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Intervention militaire

Démocratie : 53% d’Africains favorables à une intervention militaire si les élus abusent de leur pouvoir

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Le soutien à la démocratie « a fortement chuté » dans plusieurs pays africains entre 2014/2015 et 2021/2022. Une « tendance inquiétante », a alerté vendredi 16 juin le réseau panafricain de sondage Afrobarometer. Corruption et mauvaise gouvernance pointées du doigt.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

En tête, le Mali, Burkina Faso, Afrique du Sud et la Guinée Conakry comme pays où la perception de la démocratie s’effrite. Même si la démocratie demeure le régime politique préféré des Africains, il se développe « une attitude adoucissante » envers le rôle de l’armée dans la politique nationale, note Gyimah-Boadi, président du conseil d’administration d’Afrobarometer.

« Alors qu’une solide majorité rejette toujours le régime militaire, le niveau d’opposition a considérablement diminué au cours de la dernière décennie. Seuls trois des 30 pays interrogés de manière cohérente entre 2014 et 2022 montrent une augmentation du rejet populaire du régime militaire, et une faible majorité (53%) sont prêtes à accepter une intervention militaire si les élus abusent de leur pouvoir. La tolérance de l’intervention militaire est plus élevée chez les jeunes (56% des 18-36 ans) que chez les plus âgés (46% des 56 ans et plus) », explique le réseau dans un communiqué parvenu à Bénin Intelligent.

Les données d’Afrobarometer montrent clairement l’insatisfaction des citoyens vis-à-vis de leurs gouvernements. Les deux pays du Sahel – le Mali et Burkina Faso- ont connu des coups d’Etat militaires plus ou moins soutenus par les populations. Des centaines de Maliens ont ainsi battu le macadam, vendredi 31 mai en signe de soutien à la transition militaire dénoncée aussi bien par la Cedeao que la communauté internationale. « Aujourd’hui, c’est l’armée notre espoir et notre unique espoir », « nous sommes Maliens, nous soutenons l’armée », ont pourtant scandé des jeunes. Dans ces pays en proie au terrorisme, les populations assoiffées de résultats, sont sévères avec les gouvernements civils jugés inefficaces et trop ‘’esclaves’’ de la France.

Le Colonel Mamadi Doumbouya a été lui aussi acclamé en 2021. Son coup d’Etat contre Alpha Condé a été accueilli un peu comme une « délivrance ». Le président déchu, à la tête du pays depuis 2010, manœuvrait en faveur d’un troisième mandat. « Les dernières années de son mandat étaient ainsi critiquées par des défenseurs des droits humains, qui déploraient une dérive autoritaire de son pouvoir », observe France 24.

Le « sentiment pro-intervention militaire est clairement majoritaire dans 22 des 36 pays étudiés, et ce point de vue est très prononcé au Mali, en Tunisie, en Guinée, en Tanzanie et en Côte d’Ivoire », souligne à juste titre Gyimah-Boadi, président du conseil d’administration d’Afrobarometer. « Compte tenu de leur supériorité numérique à travers le continent, il doit être profondément préoccupant que les jeunes africains soient plus susceptibles que leurs aînés d’accepter l’intervention militaire – si nécessaire », redoute-t-il.

Améliorer l’offre de la gouvernance

Le sentiment d’insatisfaction des populations et surtout des jeunes, alors enclins à acclamer une intervention militaire est une menace pour les démocraties africaines. « La capacité des gouvernements à assurer la démocratie et la gouvernance responsable continue d’être à la traîne des attentes de leurs citoyens, ouvrant la voie à des affrontements entre les Africains ordinaires et leurs autorités politiques nationales dans les années à venir », prévient Afrobarometer. La seule alternative, consiste à renforcer les principes démocratiques et lutter contre la corruption.

Ce n’est donc pas anodin que l’Afrique du sud figure sur la liste des pays où le soutien à la démocratie a fortement chuté. Au pays de Nelson Mandela, l’indice de perception de la corruption dans le secteur public était de 57 points en 2022 selon la Banque mondiale, sur une échelle de 0 à 100.

« La corruption coûte 55 millions de dollars par mois en moyenne à la compagnie publique d’électricité sud-africaine, Eskom, plombée par une lourde dette et incapable de produire suffisamment pour le pays plongé dans une grave crise énergétique », a avoué en avril dernier l’ancien PDG de l’entreprise cité par le journal Le Monde. Eclaboussé par des scandales de corruption, l’ex président Jacob Zuma a dû démissionner, en février 2018, sur des pressions de l’African national congress (Anc), son parti.

« Il est crucial que les gouvernements accordent la priorité aux valeurs démocratiques, renforcent les institutions et répondent aux attentes de leurs populations », insiste le président du conseil d’administration d’Afrobarometer. Comme quoi, la bonne gouvernance est le rempart de la démocratie en Afrique.

 

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