La lutte contre la cybercriminalité a été au cœur d’une émission spéciale vendredi 21 avril sur la chaine de télévision nationale. Selon le point fait par le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du Bénin terrorisme (Criet) Mario Mètonou, 1188 détenus sont dans les prisons pour des faits de cybercriminalité au Bénin.
Par Raymond FALADE
Au nombre des 1188 détenus, figurent ceux qui ont été condamnés et ceux qui sont en attente de procès. « Mais globalement, nous avons 1188 détenus dans les prisons du Bénin pour des faits de cybercriminalité », a révélé le Mario Mètonou.
Au cours de l’année judiciaire 2020-2021, 360 condamnations ont été prononcées pour des questions de cybercriminalité. L’année judiciaire 2021-2022, 451 condamnations et à la date d’aujourd’hui, 263 personnes sont déjà condamnées pour le compte de l’année judiciaire en cours.
A croire le procureur spécial de la Criet, la justice n’a pas baissé la pression et « nous faisons ce qu’il faut pour que la cybercriminalité ne soit plus un modèle économique qu’on brandit à la jeunesse pour lui faire croire qu’il y a moyen de se développer, de s’enrichir, de vivre de cette cybercriminalité.»
« Il y a des dégâts sur la santé. Il y a plusieurs qui ont fait des Avc. Des gens qui ont perdu leur emploi. Des gens qui ont été ruinés à cause de ce fléau »
Le chômage brandit comme l’une des causes de la cybercriminalité n’en est apparemment pour rien dans certains cas. Des confessions de Donatien Sokou, commissaire de l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc), des enseignants ont été également épinglés pour des faits de cybercriminalité. « J’ai eu déjà à déférer 5 enseignants du primaire et 1 directeur d’école de Cotonou pour des faits de cybercriminalité. Ce n’est donc pas pour manque d’emplois que des gens empruntent ce mauvais chemin », a-t-il fait observer. Et de promettre que « La traque va se poursuivre ».
Les dégâts causés par ces personnes ne sont pas seulement financiers. « Il y a des dégâts sur la santé. Il y a plusieurs qui ont fait des Avc. Des gens qui ont perdu leur emploi. Des gens qui ont été ruinés à cause de ce fléau », a égrené Wanilo Fagla, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) lors de l’émission.
Notre crédibilité est en jeu
L’opération de lutte contre la cybercriminalité réjouie le gouvernement. Son le Porte-parole appelle les personnes qui ne sont pas encore victimes à prendre garde pour ne pas tomber dans le piège. « Il n’y a pas à compatir pour ces cybercriminels », a lancé Wilfried Léandre Houngbedji. Pour lui, « si on ne fait rien, c’est l’image de notre pays qui est en jeu. Notre réputation est en jeu. Notre crédibilité est en jeu. C’est un crime autant qu’un autre », a-t-il insisté. Il balaie du revers de la main l’argument selon lequel c’est le chômage qui pousse les jeunes vers cette activité. « Le gouvernement prend beaucoup d’initiatives. Des emplois sont créés… », a rectifié Wilfried Léandre Houngbedji.
En 2022, 2.188 plaintes et un préjudice 663.544.225 Fcfa ont été enregistrés et de janvier 2023 à ce jour, un préjudice de 495.456.027 Fcfa dénombré.
Les parents des cybercriminels ne devraient pas être épargnés dans cette lutte, propose à son tour Martin Assogba, acteur de la société civile. « Lorsqu’on met la main sur une espèce de gayman, il faut aller chercher aussi ses parents pour leur demander comment ils ont éduqué cet enfant. Il faut décourager cette pratique. Ces cybercriminels salissent notre pays et le nom de leurs familles », s’est offusqué l’acteur de la société civile.
En 2021, les structures compétentes ont reçu 2031 plaintes et un préjudice de 1.546.436.228 Fcfa enregistré. Ces chiffres ne prennent pas en compte les victimes silencieuses qui n’ont pas voulu se rendre à la police. En 2022, 2.188 plaintes et un préjudice 663.544.225 Fcfa ont été enregistrés et de janvier 2023 à ce jour, un préjudice de 495.456.027 Fcfa dénombré.