Avec la hausse progressive de leurs volumes d’ordures, les pays africains font face à des impératifs de grande ampleur en matière de gestion des déchets. Alors que le recyclage peine à se développer et que les systèmes de collecte et de traitement restent largement sous-dimensionnés, il reste beaucoup à faire.
Belles ou poubelles ?
On observe qu’un faible volume de déchets est détruit en Afrique subsaharienne en comparaison de l’Afrique du Nord, à raison de 0.46 kg par habitant par jour, contre 0.81kg en Afrique septentrionale. D’où l’urgence pour les Africains de s’engager résolument dans une approche de construction de la ville africaine de demain, une ville souhaitée zéro déchet. Si le propos paraît utopique, dans un continent souvent qualifié de « poubelle du monde », il n’en est pas moins sérieux.
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De « Kin la poubelle » à « Lomé la poubelle », les gros titres font souvent état d’une réalité patente sur le continent. Les ex « Kin la belle » et « Lomé la belle », pour ne citer qu’elles, ont très vite croulé sous les ordures. Elles se relèvent difficilement, mais de mieux en mieux à la faveur, entre autres, de nombreux projets gouvernementaux, de partenariats public-privé mais aussi de l’intérêt, l’implication et l’exemple de certains élus locaux qui se mobilisent comme à Atakpamé (Togo) avec l’aménagement des abords de la rivière Éké. Il urge de mobiliser une organisation efficace et des infrastructures conséquentes pour améliorer la gestion des déchets au sein des villes africaines.
Se refaire une beauté urbaine
Des projets d’envergure ont vu et voient encore le jour, pour adresser le défi du déchet. Cela donne un contenu nouveau à l’action en faveur de la salubrité des cités. Aussi vrai que la valorisation des déchets offre également de belles opportunités entrepreneuriales. Africa Global Recycling en est la preuve : cette PME togolaise démontre que le déchet, bien plus qu’un simple déchet, un trésor inestimable. Alors, si le business du déchet prend de l’ampleur sous diverses formes en Afrique, le phénomène est encore embryonnaire et appelle à plus d’engagement. Notamment de la part des jeunes. Il faut généraliser une dynamique vertueuse de traitement des déchets.
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En Afrique, la collecte des déchets n’est pas toujours sélective, et presqu’aucun effort de réduction à la source n’est fourni. Parce que les initiatives de sensibilisation restent pour la plupart inefficaces. De plus, il est à noter l’inculture notoire du tri sélectif au sein des populations. Ainsi, les efforts des collectivités devraient aller dans le sens d’une optimisation des moyens de sensibilisation et de collecte, afin d’accroître les rendements en termes de traitement des déchets. De quoi redonner à nos villes leur éclat perdu, le cas échéant…
Un conclave attendu
Des politiques sévères sont également nécessaires pour améliorer la propreté des quartiers tout en renforçant les initiatives participatives. Les collectivités pourraient édicter des chartes de la propreté pour prendre des engagements contraignants. Ainsi les restaurateurs, commerçants, artisans, établissements scolaires, communautés, etc. seraient obligés à un respect scrupuleux des règles relatives à la propreté. Si en sus les équipements nécessaires sont fournis afin de faciliter la collecte mais aussi le tri de ces déchets, des filières de valorisation pourraient voir le jour. Un bénéfice en ressortirait à travers l’éclosion de débouchés et la création d’emplois de proximité dans une logique de création d’un écosystème actif autour du déchet.
Il est aisé de comprendre le rôle primordial des pouvoirs publics pour créer des filières de valorisation par familles de matériaux. Toutefois, il faut souligner la nécessité d’une collaboration gagnant-gagnant avec les structures privées locales, afin de traiter ces familles préalablement identifiées par des études, dans des conditions strictement exigeantes, en termes sanitaires, sociaux, environnementaux et réglementaires. Les ONG et la société civile ont ici, une partition à jouer pour à la fois sensibiliser les pouvoirs publics mais aussi les citoyens. Rien, en effet, ne vaut la sensibilisation quand on parle de déchets. C’est l’exercice essoufflant qu’il nous faut répéter à volonté. Mais devant l’échec des décennies de sensibilisation sur le sujet, il est peut-être temps de questionner l’univers du déchet en Afrique pour la renaissance d’un type sensibilisation, de formation et d’action qui s’arrime aux enjeux contemporains. A quand les assises africaines du déchet ?