L’Association des anciens étudiants et amis de l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture (Inmaac) de l’Université d’Abomey-Calavi a organisé vendredi 28 avril, un master class sur les techniques du chant traditionnel. À l’animation, une personne qualifiée, talentueuse : Gbessi Zolawadji (Albert Bessanvi Koffi, à l’état civil), grande figure du rythme “Agbadja”.
Par Raymond FALADE
Le public fortement mobilisé pour ce master class est estudiantin. Il est composé des étudiants de l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture (Inmaac) de l’Université d’Abomey-Calavi. Invité principal, Le roi du Agbadja, Gbessi Zolawadji s’est entretenu avec son public dans une atmosphère bon enfant. Du début de sa carrière, en passant par les hauts et bas ainsi que les secrets de sa réussite, Albert Bessanvi Koffi n’a rien occulté.
D’abord, l’artiste s’est réjoui que les jeunes commencent par embrasser la musique surtout traditionnelle. Sinon, « après nous, cette musique traditionnelle, endogène va souffrir de personne. C’est mon premier message ». Gbessi soutient que les « les difficultés ne manquent dans n’importe quel travail ». Seuls « la persévérance et le travail permanent peuvent permettre d’obtenir un bon résultat ».
L’artiste a donc invité les jeunes à travailler dur pour attendre leur objectif et pour être de meilleurs artistes demain. « C’est le travail d’abord et toujours le travail. La créativité et l’écoute de cette population dont tu es issue, à qui cette musique traditionnelle appartient. Il ne faut pas les négliger », a-t-il conseillé.
La séance a été un moment d’échange mais aussi de prestations artistiques. Les étudiants ont repris quelques chansons de l’artiste. Gbessi Zolawadji a exprimé sa satisfaction de savoir que les jeunes s’intéressent à ce qu’il fait. Toutefois, il a fait quelques observations sur leurs prestations. Selon l’artiste, chaque fois que « l’on veut prester, il y a un ton pour démarrer afin de capter l’attention du public ». Aussi, chaque fin d’animation doit respecter un certain nombre de styles pour réussir les prestations. Des notions appréciées par les étudiants qui l’ont manifesté par des mots de remerciement à l’endroit de leur hôte et de leurs encadreurs.
« C’est la première fois que le Département de musique et art dramatique reçoit un artiste de son rang pour une séance de partage d’expériences de master class avec nos étudiants »
Au nom de ces apprenants, Rose Ablavi Akakpo, maitre-assistant d’études théâtrales et cheffe du Département de musique et art dramatique de l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture a salué l’initiative des anciens étudiants.
« C’est la première fois que le Département de musique et art dramatique reçoit un artiste de son rang pour une séance de partage d’expériences de master class avec nos étudiants. Cela a permis à nos étudiants de le connaitre d’abord parce qu’il y a des gens qui ne le connaissent pas, qui ne le voient qu’à la télé ; de le découvrir mais aussi de tirer beaucoup leçons de ses expériences d’artiste, d’apprendre de lui », a-t-elle salué.
L’enseignante pense qu’il y a toujours quelque chose à gagner en allant au contact de ceux qui sont déjà dans la profession, qui ont leurs expériences. « Je suis convaincue que nos étudiants ont tiré beaucoup de profit, beaucoup d’enseignements de sa présence », a-t-elle rassuré.
À l’école des aînés
Le master class organisé par les anciens étudiants et amis de l’Inmaac a pour objectif de permettre aux apprenants en formation d’échanger « avec des gens qui sont déjà une incarnation » de la musique traditionnelle. « Donc, nous nous utilisons, particulièrement moi, cette opportunité pour leur permettre d’avoir accès à ces ressources », a expliqué Bertin Dossa, alias Prince Agba du groupe ‘’Les frères Gèdèhounguè’’, directeur exécutif de l’association.
C’est dans ce cadre, a-t-il ajouté « qu’on s’est dit qu’il faut inviter des gens de renom qui ont beaucoup d’expériences afin que avec eux, il y ait échange d’expériences, de formation sur particulièrement les techniques de chant traditionnel ».
À l’issue de la rencontre, Bertin Dossa s’est dit doublement satisfait. « Je crois que c’est la première activité de notre Pta de cette année et cela a bien démarré surtout avec un artiste de cette trempe-là. Nous lui sommes très reconnaissants, nous espérons qu’avec cette allure au début, que nous sommes partis pour faire de grand-chose ».
La suite, a-t-il annoncé, « ça va être des plasticiens, des acteurs du cinéma et il y aura aussi des chorégraphes professionnels qui vont venir l’année prochaine ».
Interrogé à la fin de la causerie, le roi du Agbadja a également opiné sur la musique traditionnelle béninoise. L’artiste a regretté que plusieurs jeunes « préfèrent la simplicité, copier une musique des autres pays, des pays voisins pour ne pas travailler ».
Or pour faire de la musique traditionnelle, « il faut travailler beaucoup pour ne pas la profaner ». « Nous avons tellement de chose, de danse et de musique au Bénin. Il faut d’abord finir ça avant d’aller à la musique moderne dont on parle-là », propose Gbessi Zolawadji.
La rencontre a été l’occasion pour le directeur exécutif de l’Association des anciens étudiants de l’Inmaac de dévoiler les prochaines activités. « Il y a une activité actuellement en préparation à l’Inmaac. C’est un projet de spectacle de fin d’année. Et nous membres de cette association, nous allons sauter sur cette occasion pour créer d’autres opportunités afin de révéler, de faire la promotion de l’institut », annonce Bertin Dossa.