Après une fausse annonce en octobre 2022, il est « enfin » mort. « Je confirme que notre icône nationale, le grand philosophe d’Agonlin l’artiste Gbemawonmèdé de son vrai nom Dossou Pierre Aïhoun, s’est éteint ce matin au Chd de Goho. Ce n’est point une rumeur, c’est vrai. Il a rejoint les ancêtres ce matin », a déclaré Auguste Aïhunhin, le maire de Covè et proche du disparu, contacté par Barnabé Kintohou du web média Icône Tv.
Âgé de plus de 80 ans, Gbemawonmèdé s’honore de 53 ans de carrière musicale qu’il a entamée en 1970, précise le maire. « Quelqu’un qui a fait 53 ans de carrière vous êtes d’accord qu’il doit être fatigué. Donc il y a le poids de l’âge», reconnait l’autorité communale.
Ces dernières années, la santé de Gbemawonmèdé s’est fortement dégradée au point qu’il a dû subir une amputation. « Entre temps il a été malade et référé à l’hôpital de zone de Covè. Après il a recouvré sa santé et était retourné chez lui. Il y a deux mois, sa santé s’est encore dégradée et finalement l’hôpital de zone de Covè l’a référé au Chd et nous suivions de très près », témoigne-t-il.
Le rythme Lomba dont il était la voix principale, ne disparaitra pas. « La relève a été préparée. Il a fortement préparé la relève », assure le maire. L’un des fils du défunt chante sous le pseudonyme ‘’Dèdomè’’. Ce dernier a d’ailleurs remporté le 2ème prix du concours de prestation artistique à l’occasion des 20 ans d’existence de la radio Tonassé.
Philosophe
Gbemawonmèdé n’a exclu aucune thématique de ses compositions musicales. La fraternité, le partage, l’amour, la mort, le Sida, la dépravation des mœurs (notamment la bizarrerie vestimentaire chez les jeunes), la prostitution. Il aura chanté les complexités de la vie, avec pédagogie et esthétique. Les locuteurs restent toujours séduits par son maniement ingénieux de la langue ”Maxi”, les incantations et proverbes rares dont il fait élégamment usage.
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À un moment, il eut même envie de discuter le trôner de Dieu avec Dieu au cours d’une élection. Autrement, devenir le Seigneur comme il le raconte dans le morceau intitulé Aklounon. Dans ce titre, qui offre une belle satire des élections en Afrique notamment la corruption des consciences, un prêtre lui révèle la démesure de son ambition. « Si l’Homme devrait rivaliser avec Dieu, il doit consentir que celui-ci lui retire le souffle de vie, le ciel et tout ce qu’il renferme », lui décrypte le prélat. L’artiste qui réalise alors que challenger Dieu c’est courir la mort, fait amende honorable et prie pour la rémission des péchés.
« Il fut l’un de mes artistes inspirants par sa musique et sa parole atypique. Que la terre lui soit légère. Salut l’artiste », réagi à sa mort le professeur Dodji Amouzouvi.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON