévention. La prévention elle doit jouer un rôle très important. Mais elle ne passe pas simplement par le déploiement de tout type de défense de sécurité. Elle passe beaucoup par le développement des liens entre les Etats et les populations civiles. L’implication justement de la société civile dans sa grande diversité, dans les discussions sur les réponses, et dans la circulation de l’information sur la menace.
Donc, oui ! il faut des solutions qui soient adaptées à la situation sécuritaire actuelle de chacun des pays et qui soit adaptées également à l’évaluation qu’on peut faire de l’évolution de ces menaces au cours des prochaines années.

En quoi les groupes de la société civile seraient d’une utilité dans la lutte contre les menaces sécuritaires ?

La société civile, c’est la société. Ce n’est pas seulement les organisations de la société civile. Et je crois qu’on confond souvent la société civile avec les organisations de la société civile qui représentent la forme organisée de cette société.

 

Rejoignez notre forum Telegram pour ne rien rater de l’actualité. Analyses‚ enquêtes‚ exclusivité..ici👉🏿
https://t.me/+w4Ujk6EDhDc2Mzc0

 

La société civile, c’est une très grande diversité. Ce sont les citoyens eux-mêmes, ceux qui sont organisés dans des groupes religieux, sociaux ou dans des associations diverses. Mais aussi les citoyens, individus dans leur capacité, dans leur légitimité à participer aux affaires de l’État. Et donc, la société civile évidemment a un rôle important à jouer parce qu’elle est la première à être affectée des situations d’insécurité. Ce ne sont pas seulement les décideurs politiques, les agents de l’État, les forces de défense et de sécurité qui subissent des attaques lorsqu’on a des groupes armés terroristes. Donc c’est l’ensemble de la société qui est impacté.
Et comme c’est l’ensemble de la société qui est impacté, c’est une raison suffisante pour que l’ensemble de la société soit légitime pour participer à la recherche des solutions. Pour moi, il n’y a pas de doute que la société civile a un rôle à jouer.
Mais bien évidemment qu’il faut avoir sur la conscience que cette société civile n’a pas de position unique et qu’elle est très diversifiée elle aussi. Du coup, la capacité de la société civile à agir dépend beaucoup du niveau d’organisation de cette dernière, du niveau de structuration des organisations et de la qualité de la relation entre ces organisations de la société civile et les États. Il n’y a pas de doute à nouveau que cette implication soit essentielle dans les zones qui sont déjà affectées par l’insécurité.
La société civile et les organisations de la société civile vont pouvoir jouer le rôle de relais en termes d’information donnée aux agents de sécurité et de l’État. Elles vont pouvoir jouer un rôle très important dans la sensibilisation des populations à l’existence des menaces, sur les comportements à adopter.
Ce sont ces organisations qui sont les plus proches des populations au quotidien et donc leur rôle est vraiment central dans la prévention de l’extrémisme violent ou de l’implantation des groupes armés dans les pays de la région. Au plan national, de la décision politique, il y a aussi un rôle important à jouer par les organisations de la société civile qui vont être plutôt dans un rôle de plaidoyer.
Et pourquoi pas d’analyse pour pouvoir compléter les analyses qui sont faites par les acteurs publics surtout que nous sommes dans des pays où il n’y a pas beaucoup de réflexions stratégiques qui sont prises en compte dans la prise des décisions politiques y compris dans le domaine de la sécurité. Il est de ce fait important que les acteurs de la société civile apportent également leur analyse et leur vision de la situation, et leur appréciation des réponses qui doivent être portées face à la crise.
Évidemment, je parle au nom de l’organisation Wathi qui est un think tank citoyen. Nous sommes également une organisation de la société civile mais à l’échelle Ouest-africaine. Il est très clair donc que pour nous le rôle de plaidoyer est extrêmement important. Le rôle d’analyse, de proposition sont extrêmement importants pour tous les acteurs de la société civile.

Quel doit être leur rôle dans la prévention et la lutte contre les mouvements terroristes ?

Il est difficile d’énumérer les propositions très nombreuses que nous faisons et que beaucoup d’autres organisations et d’autres d’experts font depuis des années sur ces questions de paix et de sécurité. Ce que je peux dire c’est que la situation est extrêmement difficile. Elle est extrêmement grave. Et qu’il ne faut pas chercher de solution facile. Il n’y en a pas et il n’en aura pas. Compte tenu de la gravité de la situation actuelle. Compte tenu des défaillances des États au niveau des forces de sécurité.
Mais de manière générale au niveau de la présence de l’État, de l’engagement pour l’intérêt de la population on a laissé créer un contexte qui est très favorable à l’implantation des groupes armés d’ailleurs, qu’ils soient terroristes ou pas. Et donc il n’y aura pas de solution facile. Je crois qu’aujourd’hui à nouveau l’urgence dans les pays qui sont déjà directement concernés c’est de stopper déjà la dégradation et cela passe quoiqu’on dise par une action des forces de défense et de sécurité qui soit une action efficace mais évidemment mesurée. Et qui considère que la protection des populations civiles est une priorité. C’est d’ailleurs le message d’une coalition de la société civile pour le Sahel dont Wathi est membre.

 

LIRE AUSSI : Nord du Bénin : Les propositions de l’Ong « Médias & Citoyenneté » face aux arrestations de journalistes

 

La protection des civils doit être une priorité, et c’est essentiel y compris coopération militaire plus efficace. L’autre urgence c’est de travailler à donner des signaux de changement très importants sur le plan de la gouvernance politique et économique des États. C’est principalement parce que les États se sont affaiblis au cours des dernières décennies, je dirais quasiment dans tous les domaines que les groupes armés ont cette grande facilité de déstabiliser plus profondément les États de la région. La réponse est aussi une réponse politique, une réponse institutionnelle qui a des changements importants qui doivent être apportés dans la manière dont nous conduisons les affaires de l’État, dans la manière dont émergent les leaders politiques.
Wathi a produit énormément de recommandations assez spécifiques sur le type notamment de démocratie qui nous semble être aujourd’hui exigé par la situation dans les pays de la région. Et je dirai enfin évidemment que les hommes et les femmes restent le cœur de toutes les réponses, la qualité de leur formation. Le fait d’avoir les bonnes personnes, dans les bonnes positions que ce soit au niveau du secteur de la défense et de la sécurité qu’au niveau de la décision politique c’est extrêmement important. Donc il faut une articulation entre les réformes institutionnelles et les réponses en termes de formation, d’éducation. C’est pour ça aussi que c’est l’ensemble de la société qui doit aujourd’hui se remobiliser autour donc je dirai de l’impératif de la préservation de la sécurité et de la stabilité des États.
J’ajouterai que lorsque vous êtes en situation de terrorisme, vous avez partout que ça soit au Sahel ou en générale en l’Afrique ou ailleurs dans le monde, que vous avez partout des conséquences politiques. Puisque l’objectif à nouveau, il est de déstabiliser profondément les États. Donc ce n’est pas étonnant que les pays qui connaissent une situation de terrorisme soit effectivement des pays aussi où les militaires peuvent très facilement se saisir du prétexte de l’incapacité d’un gouvernement civil à apporter des solutions pour prendre le pouvoir. C’est effectivement ce qui s’est passé au Burkina Faso. On s’est bien aperçu que l’incapacité de l’ancien président Kaboré à stopper la dégradation de la situation sécuritaire a été un argument central pour le premier coup d’État. Et que le sentiment que le lieutenant-colonel Damiba n’a non plus donné le signal d’une amélioration de la situation.
C’est aussi l’un des arguments principaux pour le second coup d’État. Donc on voit bien qu’effectivement le terrorisme fournit un prétexte assez facile pour les militaires de passer à l’acte en estimant qu’ils seront en de meilleure position pour répondre aux déficits sécuritaires. On ne peut pas exclure que des militaires puissent effectivement apporter une réponse plus efficace mais il est très clair que la vraie question c’est la qualité de la gouvernance, qu’elle soit d’une certaine manière civile ou militaire, la capacité à trouver des solutions efficaces. Mais par contre, on doit revenir au principe qui sont ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). C’est un choix qui a été fait en faveur du système politique démocratique. Il est extrêmement dangereux de s’écarter durablement de ce principe-là.

Avec la crise politico-sécuritaire qui s’observe au Burkina Faso, n’est-il pas dangereux de prétexter du terrorisme pour faire un coup d’État ?

Prétexter de la situation du terrorisme pour faire des coups d’État, oui bien sûr, c’est dangereux. Mais à nouveau, je dis, il ne suffit pas de les dénoncer, chaque fois qu’il y a un coup d’État ou coup d’État dans le coup d’État, de pleurnicher et de les dénoncer. Je crois qu’il faut constater qu’on a créé des conditions politiques mais aussi les conditions sécuritaires, économiques pour toutes sortes d’aventures. Y compris les aventures des coups d’État qui ne représentent évidemment pas la solution mais à nouveau qu’on peut difficilement éviter compte tenu du contexte y compris de corruption, de désorganisation des forces de défense et de sécurité, dans beaucoup des États de la région. Aujourd’hui, il faut se concentrer sur ce qu’on fait dès lors qu’on a des coups d’État.
On peut en avoir d’autres. Et que les dirigeants militaires ne sont pas toujours rejetés par les populations. Je crois qu’il faut tenir compte de la réalité. Et que par rapport à cette réalité, par contre créer des conditions pour que l’on retrouve une situation où qu’on accepte le fait que les militaires pour jouer un rôle doivent être soumis à l’autorité des dirigeants civils, issus de processus démocratique. Mais cela va se faire simplement au bout des périodes de transition qu’il faut bien orienter, dont il faut se servir pour effectuer un certain nombre de réformes.
Malheureusement, il n’est pas clair aujourd’hui que toutes les leçons sont en train d’être tirées de ces coups d’État, que l’on va vraiment profiter d’une certaine manière de ces transitions pour effectuer des réformes qui vont ensuite créer des systèmes politiques beaucoup plus stables et les conditions pour des Etats plus efficaces.

Merci.

Lire aussi

Laisser un commentaire

A propos de nous

Bénin Intelligent, média au service d’une Afrique unie et rayonnante. Nous mettons la lumière sur les succès, défis et opportunités du continent.

À la une

Les plus lus

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour être notifié de nos nouveaux articles. Restons informés!