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Discours de Macron : Radioscopie de la nouvelle Afrique-France

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Sur les cendres de la FrancAfrique, synonyme de relations maffieuses entre la France et les anciennes colonies sur les plans économiques, monétaires, diplomatiques ou militaires, Emmanuel Macron, le président français propose désormais un nouveau partenariat bénéfique et mutuellement respectueux. Il l’a décliné lundi, dans un discours prononcé à la veille de sa nouvelle tournée en Afrique centrale. Mais il s’agirait juste d’un changement de forme avec un fond qui restera le même, selon des analystes.

Par Raymond FALADE

Cette tournée du président Macron « intervient au moment où nous clôturons un cycle de notre Histoire en Afrique et un cycle qui a été marqué, à mes yeux, par deux choses ». Ces choses « que nous allons bousculer », ce sont « la centralité de la question sécuritaire et militaire et la prééminence du sécuritaire », avoue Macron.
Le nouveau partenariat qu’il souhaite, « suppose de changer notre manière de faire et de communiquer sur ce que nous déployons, d’abord en étant plus réactif, plus visible et par conséquent plus lisible ».
Emmanuel Macron ajoute que l’objectif « de cette nouvelle phase de partenariat », c’est « déployer sous forme partenariale notre présence sécuritaire pour qu’elle s’insère dans ce nouveau partenariat ».
Macron exhorte ses compatriotes à « agir tous ensemble pour que ce soit visible et pour que la France, quelle que soit l’entité, qu’elle soit administrative ou l’entreprise, apporte des solutions concrètes qui permettent dans un pays, de répondre à un besoin de la jeunesse pour mieux éduquer, pour répondre à des problèmes énergétiques ou de transition climatique, pour répondre à des besoins sportifs, il est clair que ce soit l’équipe de France, qu’il l’ait mise en place ».
D’autres grandes annonces dans le cadre de ce nouveau partenariat, ce sont la transformation des bases militaires qui seront désormais « cogérées avec nos partenaires africains», la prise en compte d’autres acteurs en occurrence, la société civile et donc la fin de la relation de ‘’gouvernement à gouvernement ’’.

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Plus intéressant encore, Emmanuel Macron critique les entreprises françaises dont les activités sont sources de nombre de frustrations sur le continent africain. « …nous avons aujourd’hui encore trop de nos entreprises qui ne produisent pas les travaux de meilleure qualité parce que c’est l’Afrique. Ça ne marchera plus », a-t-il prévenu. Rassurant aussi que ne sera plus approchée comme un terrain de compétition.
Avec ses richesses gigantesques, l’Afrique est un marché à conquérir. Les multinationales françaises y sont massivement présentes. Elles sont régulièrement accusées de prédation économique, elles obtiennent des marchés par un lobbying défavorable aux entreprises locales. Souvent, sans aucune « transparence : sur les bénéfices enregistrés territoire par territoire, sur les flux financiers entre filiales d’un même groupe, sur les sommes versées aux États, sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités et sur les liens politiques et financiers entre décideurs politiques et entreprises », pourtant condition sine qua non « pour la réappropriation par les peuples de leurs ressources et de leurs services publics, dans leur intérêt », comme l’insiste Thomas Noirot (in ‘’Les entreprises françaises en Afrique. Pillage contre transparence’’).
Macron en est conscient. Pour réussir le nouveau modèle de partenariat, « il nous faut d’abord bâtir un nouveau modèle de partenariat militaire », pose-t-il. Les démarches ont commencé. « C’est tout le travail que nous avons conduit ces derniers mois d’abord en le concevant, puis en le discutant et le travaillant avec nos partenaires africains. J’ai reçu ici même, ces dernières semaines, l’ensemble des dirigeants concernés ». Pour lui, la présence de la France en terre africaine dans l’avenir « s’inscrira au sein de bases, d’écoles, d’académies qui seront cogérées, fonctionnant avec des effectifs français qui demeureront, mais à des niveaux moindres et des effectifs africains qui pourront aussi accueillir, si nos partenaires africains le souhaitent et à leurs conditions, d’autres partenaires ».

Excellent discours mais…

Ce nouveau discours du locataire de l’Elysée sur les relations avec les États africains, ne comble pas certains analystes. Codjo Orisha reconnaît certes à Macron d’avoir « fait un excellent discours ». Mais, il reste que le président français « défend les intérêts de la France et non ceux de l’Afrique ».
Il lui reproche, dans sa nouvelle stratégie, cette « tendance à s’approprier un certain droit de regard sur les politiques africaines ». En ce sens que Macron « estime que la nouvelle politique africaine n’a pas vocation à ne pas être de ‘’gouvernement à gouvernement ’’, mais qu’elle prendra aussi en compte bien d’autres acteurs en occurrence, la société civile ».
Pour Codjo Orisha, « ce type de discours quand bien même il se veut nouveau et annonciateur de nouvelles perspectives en matière de relation doit être compris sous le prisme de la France, « grande puissance », cherchant à remettre l’église au centre du village, mais bien sûr avec sa case qui y est plus proche ».

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Un véritable changement en Afrique, doit être l’œuvre des locaux eux-mêmes. Codjo Orisha invite les Africains à « mieux prendre en main leur destin afin d’éviter que des pays tiers s’approprient certaines de leurs préoccupations qui sont du ressort des attributs de souveraineté », dont celles liées à l’éducation, à la jeunesse ou encore de la sécurité.
L’universitaire Garba Moussa, analyste de la politique africaine le rejoint en partie. « On constate que le discours de Macron, est un speech qui a été répété à Ouagadougou et dans plusieurs autres pays d’Afrique », estime-t-il, saluant, tout de même « un certain apaisement », « un changement d’arrogance de la France envers l’Afrique ». Au Togo, l’analyste politique Raissa Girondin, est sévère : « le discours d’Emmanuel Macron n’est qu’un plat bien réchauffé sur du gaz » mais « au fond, il n y a rien de surprenant », rapporte le site aa.com.tr « En réalité, il n y a rien. Il s’agit tout simplement d’un discours flatteur visant un seul objectif : reconquérir les cœurs. Alors que le cœur de bon nombre de pays africains sont très loin, loin de la France », enfonce le togolais.

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