Le torchon brûle entre les responsables des organisations syndicales et les ministères des Enseignements maternel et primaire (Memp) et Enseignement secondaire technique et de la formation professionnelle (Mestfp) au sujet du renouvellement de la Commission administrative paritaire (Cap). L’option du consensus pour la désignation des nouveaux membres de la commission n’a pas prospéré. Malgré ses diligences (infructueuses), le ministre Salimane Karimou est accusé par un responsable syndical de s’immiscer dans la désignation des représentants des travailleurs.
Par R. FALADE
Les pourparlers ont commencé depuis le dernier trimestre de l’année 2022, pour le renouvellement des membres de la Commission administrative paritaire (Cap). Ainsi, le 20 octobre 2022, la Commission lors d’une session extraordinaire, a recommandé déjà la désignation par consensus des représentants des travailleurs, comme ce fut le cas pour le mandat finissant.
Le 2 novembre 2022, le ministre Salimane Karimou a tenu une séance sur la question avec les membres titulaires représentants du personnel qui ont recommandé une autre séance avec les secrétaires généraux des trois confédérations syndicales en présence du représentant du ministère du Travail et de la fonction publique. Chose effective dès le 8 novembre 2022 où les secrétaires généraux de la Confédération des organisations syndicales et indépendante du Bénin (Cosi-Bénin) et la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cst) ont répondu à l’invitation du ministre.
Les mêmes diligences ont conduit à la transmission au ministre des Enseignements maternel et primaire le 1er décembre 2022, d’un compte-rendu de séance de sept des huit centrales syndicales ayant participé aux dernières élections professionnelles, avec les noms des travailleurs désignés pour siéger à la Cap conformément au principe de consensus retenu.
Mais contre toute attente, le ministre des Enseignements maternel et primaire a encore enregistré les 2 et 3 décembre 2022 puis le 13 janvier 2023 des lettres de contestation de la Centrale des syndicats unis du Bénin (Csub), de la coordination des organisations syndicales du Memp et de la Centrale Syndicale des travailleurs debout (Cstd).
Le 17 janvier 2023, le ministre Salimane Karimou a adressé une correspondance aux trois confédérations syndicales représentatives pour leur notifier la position de l’administration pour la reconduction des anciens membres de la Cap, face à l’impasse. Les secrétaires généraux s’y sont opposés et l’ont fait savoir à l’audience à eux accordée par le ministre le 19 janvier 2023.
Le mardi 15 février 2023, Salimane Karimou a convoqué les cadres de son ministère, ceux des Enseignements secondaires techniques et de la formation professionnelle (Mestfp), du Mtfp et du Mestfp afin de se pencher une fois encore sur la question du renouvellement des membres de la Cap. Cette séance dirigée par le secrétaire général du ministère du Travail et de la Fonction publique a débouché sur deux propositions visant l’organisation des élections sectorielles au plus tard en 2024 et le renouvellement des membres sortants.
Cette option offre la possibilité aux syndicats représentatifs de remplacer en cours de mandat, les représentants des travailleurs qui ne sont plus qualifiés conformément à l’article 19 du décret 2019-457 du 16 octobre 2019 relatifs entre autres, à la composition et au mode de fonctionnement des Cap.
Toujours dans sa quête de solution consensuelle, une rencontre tenue le mardi 29 février 2023 avec les parties prenantes a permis de constater l’importance d’associer les membres des fédérations affiliés aux centrales syndicales qui procéderont à la désignation des 16 (seize) représentants des travailleurs au sein de la Commission administrative paritaire.
En application de cette proposition d’un secrétaire général confédéral lors de la précédente concertation, s’est tenue la réunion des responsables des huit fédérations accompagnés chacun de cinq membres en présence de l’administration. Malheureusement, les intérêts égoïstes ont pris le dessus, au détriment de l’urgence de se pencher sur les dossiers combien urgents des enseignants pour lesquels ces responsables syndicaux se sont engagés.
La Cstb crie au Scandale…
Ce qui se passe pour la désignation des membres de la Commission administrative paritaire (Cap) est un « scandale », a déclaré le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs Bénin (Cstb) Kassa Nangnini Mampo, dans un entretien accordé à la Web radio Crystal news.
Il soutient que « le ministre des Enseignements maternel et primaire veut placer ses hommes ». Deux listes avaient été proposées par les confédérations syndicales, explique-t-il. « Une liste par le groupe des 5 confédérations et une autre liste par le groupe de trois confédérations. Mais finalement, qu’est-ce qui s’est passé ? C’est que les gens ont décidé de départager les deux listes en votant. Les minorités refusent de voter. Le ministre qui avait dit de voter suit les minoritaires qui sont en fait ses protégés et il dit que c’est lui qui ira choisir, c’est lui qui ira voir », dénonce le secrétaire général de la Cstb.
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Pourquoi les ministres rejettent-t-ils donc la proposition des syndicalistes ? A en croire Kassa Mampo, « c’est parce qu’ils veulent choisir les gens acquis à leurs causes ». Ainsi, « ils auront d’un côté, huit représentants de l’administration, de l’autre côté huit représentants officiels des travailleurs mais qui sont en réalité représentants de l’administration », interprète-t-il. « Le ministre n’a pas à s’immiscer dans la désignation des représentants des travailleurs. C’est inadmissible ! c’est à dénoncer partout », martèle le Sg Kassa Mampo qui invite ses camarades à rester débout.
Sur ce dossier, les deux parties et surtout les organisations syndicales s’en remettent à l’Exécutif pour arrêter la saignée qui risque de virer à l’impasse.