Président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ccib) depuis février 2020, Arnauld Akakpo est un passionné des affaires. A 51 ans, ce père de six enfants fait partie des plus emblématiques grands patrons béninois grâce à sa réussite conquise à la force du poignet et à son sens aigu des affaires.
Doté d’un certificat d’études primaires obtenu en 1984, Arnauld Akakpo a ensuite suivi une formation poussée en chaudronnerie jusqu’en 1990, puis l’abnégation a amené ce chef d’entreprise, pour les besoins de ses activités commerciales, à devenir un parfait bilingue anglais-français. Plusieurs firmes sont érigées à l’actif de l’homme. Sa holding Akad & Ithiel, basée au Maroc, qui est une entité support dévolu à la gestion opérationnelle des différentes filiales béninoises, ivoiriennes et togolaises; l’import-export d’hydrocarbures à travers Jehovah Nissi Petroleum (Jnp), le transport et le transit pour Stbf sarl. Enfin, outre ses filiales au Bénin, à Lomé et à Abidjan, le groupe Akad International est également présent en Suisse et aux Émirats arabes unis.
De la mécanique aux produits pétroliers
Beaucoup l’ignorent mais les stations Jnp qui fleurissent à Cotonou et environ lui appartiennent. L’entrée dans le secteur de la commercialisation des produits pétroliers de ce proche de Patrice Talon s’est effectuée en 1996 avec la création des établissements J. Nissi à Parakou. Initialement destinée à la vente des matériaux de construction et divers, cette nouvelle société évolue en parallèle de son atelier de mécanique.
Profitant des difficultés de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop) à la fin des années 1990, il arrache un contrat de « Pedler » auprès de Total et devient distributeur exclusif dans le nord du Bénin. Ce sera un moment capital dans le parcours d’entrepreneur d’Arnaud Akakpo qui doit sa réussite à son goût prononcé pour la prise de risque en affaires. En effet, quelques années plutôt, le natif de Grand-Popo avait, dans son atelier, réalisé pour son propre compte, une cuve de 1000 litres afin de se positionner comme un revendeur des produits de la Sonacop à Parakou.
Arnauld Akakpo a ainsi installé des points de vente du pétrole et du gasoil partout dans le nord en 2002. Cette activité a atteint un point culminant en 2007 par l’obtention d’un agrément pour l’importation et la distribution des produits pétroliers et leurs dérivés. Face au succès, J. Nissi se structure davantage et devient JNP (Jehovah Nissi Petroleum), désormais présent sur tout le territoire national. Cette évolution lui a permis de développer le volet distribution des produits pétroliers et de leurs dérivés via son réseau de stations de type moderne.
Un manager gagnant
Arnauld Akakpo n’a pas lésiné sur les moyens face à la crise de l’essence de contrebande qui a augmenté d’un cran. Des difficultés de trésorerie des béninois dans un contexte d’inactivité de la Sonacop, il aura déployé tout le management nécessaire pour amoindrir la peine des béninois. Avec une vaste politique de couverture, du territoire national, des stations JNP, notamment dans les grandes villes, les difficultés d’approvisionnement dues à l’insuffisance des stations-services dans les grandes villes et toutes les autres contrées béninoises sont de plus en plus maîtrisées.
À ce titre, Arnauld Akakpo constitue donc un prototype de manager pas très répandu sous les tropiques et qui sait saisir les opportunités. Toute chose qui apporte de nouvelles chances au trésor public. Son savoir-faire a, comme on peut s’en convaincre, dépassé les limites de JNP. La preuve, en 2009, les activités de JNP prennent une autre envergure avec le contrat de représentation de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis (Enoc) dans plusieurs pays d’Afrique décroché brillamment de par le comportement vertueux que son promoteur a affiché durant les quelques années de coopération avec cette structure. Pour Arnaud Akakpo, entreprendre, c’est avant tout un état d’esprit. C’est le sens qu’il donne à la mise en place du Groupe Akad International. Ce groupement d’intérêt économique (GIE) regroupe ses multiples sociétés tels que la Société Jehovah Nissi Petroleum SA (JNP SA), la Société béninoise de transport et de Fret (SBTF Sarl), la Société de Consignation et de Transit Express du Bénin SA (Socoteb SA) et la Société Sbtf Tours. A travers ces quatre sociétés, le Groupe Akad International intervient dans plusieurs secteurs d’activités dont notamment l’importation, la réexportation, le stockage et la distribution de produits pétroliers et dérivés, le transport des produits pétroliers et diverses marchandises, la consignation, le transit et le fret, Le commerce général, le voyage et le tourisme.
La Cci-Bénin au rythme Arnauld Akakpo
Arrivé en février 2020 à la tête d’une Cci-Bénin totalement réformée, l’homme ne redoute pas le défi. Au contraire, il en est conscient et se montre engagé : « J’ai mis ma mandature sous le sceau du relèvement de grands défis ».
S’il a dû très vite faire face à la crise de la Covid-19, Arnaud Akakpo se donne les moyens pour ne pas accuser le coup. « Il est vrai que la Covid-19 a ralenti mon élan, mais la motivation demeure pour que de grands projets soient réalisés au grand bonheur des opérateurs économiques », assure-t-il. Son mandat, il l’a placé sous le signe de quatre grands objectifs à atteindre : travailler à réduire le taux de mortalité des entreprises créées au cours de la mandature à 10% au plus dans les trois premières années de leur création ; créer et rendre opérationnelle au Bénin une école de commerce affiliée à une ou plusieurs écoles de commerce d’envergure internationale ; réaliser pour chacune des régions économiques du Bénin, des études visant le développement d’au moins une filière économique et faciliter l’installation d’au moins deux entreprises dans la filière avant la fin de la mandature ; et faire réaliser l’audit technique des bâtiments défectueux abritant les représentations régionales de la Cci Bénin et mettre en œuvre les recommandations visant leur valorisation et leur mise en état de fonctionnalité.
Homme du terrain et de la situation, Arnauld Akakpo a mis en pole position de ses objectifs l’accompagnement de milliers de jeunes et des femmes entrepreneurs. Il n’a pas occulté son désir de faire la promotion des produits béninois. Plusieurs actions illustrent l’ambition de l’homme. Notamment : le protocole d’accord signé avec la Caisse des dépôts et consignations du Bénin. Un partenariat destiné à renforcer la coopération entre les deux institutions dans le domaine de leurs activités respectives dont notamment le financement et l’accompagnement des entreprises.
Porté par le désir d’inspirer un maximum de jeunes entrepreneurs, il est tout aussi conscient des défis à relever en la matière. Interrogé sur la capacité des Béninois à se regrouper pour créer des entreprises durables, la réponse du patron est sans équivoque. “Beaucoup de Béninois n’ont pas la culture du risque. Ils veulent tout de suite obtenir un résultat satisfaisant aussitôt leur entreprise créée”, a diagnostiqué Arnauld Akakpo. Mais il semble également tenir une solution à cette tare de l’écosystème béninois. “Nous souhaitons à travers la Ccib, former les entrepreneurs béninois à la culture entrepreneuriale en s’associant pour être plus forts. C’est dans cet esprit que nous souhaitons organiser tous les sous-secteurs qui ont plusieurs petits acteurs qui pourraient se mettre ensemble pour former un groupement d’intérêt économique afin d’avoir un rendement plus important au bénéfice de tous”, assure-t-il.
Par Bernadin ANATO
LIRE AUSSI: Chambre de commerce et d’industrie du Bénin : Les visages de la mandature 2020-2025
LIRE AUSSI: Elvire Ranti Doumatey : La non-voyante qui enseigne depuis 25 ans
LIRE AUSSI: Albert N’lédji Honlonkou : L’économiste, l’enseignant et l’expert