Morel Tchaou, étudiant en instance de soutenance (promotion 2021-2022) au Département des Lettres modernes, revient sur la demande de suppression des soutenances adressée au recteur de l’Université d’Abomey-Calavi. La non programmation des soutenances à temps fait manquer des opportunités aux étudiants nationaux et étrangers en plus de les défavoriser aussi bien économiquement que socialement.
•Propos recueillis par Sêmèvo B. AGBON
Bénin Intelligent : Pourquoi ne demandez-vous pas plus de célérité dans la programmation des soutenances au lieu de leur suppression ?
Morel Tchaou : Nous avons pensé à cette option, mais il y a un problème : les professeurs au Département des Lettres modernes (Dlm) ne sont que huit. Or, il y a près d’un millier d’étudiants en instance de soutenance.
Donc même si on demande à ce que le processus soit accéléré, il n’est pas évident que ces professeurs puissent encadrer tous les étudiants afin qu’ils soutiennent dans l’urgence. Il y a des étudiants qui ont fini depuis plus de cinq ans, des étudiants de 2013 qui n’ont pas encore soutenu et qui ont besoin de leur diplôme pour faire autre chose.
Il faudrait aussi noter qu’il y a des étudiants étrangers parmi nous, des jeunes venus étudier au Bénin parce qu’ils estiment que nos diplômes ont de la valeur. Ils sont là depuis plus de cinq ans. Ils vont rentrer chez eux bredouilles ?
Les étudiants ont loué des chambres à Abomey-Calavi, ils se nourrissent seuls, c’est difficile. Donc demander que le processus soit accéléré n’aboutira à rien. Depuis des années nous réclamons la même chose. Pour preuve, après le dépôt de notre courrier au Département, au rectorat, Décanat, au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, etc. le chef du Département des Lettres modernes s’est précipité pour sortir la liste des protocoles déjà étudiés.
Il faut observer que cette liste a été signée depuis le 9 février 2023, donc ils ont attendu que nous déposions notre courrier le 3 mars avant de la publier. C’est dire que volontairement ils ne sont pas dans l’optique d’accélérer le processus. Nous nous devons prendre nos responsabilités et demander à ce que l’on supprime tout simplement les soutenances.
Vous dites aussi que cette lenteur vous met en difficulté auprès de vos familles, vos parents. Comment ?
Nous l’avons dit parce que nous avons des amis avec qui nous sommes arrivés à l’université. Certains sont à la Faseg, d’autres à la Fadesp. Ceux-là avec qui nous avons obtenu le diplôme du baccalauréat la même année, ont fini depuis et repartent au village dire aux parents qu’ils ont fini.
Certains se sont déjà inscrits en Master. Ainsi, quand nous rentrons au village, les parents estiment que, en réalité nous avons échoué et que nous n’avons pas le courage de le leur avouer.
Il y a des cas où des parents se sont mis à insulter leurs enfants et les ont privés même de moyens financiers sous prétexte que les enfants leur mentent. Alors que ce n’est pas la faute aux étudiants. D’où nous avons insisté sur cet aspect dans la lettre.
Merci.
