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Riss Cool

Riss Cool : 10 ans, comme si…

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Des artistes remarquables sont morts avant lui et même après lui. Mais la différence, ils ne sont plus aussi présents dans le quotidien des Béninois comme Riss Cool. Il semble que depuis sa tombe, ce natif d’Adjahito (Abomey) fait chaque jour un lancement d’album dans les bars, restaurants, maisons, …dans les cœurs de ses fans.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Mercredi 20 mars 2013. La nouvelle de la mort de l’artiste s’était répandue progressivement. On ne croit pas d’abord aux rumeurs qui ont fini par être confirmées.

Né le jeudi 23 octobre 1980, Riss Cool ma figure du genre musical “Tchink système” venait ainsi d’être vaincu par des ennuis de santé à 32 ans 4 mois 28 jours. Une foule opaque s’était précipitée au cimetière municipal d’Abomey pour vivre de visu son inhumation. Pleures, lamentations… la tristesse, ce jour-là, a déformé tous les visages et mordu les cœurs.

L’artiste des réalités existentielles

Il voulait panser le monde, bouter dehors les maux. Hélas ! il n’avait pas le mot. Pire, sa carrière a fait long feu, tout comme sa vie hérissée de vicissitudes.

En six ans, Riss Cool a sorti six albums ; un album contient au moins huit voire dix morceaux. Qu’est-ce qui fait autant l’originalité de cet artiste ? Sans doute deux choses, à savoir le contenant et le contenu de sa musique pathétique.

Le contenant renvoie à la voix de stentor dont le ciel l’a dotée ; une voix qui perce, qui émeut les cœurs et qui fait frissonner. Une voix critiquée d’être trop empreinte de tristesse.

«Il véhicule des messages, et surtout des conseils. Mais je suis contre quelques-unes de ses chansons. Je suis quelqu’un qui aime vivre dans la joie, mais certaines de ses chansons rendent tristes», Dah Kpeyi.

Le contenu que véhicule Riss Cool à travers ses chansons est puisé à 90% des vicissitudes qu’il a vécues personnellement. Il a perdu son père déjà en 2001 et sa mère, plus tard en 2010. Il a dû affronter cette solitude ajoutée au manque de moyens de subsistance.

Sur l’émission Hanlissa de Canal 3 Bénin animée par Aubin Akpohounkè, Riss Cool a avoué avoir travaillé dans un bar pour se faire en vain de l’argent et passé des nuits en plein air à Cotonou.

«A l’issue du décompte, le nombre de bouteilles en manque dont je devais rembourser le prix, était supérieur à ce que mon employeur me devait».

Il n’y a pas d’hyperbole à dire que Riss Cool “Le fils du roi” chante la tristesse et la souffrance essentiellement. Seulement pour consoler, pour éduquer ; pour égayer aussi.

Les rares clips où il a été vu en compagnie de femme à moitié nue, pour honorer Cupidon…n’ont pas fait ”bander” le spectateur comme le réussissent Vano Baby, GG Lapino… Tant la sonorité était pathétique, mélancolique.

Mais Riss Cool a surtout réussi un coup auquel parviennent peu d’artistes chanteurs : avoir inscrit ses compositions dans le temps, avec des thématiques intemporelles, impérissables déclinées avec élégance et philosophie. Loin des créations commerciales qui meurent trop vite, après un mois de bruit creux, décrypte Mahoussi Capo-Chichi, journaliste.

«Sa musique abordait des sujets de société ce qui lui a permis de vite se faire adopter par le peuple locuteur de la langue fon. Il touchait avec des mots et une mélodie indescriptible les maux dont souffrent plusieurs personnes. Pour faire court, il chantait le quotidien des béninois. Ses chansons étaient et restent carrément des hymnes pour ses fans. 10 ans viennent de passer mais Riss Cool reste présent et très écouté. C’est juste incroyable à quel point son génie est immortel… Les messages qu’il passait sont touchants et depuis son départ aucun artiste n’a encore réussi à combler le vide. Son art était unique et inimitable.»

Dix ans après sa mort, c’est ce dont des fans témoignent. Comme quoi, tant la souffrance et la joie seront une réalité humaine, Riss Cool ne sera jamais oublié.

 

Impressions de citoyens sur la musique de Riss Cool

  • Mahoussi Capo-Chichi, journaliste : «Il a une influence à la Mickael Jackson sur ses fans»

Sa musique abordait des sujets de société ce qui lui a permis de vite se faire adopter par le peuple locuteur de la langue fon. Il touchait avec des mots et une mélodie indescriptible les maux dont souffrent plusieurs personnes. Pour faire court, il chantait le quotidien des béninois.

Ses chansons étaient et restent carrément des hymnes pour ses fans. 10 ans viennent de passer mais Riss Cool reste présent et très écouté. C’est juste incroyable à quel point son génie est immortel.

Je crois qu’il a des adeptes qui ne le laisseront point mourir. C’est l’un des rares artistes béninois qui a su maintenir fidèles ses fans 10 ans après son départ. Il a une influence à la Mickael Jackson sur ses fans. Je pèse bien mes mots. Les maçons, les menuisiers, les commerçants, les débrouillards, les Zémidjan, les chauffeurs et autres qui l’ont connu continuent encore à placer ses morceaux en tête de leurs playlists. Les messages qu’il passait sont touchants et depuis son départ aucun artiste n’a encore réussi à combler le vide. Son art était unique et inimitable.

  • Gildas Abadagan : « Riss Cool me donne du courage »

« Riss Cool fait partie des grands artistes. Dans ses chansons nous retenons forcément quelque chose de vécu. Il nous parle du présent et nous projette dans le futur. Il éduque. C’est un artiste que j’admire beaucoup en raison de la morale, des conseils, des consolations qu’il donne. Riss Cool me donne du courage, il me donne des raisons d’être optimiste malgré tout ce que je vis ici-bas. Il est simplement un prophète non-compris et rejeté pendant sa mission sur cette terre. Mais après sa mort nous sommes convaincus des vérités qu’il véhiculait à travers ses albums.

Riss Cool a dit toutes les vérités dans ses chansons. Dommage que sa vie soit brève. J’aime jouer ses chansons non pas par plaisir, mais surtout quand je suis angoissé, quand je me sens seul, quand je suis désespéré…et j’en passe ».

  • Calice Evolution Legbanon (artiste) : « Riss cool est notre Bob Marley »

Riss Cool est une icône à ne pas oublier. Il a géré son temps comme s’il était conscient d’avoir une courte existence. Il a su dévoiler beaucoup de choses au peuple béninois. Il a franchement passé une vie remplie d’obstacles et de misère qui se répercute dans sa musique. Il a su puiser de tout ça des messages d’espoir, de joie pour les Béninois. Oui, il est parti il y a cinq ans. Certains l’appellent prophète, d’autres l’appellent philosophe. Pour moi, il est simplement une perle rare. Il nous a laissé un riche héritage musical, à savoir le ‘’Tchink danse’’ et son style original de chanter. Plusieurs l’imitent aujourd’hui non pas par volonté. Lui-même l’avait souhaité. Aujourd’hui Riss cool est notre Bob Marley, car ses paroles sont immortelles dans le cœur des politiciens, des citoyens et de tout le monde en général. Vive le fils du roi, chantre de la paix, de l’amour, de la vie…»

  • Honoré Ogan : «Il disait des vérités, décrivait les réalités»

« J’aime ses œuvres. Je déplore qu’il n’ait pas duré ; sa mort fut tragique. À l’écouter chanter, il disait des vérités, décrivait les réalités. C’était très sage de sa part. »

  • Ghislain Kessiwèdé : « Dans ses clips, il y a le respect des mœurs »

Riss ne chante pas pour chanter. Il n’est pas égoïste. Quand tu as une préoccupation concernant ses chansons (mal compréhension) c’est avec humilité qu’il te répond. Il n’est pas dépravé comme les artistes que nous voyons. Dans ses clips, il y a le respect des mœurs. Son habillement et sa coiffure répondent aux normes. J’aime écouter ses chansons parce qu’elles ne sont rien d’autre que des conseils, des mots qui consolent. Dans les moments les plus difficiles ses chansons donnent de l’espoir. Et surtout il est le seul à rénover le Tchink de Stan Tohon et l’a modelé. Ce talent, on ne peut plus en trouver exactement après sa mort. Nous l’aimons particulièrement à Bohicon parce qu’il a commencé ici et n’a point quitté. Contrairement à lui, beaucoup d’artistes après leur premier Vcd se délocalisent à Cotonou».

  • Charly Djikou (artiste plasticien) : « Riss est un grand homme »

Je connais Riss Cool et j’aime sa philosophie. Peu de temps sur cette terre, mais beaucoup d’expériences. C’est un grand homme.

  • Edmond Agbassè (Bokↄnon) : « Certaines de ses chansons rendent tristes »

Il véhicule des messages, et surtout des conseils. Mais je suis contre quelques-unes de ses chansons. Je suis quelqu’un qui aime vivre dans la joie, mais certaines de ses chansons rendent tristes. C’est tout comme s’il savait qu’il fera un court séjour sur la terre ».

 

SI J’AI LE MOT

Si j’ai le mot
Si j’étais heureux, mon apparence vous l’aurait déjà montré ;
C’est le mal de l’indigence. (Bis)
Prendre bokun* au dîner n’est pas une volonté ;
C’est la pauvreté qui en est la cause ;
Se vêtir de haillons n’est pas une volonté ;
C’est à cause de la pauvreté ;
Marcher pieds nus n’est pas un luxe ;
C’est à cause de la pauvreté
Se vêtir de haillons n’est pas une volonté ;
C’est à cause de la pauvreté ;
Dormir à jeun n’est pas un plaisir que l’on se donne ;
C’est la preuve qu’on est indigent

Si je pouvais tout changer ;
Riss allait effacer la pauvreté de ce monde ;
Si je pouvais tout changer ;
Je ferai tout pour que la pauvreté ne soit pas de ce monde ;
Que les larmes se sèchent sur tous les visages !
D’un jour à l’autre,
Que champs et maisons baignent dans le bonheur !
D’un jour à l’autre,
Que les acheteurs (yixↄ) trouvent à acheter !
D’un jour à l’autre,
Et que les vendeurs (yisa) arrivent à vendre !
D’un jour à l’autre,
Que les épreuves s’évadent des visages !
D’un jour à l’autre,
Que les pleures cessent pour tout le monde !
D’un jour à l’autre.

Nos désirs sont différents,
Mais personne n’acclame la misère ;
Je sais, j’ai pas le choix !
Je prie Dieu que le monde soit paisible (4 fois).

Car prendre bokun au dîner n’est pas une volonté,
C’est le mal de pauvreté la cause ;
Porter un pantalon déchiré n’est pas une volonté,
C’est à cause de la pauvreté ;
Prendre bokun au dîner n’est pas une volonté,
C’est une caractéristique de la pauvreté ;
Porter une chemise en lambeaux n’est pas une volonté,
C’est à cause de l’indigence ;
Dormir à jeun n’est pas un plaisir que l’on se donne,
C’est la preuve de l’indigence ;
Marcher pieds nus n’est pas un luxe
C’est à cause de la pauvreté.

Si moi j’ai le mot !
Si toi aussi tu as le mot !
Ensemble on peut changer quelque chose. »

(Extrait du 5e album intitulé ‘’Si j’ai le mot’’ de Riss Cool/ Traduit du Fongbé par B. AGBON et Fidèle DEDEGNONHOU)

*bokun : (en langue Fon) graine de maïs cuites passée au sel et servant d’aliment.

 

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