Carine Fifonsi Danhouan et Miguel Houeto sont des activistes des droits des femmes. Les un an 7 mois d’existence de l’ Institut national de la femme (Inf) sous la présidente Claudine Prudencio a peu comblé leurs attentes. Néanmoins, elles comprennent que l’Institut a dû prendre le temps de se mettre véritablement en place. Désormais, avec la nouvelle présidente Me Huguette Bokpè Gnacadja qui connaît la maison, Carine Fifonsi Danhouan et Miguel Houeto avouent être demandeurs en termes de réalisations. Voici les priorités qu’elles présentent à la nouvelle équipe.
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Carine Fifonsi Danhouan : « Qu’ils se penchent sur la question de résidence provisoire pour les victimes d’abus et de violence »
Bénin Intelligent : L’Inf en bientôt 2 ans d’existence, son fonctionnement avec Claudine Prudencio vous a-t-il convaincu ?
Carine Danhouan, activiste : À la création de l’Inf, nous étions toutes sceptiques. Malheureusement, c’est toujours le cas pour la population. Mais pour avoir eu la chance de discuter avec des personnes à l’interne, je pense que l’institut essaie de faire de son mieux même s’il doit faire plus que son mieux. Je ne m’attarderai pas sur la gestion de la présidente sortante dont les sorties personnelles n’ont fait que nous donner raison. Mais une institution, c’est un ensemble de personnes alors je préfère le voir comme ça. Je dirai donc que l’Inf était à une étape de mise en place.
Quelles sont vos attentes par rapport à la nouvelle équipe de Me Huguette ?
La nouvelle présidente entrant a su faire ses preuves en tant que ex-secrétaire exécutive. C’est d’ailleurs elle qui a su changer notre regard craintif sur l’Institut national de la femme .
Je voudrais qu’elle puisse continuer et surtout qu’elle puisse changer aussi le regard des femmes et filles Béninoises sur l’Inf. Elle et son équipe, surtout la nouvelle secrétaire doivent continuer à se rapprocher du milieu militant pour coordonner les efforts. Capitaliser ce qui se faisait avant ne pourrait être que bien pour l’Inf et pour les filles et femmes béninoises.
Nous voudrions aussi plus d’impact car deux ans vont bientôt passer et l’Institut national de la femme ne pourrait plus avoir pour excuse la mise en place.
Nous voudrions surtout si c’est dans leurs cordes qu’ils se penchent sur la question de résidence provisoire pour les victimes d’abus et de violence.
«À la création de l’Inf, nous étions toutes sceptiques. Malheureusement, c’est toujours le cas pour la population. Mais pour avoir eu la chance de discuter avec des personnes à l’interne, je pense que l’institut essaie de faire de son mieux même s’il doit faire plus que son mieux.»
Qu’ils développent des programmes qui pourraient aider à la déconstruction des normes qui nous condamnent aujourd’hui à devoir réclamer, sévir pour obtenir un traitement d’humain en tant que fille et femme.
Nous voudrions aussi que l’Institut national de la femme travaille à être plus proche de la population pour que l’on n’ait plus sur l’Institut, un regard d’institution pour riche. Les Béninoises ont le droit de savoir et sentir que l’Institut national de la femme travaille pour elles.
Nous lui souhaitons du courage et bon travail. Nous comptons sur l’équipe et bonne chance à elle.
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Miguel Houèto : « Nous sommes plus demandeurs que jamais en termes de réalisations »
Bénin Intelligent : L’Institut national de la femme en bientôt 2 ans d’existence, son fonctionnement avec Claudine Prudencio vous a-t-il convaincu ?
Miguel Houèto, juriste, activiste des droits des femmes : Pour nous qui regardions l’Inf du dehors, il est difficile d’apprécier le fonctionnement durant ces presque deux années. Cela dit, on peut constater que l’Institut a eu le temps d’être gravé dans la mémoire collective. Ceci est dû à son avènement, au contexte dans lequel il est apparu, à la ferveur sinon à l’enthousiasme que cela a créé, a pu susciter dans l’opinion nationale un lien justement avec les nombreuses attentes qui sont les nôtres.
En presque deux ans, pour nous l’Institut national de la femme existe. C’est un acquis. L’institut a déjà pris à bras le corps certains cas en lien avec justement la thématique des Violences basées sur le genre et bien d’autres questions de violation de droits des femmes et des filles. Après, nous sommes plus demandeurs que jamais en termes de réalisations, en termes d’action de la part de cet Institut. Parce qu’en presque deux ans, nous avons le sentiment que le mécanisme est toujours en train de se mettre en place et certains cas qui, par personne interposée, ont été soumis à l’Institut national de la femme (Inf) dans leur gestion, dans l’assistance qui doit être apportée aux victimes, des défis se sont révélés sur le parcours.
C’est en cela que nous sommes plus que jamais demandeurs et si nous avons des attentes vis-à-vis de la nouvelle équipe qui s’installe, c’est déjà en partant du fait que Me Huguette Bokpè Gnancadja connaît la maison. On peut le dire. On a cette présomption de se dire qu’elle connaît déjà la maison Inf puisqu’elle en a assuré le secrétariat exécutif pendant presque deux ans.
À partir de ce moment, nous sommes fondés à dire que les attentes sont plus grandes et nous espérons que nous n’aurons pas à attendre longtemps, vraiment longtemps pour voir véritablement sur le terrain de façon concrète les actions de l’Institut. Ce sera bénéfique, ou si vous voulez ce sera pour le bonheur de ces filles et de ces femmes qui à travers le Bénin ne cessent de subir ou de faire face à des situations qui portent atteinte à leurs droits sans malheureusement avoir la capacité ou le pouvoir de lever la voix ou de se faire entendre.
«Après, nous sommes plus demandeurs que jamais en termes de réalisations, en termes d’action de la part de cet Institut. Parce qu’en presque deux ans, nous avons le sentiment que le mécanisme est toujours en train de se mettre en place »
Et puisque la nouvelle secrétaire exécutive aura à travailler avec une présidente qui a elle-même assuré le secrétariat exécutif, on peut supposer que ce sera un tandem quand-même positif.
Quelles sont vos attentes par rapport à la nouvelle équipe de Me Huguette ?
Nous on ne peut que souhaiter à cette nouvelle équipe, bon vent et véritablement leur dire que les filles et les femmes du Bénin ont les yeux rivés justement sur elles et espèrent véritablement que les choses vont à présent bouger.
Nous espérons par ailleurs que l’Institut national de la femme fera de la prévention des violations des droits des femmes et des filles, notamment sur les questions des Vbg, son cheval de bataille. N’attendons pas que les cas se multiplient pour agir. Et l’institut en tant que structure de l’État, institution de l’État, a, nous pensons, les moyens tant humain, financier, matériel de sa politique. À partir de ce moment, nous espérons vivement que l’Institut fera aussi de la prévention son cheval de bataille.
Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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