Alkaïrou Madougou : « Pour sortir de la précarité, les jeunes doivent investir beaucoup plus dans l’agroalimentaire »

L’entrepreneuriat, en particulier dans le secteur agroalimentaire constitue une solution au chômage et à la pauvreté dont sont victimes la plupart des jeunes (diplômés) aujourd’hui. Tel est l’avis que défend Alkaïrou Madougou, Pdg de Africa poulet goliath. Mais pour être un entrepreneur à succès, disposer d’aptitudes s’avère indispensable. Il dévoile les prérequis et compétences particulières nécessaires pour être un bon entrepreneur.

 Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN

Bénin Intelligent : Comment définissez-vous l’entrepreneuriat ?

Alkaïrou Madougou : En de termes simple, l’entrepreneuriat désigne le fait de démarrer une activité dont on est soit même l’initiateur. Autrement dit, entreprendre désigne le fait de créer, de développer et de transformer des richesses au profit d’un potentiel marché. Dans le domaine des affaires, on utilise ce terme (entrepreneuriat, ndlr)  pour désigner la création d’une activité économique qui a pour but de répondre à un besoin ou à un objectif spécifique.

Quel est l’état du sous-secteur de l’entrepreneuriat au Bénin ?

Il est de constat chez plusieurs jeunes qu’après l’obtention de leur diplôme, ceux-ci deviennent des chômeurs. En raison du manque d’emplois auquel tous les pays du monde font face. De ce fait, il faut retenir que le secteur de l’entrepreneuriat au Bénin est à révolutionner. Puisque, lorsqu’on jette un coup d’œil au nombre de candidats aux différents concours de l’État, on se rend compte qu’au XXIe siècle, certains comptent toujours sur l’État pour leur venir au secours.

L’exemple palpable le plus récent est celui concernant le concours de recrutement à la douane de 2022. L’État avait besoin de 150 agents, mais 9749 candidats se sont fait enrouler pour participer à ce concours. Cet état de chose démontre à suffisance le fait qu’il nous reste encore du chemin à faire pour inciter jeunes et vieux à la création et à la transformation de nos richesses. Pour faire simple, je dirai que l’entrepreneuriat au Bénin n’occupe pas encore une place de choix.

L’entrepreneuriat serait-il l’ultime solution favorable pour répondre au taux grandissant du chômage au sein de la population active ?

Dans un pays tel le nôtre, où le taux de chômage est grandissant et le sous-emploi très élevé, l’entrepreneuriat est sans doute la seule issue  pour sortir de la pauvreté. Et par ricochet, contribuer à la croissance économique de notre pays. Les pays les plus développés sont sans doute des pays où il y a assez d’entreprises. Simplement parce que, qui dit création d’entreprises, dit création de richesse et accroissement du Produit intérieur brut.

 

«Si vous décidez de lancer votre propre affaire, la probabilité que les débuts soient difficiles et qu’il y ait peu de bénéfices est grande. Vous devez être prêt(e) à prendre ce risque pour tenter cette nouvelle aventure et donc à quitter votre zone de confort.»

 

La création des entreprises contribue, en un premier temps, à résorber le chômage. Dans un second temps, elle participe à la création de richesse car plus il y a d’entreprises plus ces dernières contribueront à l’accroissement des ressources financières au niveau du Produit national brut.

Devenir entrepreneur nécessite-t-il des prérequis ou des compétences particulières ?

Bien sûr ! Il y a des prérequis et des compétences particulières pour être un entrepreneur. Il faut entre autres le leadership, avoir des compétences en étude de marché, en planning stratégique, en communication, en marketing et négociation et en comptabilité.

Qu’est-ce qu’un bon entrepreneur?

On ne naît pas entrepreneur(e). Nous sommes tous autant que nous sommes des potentiels candidats à cette aventure entrepreneuriale. Néanmoins, la personnalité d’un(e) entrepreneur(e) est souvent considérée comme un élément clé pour expliquer sa réussite ou son échec.

Ainsi, avant d’effectuer le grand saut, il est intéressant de réfléchir sur ses motivations et se questionner sur ses aptitudes. Celles qui vont te permettre de réussir. En effet, créer/reprendre et gérer une entreprise requiert des compétences multiples et complémentaires, il vaut donc mieux bien se connaître.

Quelle est la personnalité de l’entrepreneur(e) à succès ?

Parcourons ensemble quelques-uns des traits de personnalité caractéristiques des entrepreneur(es) et chefs d’entreprises :

• Avoir une vision, un but…

Un(e) bon (ne) entrepreneur(e) est celui/celle qui se fixe des objectifs sans cesse. Mais un(e) bon(ne) entrepreneur(e) est surtout celui /celle qui a su se poser les questions essentielles : quelle vision ai-je pour mon entreprise ? Pourquoi est-ce que je veux devenir entrepreneur.e ? Si vous avez réussi à poser votre vision, vous serez en mesure de garder le cap tout au long de votre démarche entrepreneuriale.

• Être déterminé(e), persévérant(e) mais aussi patient(e)…

La détermination et la persévérance sont souvent également citées comme des facteurs de réussite de projets entrepreneuriaux ! Ainsi, si vous avez tendance à avoir peur de l’échec et à rapidement baisser les bras, l’entrepreneuriat n’est peut-être pas fait pour vous. De fait, dans la réalité, l’échec est fréquent, mais l’essentiel est d’en tirer les leçons qui vous feront progresser.

• Agir et savoir décider…

L’entrepreneur(e) est résolument tourné(e) vers l’action. Un(e) bon(ne) entrepreneur(e) n’est pas de nature à attendre que les choses se réalisent d’elles-mêmes. Si pour vous, il faut agir pour réussir, alors vous êtes déjà sur la bonne voie ! Dès lors, si vous avez la fibre entrepreneuriale, vous serez capable d’assumer vos responsabilités en prenant des décisions, petites ou stratégiques, au quotidien. Même si parfois il vous faudra décider rapidement dans le doute ou l’incertitude.

• Imaginer, être créatif/ve et flexible…

Un(e)entrepreneur(e) est avant tout un(e) inventeur/trice, il ou elle repousse les frontières, il/elle ne s’impose pas de limites. Il/elle arrivera à faire vivre son idée initiale mais également à la faire évoluer si besoin grâce à sa créativité.

• Ne pas avoir peur des défis et ne pas hésiter à prendre certains risques…

Si vous décidez de lancer votre propre affaire, la probabilité que les débuts soient difficiles et qu’il y ait peu de bénéfices est grande. Vous devez être prêt(e) à prendre ce risque pour tenter cette nouvelle aventure et donc à quitter votre zone de confort. Un(e) bon(ne) entrepreneur.e n’a pas peur de prendre des risques certes, mais il/elle le fait en ayant préalablement identifié les menaces de son environnement et détecter les opportunités à saisir.

• Avoir soif d’apprendre et être curieux/se…

L’entrepreneur(e) a un besoin viscéral et insatiable d’en savoir toujours plus (pour lui/elle mais aussi pour ses employés). Il/elle sera naturellement aussi très curieux/se et à l’affût (qui sait, sa prochaine idée se trouvera peut-être dans un magazine qu’il/elle lira dans une salle d’attente !). La curiosité de l’entrepreneur.e lui permettra aussi de se remettre en cause. Alors, posez-vous cette question : suis-je prêt.e à passer outre la peur de l’inconnu ? Le cas échéant, vous serez en mesure d’aller voir ailleurs s’il n’y aurait pas une idée fructueuse à glaner.

• Être passionné(e)…

Créer son entreprise est une tâche complexe à effectuer, le parcours d’entrepreneur(e) est semé d’embûches. Être passionné(e) est un moteur de motivation puissant : par passion, vous serez poussé(e) à faire du bon travail, en vous amusant, et à ne pas facilement abandonner.

• Être capable de travailler en équipe et savoir déléguer…

Pendant votre aventure, vous devrez aller chercher chez des associés, partenaires, employés, prestataires de service, les compétences que vous ne possédez pas, ou vous devrez simplement déléguer car vous voudrez vous concentrer sur les tâches importantes. Pour accomplir cela, vous devrez être en mesure de partager votre vision, de communiquer efficacement afin de convaincre, d’encadrer, de contrôler, de motiver, etc. Vous devrez aussi pouvoir jongler d’une tâche/dossier/rendez-vous à l’autre.

De quoi dépend la réussite en entrepreneuriat ?

La réussite d’un entrepreneur dépend de son unicité à se démarquer de la concurrence. Il doit toujours faire preuve d’innovation et de créativité. Si vous êtes bien outillé et que vous croyez en votre projet, rien ne pourra vous arrêter.

Dans quel sous-secteur les jeunes doivent le plus s’intéresser selon-vous  ?

Pour sortir de la précarité, les jeunes doivent investir beaucoup plus dans l’agroalimentaire, de préférence dans les volailles car l’aviculture est un secteur en plein essor qui nourrit bien son homme.

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