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Musique béninoise

Entretien avec Jean-Discipline Adjomassokou : « La musique béninoise est dans l’amateurisme et l’improvisation »

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• Il faut que l’artiste béninois quitte son pays pour aller s’imposer ailleurs.

• La musique béninoise, elle est écoutée où ? Voilà la question qu’il faut se poser.

• Le ‘’Tchink System’’ pouvait valablement représenter le Bénin à l’extérieur

• Nous devons avoir des festivals qui vont durer

• Il faut réformer le secteur culturel, c’est très important.

• On ne voit pas les traces d’Angélique Kidjo.

 

Manque de vision des acteurs, défaut d’infrastructures adéquates, absence de centres de formation, individualisme… A l’occasion de la fête de la musique, l’invité spécial de Bénin Intelligent fait un état des lieux sans complaisance de l’industrie musicale au Bénin. Le secteur végète globalement dans l’amateurisme et l’improvisation et peine à s’imposer à l’extérieur, déplore Jean-Discipline Adjomassokou, homme de médias et chroniqueur de musique. Au passage, il reproche à Angélique Kidjo d’impacter peu la musique de son pays bien qu’elle en ait les capacités.

Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON

 

Bénin Intelligent : Quand vous regardez aujourd’hui le secteur de la musique au Bénin, personnellement avez-vous des motifs de satisfaction ?

Jean-Discipline Adjomassokou : Non. Aujourd’hui la musique a pris une autre dimension mais le Bénin n’arrive pas à s’afficher dans ce domaine. Lorsqu’on cite Agélique Kidjo, il y a encore qui aujourd’hui ? Il n’y a plus personne. Vous allez certainement me parler de Sagbohan Danialou, de Alèkpéhanhou, Anice Pépé, etc. Mais ces figures s’arrêtent au Bénin. Aujourd’hui la musique s’est internationalisée, elle est devenue mondiale. Lorsque les Américains ont choisi de faire de la musique un levier important du développement des Etats-Unis, on écoute même dans nos villages la musique américaine. Mais la musique béninoise n’arrive pas à s’exporter.

 

Pourquoi la musique béninoise est-elle à la traîne ?

Il y a d’abord le manque de formation des artistes béninois. Nous n’avons pas jusqu’à présent des écoles de formation de musique au Bénin. Il y a seulement quelques orchestres où les gens vont s’essayer. Avant il y avait des orchestres au moins dans chaque collège. Il y avait des récitals qui ont contribué à l’émergence des ‘’Sphynx’’ de Gbegamey, les orchestres du Ceg Dantokpa, du Ceg Sainte Rita, etc.

A Porto-Novo il y avait des orchestres aussi dans tous les collèges et on organisait des concours par ville et établissement. Aujourd’hui, on est dans l’amateurisme et dans l’improvisation. Beaucoup d’aînés n’ont pas fait une école de musique. Ce n’est pas parce qu’on est né dans une famille de musiciens, on a évolué dans l’amateurisme qu’on devient du coup professionnel. Pas du tout.

Angélique Kidjo chantait très bien au Bénin, mais en se retrouvant en France, elle était allée se faire former dans une école de musique. Manu Dibango chantait déjà très bien en France mais à un moment donné il est allé se faire former et il a obtenu un ‘’Grammy awards’’ en 1973 aux Etats-Unis. Et c’était rare pour un Africain. En Côte d’Ivoire, Houphouët Boigny a créé l’Institut national des Beaux-Arts à Abidjan depuis 1974. Institut dirigé par Boncana Maïga qui a formé beaucoup de musiciens ivoiriens et africains.

 

Bénin Intelligent : Pensez-vous qu’il ne manque que les centres de formation pour que la musique béninoise soit davantage présente sur le plan international ?

J-D A. : Non, il n’y a pas que cela. Il faut structurer la musique. Il faut structurer sa carrière. Chaque artiste doit savoir ce qu’il veut et là où il veut aller. Il faut avoir une équipe, il faut avoir un manager, il faut avoir un directeur artistique, il faut avoir un chargé de communication.

Vous me diriez que les artistes béninois la plupart ont des managers. Mais ces managers ne sont pas eux-mêmes formés. Il n’y a pas d’école de management d’artiste au Bénin. Il y en a ailleurs dans plusieurs pays comme la Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Guinée et même au Burkina-Faso. Ce qui fait que je demande aux managers d’artistes béninois, vous vous êtes formés où ? Ils se sont improvisés managers et ils n’arrivent même pas à placer leurs artistes dans de petits festivals à Lomé.

Il faut que l’artiste béninois quitte son pays pour aller s’imposer ailleurs. On n’a même pas de producteurs. Quand je prends aujourd’hui le Nigeria, mais attention, il n’y a pas un pays en Afrique qui peut les égaler dans la production musicale aujourd’hui. Depuis 2004, lorsque 2 Face Idibia a sorti le morceau ‘’African queen’’ qui a connu un succès mondial, les Nigérians ont pris conscience et se sont dits que la musique doit prendre une autre tournure. On doit gagner des milliards suffisamment avec la musique.

Les gens ont investi dans la musique dans ce pays. Davido a quitté Atlanta aux Etats-Unis pour aller mettre de l’argent dans la musique de son pays. J-Martins et Don Jazzy ont créé dans leur pays des maisons de production. Même chose pour D’Banj qui a quitté Londres pour aller dans son pays, le Nigéria et a dit je vais mettre de l’argent dans la musique de mon pays. Les Aladji et les Aladja aujourd’hui investissent dans l’industrie musicale, cela a porté ses fruits et la musique nigériane s’impose même aux Etats-Unis et les artistes nigérians remportent des prix : Burna Boy a remporté un ‘’Grammy Awards’’, Davido a remporté aussi plusieurs prix. La musique béninoise, elle est écoutée où ? Voilà la question qu’il faut se poser.

 

Bénin Intelligent : Le facteur de la langue, le français contrairement à l’anglais au Nigéria ne pénalise-t-il pas notre pays le Bénin ?

J-D A : Non ! La musique est un art universel, on n’a pas besoin forcément de comprendre la langue avant d’aimer la musique. Il suffit que ce soit une musique bien réalisée et mélodieuse. Il faut du professionnalisme dans la mélodie. Et donc il faut que les acteurs aillent se faire former.

Ceux qui font la musique afro-cubaine parlent espagnol, nous écoutons la musique américaine, ils parlent anglais. Nous ne comprenons pas tout ce qu’ils disent mais nous dansons sur ces musiques. Nous dansons sur du Makossa alors que nous ne comprenons pas la langue ‘’Douala’’. Également nos amis ivoiriens qui font du Coupé-décalé et du Zouglou nous dansons sur ces rythmes sans même comprendre leurs langues. Donc ce n’est pas une question de langue.

 

Bénin Intelligent : Quel rythme incarne aujourd’hui l’identité musicale du Bénin à l’extérieur ? Telle la Rumba fait penser au Congo, le Zouglou à la Côte d’Ivoire, en existe-t-il un ou faut-il le créer ?

J-D A. : Le Bénin n’a pas un rythme, on n’a pas une musique béninoise. Nous avons des musiques béninoises, mais nous n’avons pas une musique du pays. Au Cameroun, il y a jusqu’aujourd’hui plusieurs rythmes de musique. Mais lorsque le Makossa est né, tous les artistes ont convergé sur la nécessité de le propulser et d’en faire la musique du pays, la musique de tout le monde.

C’est ainsi que les Sawa se sont mis à faire du ‘’Makossa’’, les Bamilékés ont commencé à faire du Makossa et tout le monde dans les autres régions ont suivi au Cameroun. Chez nous au Bénin, cette mobilisation autour d’une musique a manqué. Il y a quelqu’un qui a fait un grand effort, mais il n’a pas été accompagné et c’est dommage. Je veux parler de Stan Tohon avec son ‘’Tchink System’’.

Le ‘’Tchinkounmè’’ est un rythme purement et typiquement béninois. Tohon n’est pas de Savalou, mais il était allé prendre ce rythme et il l’a modernisé. Toute l’Afrique l’a reconnu. Malheureusement une seule hirondelle ne fait pas le printemps. Le ‘’Tchink System’’ pouvait valablement représenter le Bénin à l’extérieur parce que d’abord le ‘’Tchink System’’ utilise des instruments atypiques : les calebasses renversées dans les seaux d’eau jouées avec des baguettes, la grosse gourde jouée avec une peau d’animal. Il y a des gongs qui accompagnent l’ensemble. Lorsque Stan Tohon allait jouer en France, aux Etats-Unis ou au Canada, à la fin du spectacle les spectateurs descendaient et venaient sur la scène pour voir les instruments. Ce ne sont pas les tambours du Mali, du Burundi. Ce n’est pas le ‘’Djimbé’’ qu’ils connaissaient tous. Mais des calebasses qui donnaient des sonorités musicales attrayantes, ils n’ont jamais connu cela.

Autre chose, Stan Tohon a eu la chance de travailler avec plusieurs musiciens d’origines diverses. ‘’Axwa machi zo’’ qui était sorti en 1981, l’arrangement a été effectué par un camerounais qui a joué la guitare basse. Il s’agit de Hilaire Penda. C’est ainsi que Stan Tohon associait aussi bien des Sénégalais, des Ivoiriens, des Camerounais, des Congolais, des Antillais pour réaliser sa musique. Si bien qu’il y avait plusieurs autres musiques qui intervenaient dans le ‘’Tchink System’’.

Quand moi j’écoute du ‘’Tchink System’’ j’écoute à l’intérieur du reggae, de la rumba, du jazz, de la musique afro-cubaine. Il a fait un mélange terrible. Il a laissé un héritage que personne ne veut exploiter. C’est regrettable et c’est une perte terrible. Retrouvons-nous autour de la musique ‘’Tchink System’’.

Il y a encore une autre musique qu’on a négligée : la musique mandingue. Les Maliens, Guinéens et les Burkinabè se sont illustrés parfaitement avec la musique mandingue que nous avons aussi chez nous dans le septentrion. Quand Kiri Kanta fait de la musique mandingue, ce n’est pas par hasard qu’elle remporte des prix au Burkina-Faso, Mali et au Niger. Mais personne ne veut s’en occuper.

 

Bénin Intelligent : En prônant l’unité autour d’une musique qui va faire notre identité à l’extérieur, pensez-vous au sort des autres rythmes qui constituent aussi des richesses culturelles de notre pays qu’il faut sauvegarder ?

J-D A.: Quand les Camerounais ont créé le Makossa, ils ont remporté plusieurs fois des prix avec. Je peux citer Manu Dibango disque d’or, Bébé Manga disque d’or, Marthe Zambo disque d’or, Moni Bilé disque d’or, Sam Fan Thomas disque d’or, Elvis Kemayo disque d’or, etc. Ces artistes camerounais se sont retrouvés et ont dit que le Makossa s’est déjà imposé. Alors ils ont eu l’ingéniosité idée de créer après le “Bikuti”, un rythme qui s’impose encore aujourd’hui.

La preuve, aujourd’hui quand on dit « Pala-Pala », les gens dansent dessus, c’est du ‘’Bikuti. Quand on dit « Dans la sauce » tout le monde danse dessus. Pourquoi nous, nous ne pouvons pas faire comme eux ? Si on va en rang dispersé on ne gagnera pas. Mobilisons-nous pour qu’on dise « çà c’est la musique béninoise ». Sur les radios béninoises, il faut que cette musique s’impose.

 

Bénin Intelligent : Toujours parlant des maux qui minent la musique béninoise. Pensez-vous que cette musique souffre d’un défaut de soutien politique ou institutionnel ? 

Je dirai que l’État a beaucoup fait pour la musique béninoise. D’abord, l’État a créé à l’époque le Fonds d’aide à la culture (Fac). Beaucoup d’artistes, musiciens, chanteurs avaient bénéficié de ce fonds. Mais ils n’en ont pas fait grand-chose. Il y a eu beaucoup de soutiens, même de la présidence, du ministère, de tout le monde d’ailleurs, des autorités, des maires. J’ai vu des hommes politiques financer entièrement des albums d’artistes.

Mais les artistes eux-mêmes, ils n’ont pas de vision. Je viens de le dire. Il faut avoir une vision et se dire que la musique, c’est un métier comme être banquier, douanier etc. Youssou N’Dour a pris la musique comme son métier. Youssou N’Dour n’a que le Bepc, mais il a appris à faire de la musique et s’est professionnalisé. Il s’est entouré des équipes, pas une seule équipe. Mais aujourd’hui, Youssou N’Dour est devenu l’une des grandes célébrités d’Afrique et dans le monde. C’est comme Angélique Kidjo et Richard Bona.

Aujourd’hui, on cite Fally Ipupa. Il a des équipes autour de lui. Mais nos artistes n’ont pas structuré leur carrière. Quand il trouve de l’argent, ils font quoi avec ? Personne ne le sait. Grâce à la musique, Youssou N’Dour a trois à quatre télévisions, une radio et un journal au moins et d’autres entreprises.

Lorsque Youssou N’Dour à la fin de chaque année souhaite organiser ce qu’il appelle « Le grand bal » en France, il déplace plus de 700 personnes sur Paris pour un seul concert. Il paie les billets à tout le monde même s’il a des partenaires. Donc, un artiste, c’est une entreprise d’abord. Un artiste debout, c’est une richesse. Et beaucoup de personnes en bénéficient que cela soit de son talent, de son travail et des retombées de ce qu’il fait.

 

Vous pensez que l’Etat béninois a déjà beaucoup fait et qu’il n’a plus rien à faire pour la musique ? 

Ce qu’il faut faire, c’est qu’il faut avoir un code de la musique, qui permet aux entreprises que nous avons ici de pouvoir financer la musique et les artistes, pour qu’on puisse mettre en place des structures culturelles et musicales. Il faut reconnaître que nous n’avons pas encore de grand studio de renommée.

Quand j’apprends que Peter Gabriel quitte Londres pour faire des enregistrements à Dakar, dans le studio de Youssou N’Dour, allez-y voir ce que ce dernier a installé à Dakar. Il y a des gens qui ont installé ce qu’on appelle home studio, qui sont de petits studios avec un ordinateur à la maison au Bénin. Et où on fabrique des sons, on règle et puis même si vous ne savez pas chanter, vous devenez un grand chanteur. On n’en a pas besoin.

 

Les acteurs de la musique béninoise intègrent-ils aujourd’hui les nouveaux défis, les nouvelles réalités générées par le numérique tels que les plateformes de streaming ? 

Les plateformes numériques constituent aujourd’hui une opportunité. Mais avant de pouvoir créer les sons, il faut se former. Puisque tout part de la formation. Mais nos artistes locaux veulent uniquement utiliser des sons préfabriqués auxquels ils ajoutent quelques sons de nos rythmes. La musique ne se définit pas ainsi. Ceux qui réalisent des clips doivent se faire former aussi. C’est ce que les nigérians font aujourd’hui.

Lorsqu’on injecte des millions dans le tournage d’un seul clip, l’artiste sait ce qu’il veut faire et l’artiste gagne. Il gagne beaucoup. Parce qu’il y a le retour sur investissement. Ce sont ces artistes que nous voyons dans les festivals de musique un peu partout en Afrique lorsqu’il s’agit de festival, en Côte d’ivoire, au Sénégal, au Nigéria n’en parlons plus.

 

En l’absence d’entreprises fortes, la situation économique permet-elle aux artistes de disposer de 100 millions de francs à investir dans un clip ?  

L’artiste ne finance pas. Il faudrait qu’on vote le code de la musique. Parce que le code permet aux entreprises de financer les structures culturelles et les artistes. Puis à la fin de l’année, dans les rapports financiers l’Etat exempte ces entreprises d’un certain nombre d’impôts.

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En Côte d’Ivoire ou au Sénégal, au Ghana ou Nigeria, ce sont les entreprises qui sont à la recherche de projets des artistes à financer. Ce sont elles qui demandent « mais tu n’as pas de projet ? » Parce qu’elles veulent qu’à la fin de l’année, elles soient exonérées de tel ou tel impôt. Aujourd’hui lorsqu’un artiste sollicite dans le cadre d’un concert, une entreprise ou une banque celles-ci donnent généralement 200 mille francs.

Parce que le chef d’entreprise sait que s’il donne dix millions, il ne bénéficiera de rien comme exonération. Alors que si, à la fin de l’année il sait qu’il va bénéficier d’un certain nombre de faveurs de l’Etat, il mettra plus d’argent dans les projets culturels. Au Bénin, nous avons des panneaux publicitaires qui ne sont pas régulièrement remplis. Jusqu’à présent, on n’a pas de palais de la culture au Bénin.

 

Justement en matière d’infrastructure, le Bénin est-il bien loti ? 

On n’a pas de salle de spectacle. Ce que nous avons au Bénin et qui est à Wologuèdè, Canal Olympia est l’œuvre des étrangers. Le Palais des congrès n’est pas adapté aux spectacles, c’est pour les réunions.

 

L’État a paressé, n’est-ce pas ?

Il n’y a pas eu beaucoup de réflexions dans ce sens, je dirai. On n’a pas pris la culture à un moment donné comme un levier de développement. Le Fmi et la Banque mondiale, à partir de 1990, avec les Programmes d’ajustement structurels (Pas), ces deux institutions ont dit, « on ne finance pas la culture, on ne finance pas l’éducation, on ne finance pas la santé ». Nous-mêmes, nous sommes restés les bras croisés.

Notre culture est tombée par la suite. Et ce sont les institutions étrangères qui viennent construire les infrastructures. Ce qui n’est pas normal. Il n’y a plus de salles de cinéma aujourd’hui. On a tout fermé. Ce sont les églises qui occupent les salles de cinéma. On ne dispose pas de cabinet d’ingénierie culturelle, non plus des centres de formation d’artistes. La camerounaise Wêrê Wêrê Liking a quitté son pays pour aller créer un village artistique en Côte d’Ivoire (village Ki-Yi). Beaucoup d’artistes africains y ont été formés.

Wêrê Wêrê Liking était professeure d’université. Mais elle s’est dit, ce que le gouvernement ivoirien est en train de faire, moi je l’accompagne. Je crée le centre culturel. Quelqu’un comme King Mensah du Togo, a été formé dans ce centre. D’autres artistes y sont passés aussi. Si King Mensah est devenu une superstar au Togo et partout en Afrique, c’est grâce à ce centre d’Abidjan. Notre compatriote Ébawadé y a été formé également.

Nous, on a où ? On n’a nulle part. On n’a pas de centre de formation. Il faudrait qu’on pense à cela. Puisqu’on ne pourra rien faire sans la formation, le milliard culturel dont-on parle, le Fonds d’aide à la culture été suspendu. On a créé d’autres fonds. Il est inutile qu’on partage l’argent aux gens dès qu’ils disent « j’ai un projet et je veux créer ».

Non ! Ça ne veut rien dire. Je pense qu’il y a un préalable qu’il faut régler d’abord, à savoir la formation. Il faut prendre l’argent et appeler les acteurs dans chaque secteur. Même les artisans, les réalisateurs de cinéma et les former sur un an. Ceux qui se disent professionnels doivent être aussi formés parce que, lorsqu’on est professionnel et qu’on ne se fait pas recycler régulièrement on est en retard par rapport à l’évolution technologique.

Les journalistes et animateurs culturels doivent aussi être formés. Parce que moi quand j’écoute les animations sur les radios et les télévisions j’ai mal. Sur les radios, il n’y a pas assez d’émissions culturelles, dans les publications, il y a très peu d’articles sur la culture de chez nous. Moi, j’ai révélé des sites culturels ici au Bénin. Et d’autres personnes, ceux qui ont les moyens étaient allés financer, construire et valoriser l’endroit. Je dis bravo. C’est ce qu’il nous faut.

Le temple ‘’Avessan’’ à Porto-Novo, personne même les habitants du quartier n’étaient informés de son existence. Quand moi, j’ai réalisé un reportage, je l’ai diffusé sur *Radio Wêkê à l’époque, il y avait eu des demandes pour qu’on le rediffuse. Chose faite.

 

D’aucuns estiment que quand on compare les compositions des années 1980-1990 à celles d’aujourd’hui, il y a un problème de contenu qui se pose. Est-ce que vous pensez qu’avant le contenu et le son étaient vraiment soignés et que ce n’est pas le cas aujourd’hui ?

Le Bénin est un vivier culturel. Écoutez bien les anciens morceaux de nos artistes. Quand je prends GG Vickey lorsqu’il chante l’Afrique, le texte est soigné et refleurit. Et il ne se limitait pas seul à ses compétences et à ses talents pour composer. Lorsqu’il finit d’écrire le texte, il le remet et d’autres personnes pour la correction. Les artistes qui sont restés ici, au Bénin, comme Sagbohan, El Rego, Gilles Toffohossou alias Miguelito le père de Petit Miguelito, il faut écouter leurs chansons.

Les chansons de Poly Rythmo, quand on les écoute, c’est profond. Savez-vous ce que ceux-là faisaient ? Ils allaient voir les parents pour dire « avez-vous des compositions » ? Il y a des chansons qui venaient même des couvents. Dès que vous avez l’autorisation, on vous remet la chanson et vous chantez. C’est ainsi que des chansons sont éternelles aujourd’hui. Mais nous avons encore une autre richesse que les artistes abandonnent.

 

Laquelle ?

C’est le Fâ, les signes du Fâ. Lorsque vous prenez un seul signe, vous pouvez avoir des milliers de chansons. Et des milliers de thématiques.

 

Là, n’y a-t-il pas une question de foi ?

Le Fâ n’est pas diabolique. On l’enseigne d’ailleurs dans les universités au Nigeria, au Ghana et même au Bénin à l’Université d’Abomey-Calavi.

 

Un artiste qui partage la foi chrétienne par exemple peut-il s’inspirer des signes de Fâ ?

Mais s’il pense que c’est diabolique, ça voudra dire que ses ancêtres ont adoré le diable. Alors il a certainement oublié que le nom qu’il porte est venu des couvents, la langue ou langues que nous parlons au Bénin, le fon, le yoruba, le Tori … sont venues des couvents. Ce sont des langues des divinités. Mais on ne les rejette pas. Alors pourquoi ne pas prendre quelque chose qui n’est pas du diable, qui est enseigné dans les universités et qui est scientifique aujourd’hui.

 

Pour ressortir une certaine originalité dans son travail, quelle autre source d’inspiration l’artiste béninois peut-il exploiter ?

Il y a les faits de société, l’histoire pertinente que vous avez vécue. Chacun a vécu une histoire. Lorsque vous êtes en panne d’inspiration thématique vous faites des promenades et l’inspiration revient. Surtout quand on a le don de la musique, c’est facile d’avoir de l’inspiration.

Alors, quand on a l’inspiration, on passe à la phase écrite. Par contre, lorsqu’on veut rester dans les textes, des chansons et paroles obscènes … Le Bénin, c’est d’abord un pays de moralité. Tout le monde n’accepte pas ça et on n’acceptera pas la vulgarité. Parce qu’on a besoin d’informer et d’éduquer. Je n’aime pas trop utiliser le mot éducation. Mais l’artiste a une mission très importante : informer et éduquer les mélomanes.

Si bien que ceux qui s’inscrivent dans cette logique, leurs œuvres sont éternelles : Alèkpéhanhou, Alokpon, Sagbohan Danialou… Ce dernier se rapprochait d’ailleurs des prêtres du Fâ et des cercles du Vodun pour avoir des musiques. Quand il chante ‘’amon noudé houn dou’’, c’est une chanson venue des couvents. Mais lui en tant que musulman n’a jamais dit que c’est diabolique. Au contraire, cela lui a donné du succès un peu partout.

 

Koffi Olomidé et Angélique Kidjo

Bénin Intelligent : Il y a eu récemment une polémique concernant l’arrivée de la star congolaise Koffi Olomidé en référence à son concert de mai 2003 où 17 béninois ont malheureusement perdu la vie. Vous faites partie de ceux qui estiment que Koffi Olomidé se moque des Béninois, qu’il est revenu verser des larmes de crocodiles. Pourquoi ?

J-D A. : Il est regrettable que ce soit vingt ans après ce drame que Koffi Olomidé soit venu pleurer sur la tombe des victimes de ce qui s’était passé. Vingt ans, il a gardé le silence. En réalité ce n’est pas Koffi Olomidé qui a provoqué la bousculade qui a causé des morts. J’étais à ce concert-là.

 

Qu’est-ce que vous, vous aviez vu le jour-là ? Qu’est-ce qui s’était passé ? Les jeunes veulent comprendre.

Ce qui s’était passé, c’est que les entrées du stade n’avaient pas été vite ouvertes. Il y a eu une bousculade. Koffi Olomidé était encore à l’hôtel Novotel ex Sheraton. Une équipe s’était déplacée pour aller le chercher. L’organisateur du spectacle Magloire Agbalè l’avait informé et il était monté sur scène sans même avoir présenté sa compassion à ceux qui sont morts et ceux qui étaient blessés. Il a fait son spectacle jusqu’à la fin.

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Pire, le lendemain un journaliste de l’Ortb était allé le voir, le dimanche, à l’hôtel afin de recueillir ses impressions sur le drame. Il a commencé par insulter, que les victimes étaient des inconscients, qui ne savent pas pourquoi ils sont venus à son spectacle. Le journaliste en question est encore vivant. Je ne veux pas citer son nom puisque n’ayant pas requis son autorisation.

A 13h les propos ont été diffusés dans le journal parlé de la radio nationale. Les gens s’étaient révoltés et sont allés chercher Koffi Olomidé à l’hôtel. Rapidement, il avait disparu parce qu’on lui a dit qu’il y avait un mécontentement général. On l’a cherché partout, il avait disparu. Le soir l’interview fut rediffusée, le lendemain matin également. La Haac dut alors prendre la décision d’interdire la diffusion de toutes les chansons de Koffi Olomidé sur les antennes de radio et télévisions au Bénin. La Haac est allée jusqu’à interdire même de parler de Koffi Olomidé dans les journaux. Tout le monde était d’accord.

Le président Kérékou en ce moment avait décrété trois jours de deuil national. On n’a pas du tout aimé le comportement de Koffi Olomidé. Sinon, ce n’est pas lui l’organisateur ni l’auteur de la bousculade ; il n’a tué personne. Mais il n’a pas eu le cœur pour les victimes. Il a attendu dix-sept ans d’abord pour envoyer une vidéo dans les réseaux sociaux, élément dans lequel il dit regretter le drame, et souhaiter être autorisé à revenir au Bénin pour se prosterner, s’incliner sur la tombe des victimes.

 

Vingt ans après il a réalisé ce rêve. Vous pensez même que les parents des vraies victimes du concert n’ont pas été associés aux hommages…

Ce n’était pas les parents des vraies victimes sinon on allait publier un communiqué. Un enfant de victime qui avait un an en ce moment a 21 ans aujourd’hui. Il suffisait seulement de publier un communiqué pour dire : « les parents des victimes, on voudrait les rencontrer ». Il n’y a pas eu cette démarche.

 

Vous n’ignorez peut-être pas si les organisateurs ont leur circuit d’information pour atteindre ceux-là ?

Ceux qui ont organisé le retour de Koffi Olomidé au Bénin n’étaient pas là lors du concert qui a tourné au drame. Ils ne connaissent rien de l’événement. L’organisateur même était surpris des démarches pour l’arrivée de Koffi Olomidé en 2023. Il n’a pas été contacté. Je parle de l’organisateur du concert il y a 20 ans. Il n’a pas été informé que Koffi Olomidé revenait au Bénin. Or, lui il a répondu devant les tribunaux, il a payé cher pour ce drame. Mais il n’a pas été associé à la démarche d’hommage aux victimes. Donc, ils ont fait un simulacre d’hommage.

 

Pourtant des images de Koffi Olomidé entouré de proches de victimes ont circulé. Ils ont ensemble déposé des gerbes sur des tombes. Vous doutez de la sincérité de tout cela ?

Ce n’est pas la faute à Koffi Olomidé. Il n’est pas béninois. Il a souhaité revenir et les gens se sont présentés pour dire « nous sommes parents de victimes », pour quelle raison ?

 

Pensez-vous qu’il devrait rencontrer tous les proches de victimes ? Est-ce que même en présence d’un effectif réduit de ceux-ci, on ne peut pas aller au-delà et apprécier plus tôt le geste d’hommage en lui-même ?

Ça ne veut rien dire. Si je suis victime de quelque chose et que vous vous présentez devant d’autres personnes pour présenter vos excuses, moi, cela ne me touche pas. Nous avons rencontré certains parents qui nous ont dit qu’ils n’ont pas été informés de ce qui a été fait.

Il suffisait seulement de publier un communiqué, ce qui ne coûtait rien. Avant l’arrivée de Koffi Olomidé on devrait faire cette démarche et demander aux parents de montrer les tombes. Les archives sont là, on va retrouver les noms et vérifier s’ils correspondent aux noms sur les tombes.

 

Vous doutez aussi de la fiabilité des tombes ayant reçu les gerbes ?

Il faut faire toutes ces vérifications. Quels sont les noms des victimes, sur quelles tombes, on devrait le dire.

 

Les concerts, festivals sont des occasions pour révéler des talents. Le Bénin a-t-il fait aujourd’hui des progrès en matière d’organiser d’événements d’envergure ?

Non, nous avons reculé. Il n’y a plus de festivals.

 

Pourtant ces deux dernières années le Bénin a connu une effusion d’événements. Des stars ont même foulé le sol béninois : Wizkid, Youssou N’Dour, le groupe Magic System…

Oui, mais ces événements n’ont pas eu grand impact sur le paysage culturel du pays. Youssou N’Dour était venu en visite. Quant à Wizkid il était au Bénin parce qu’une société étrangère l’avait invité.

Nous devons avoir des festivals qui vont durer. Nous n’avons plus de festival de jazz par exemple. Tous les pays en ont. Quelqu’un en a initié et après, on l’a abandonné. Lorsque je prends le Femua de A’Salfo en Côte d’Ivoire, il a plus de vingt ans aujourd’hui. Le Masa toujours en Côte d’Ivoire, s’organise depuis 30 ans. Mais le Fitheb qui devrait durer on l’a abandonné.

 

Qu’est-ce qui tue, selon vous, ces genres d’initiatives culturelles au Bénin ?

Il y a un manque de volonté politique. Quelqu’un qui initie des projets culturels, il faut l’accompagner. Il faut réformer le secteur culturel, c’est très important. Il faut former les acteurs. Sinon les amateurs initient des événements qui ne résistent qu’un an, deux ans et puis ils s’écrient : « Je n’ai pas eu de financement ». Le code de la musique par exemple, il faut adopter un.

 

De 1960 –les indépendances à ce jour, si on doit noter les gouvernements successifs, lequel a plus fait pour la culture en général et la musque béninoise en particulier ?

Je dirai d’abord l’ancien président, le Général Mathieu Kérékou. Il faut voir la politique culturelle. J’ai parlé tout à l’heure des orchestres dans les écoles. On aidait les artistes, les orchestres à aller se produire dans les festivals à Cuba, au Congo, en Côte d’Ivoire et pourtant c’était la révolution.

Donc, l’Etat même accompagnait. Cela a permis à beaucoup d’artistes d’être là aujourd’hui. Grâce à cette politique culturelle Stan Tohon, Angélique Kidjo ont émergé. Même Sagbohan Danialou s’est affirmé véritablement au temps de la révolution. Ils sont nombreux.

Après il y a eu la période démocratique avec le président Soglo. Il a affiché sa volonté de développer la culture.

 

Donc, si on doit noter le président Nicéphore Soglo est 2ème.

C’est grâce à lui qu’on a eu une politique culturelle réelle, une charte culturelle et une politique, un document conçu et voté en bonne et due forme. Le document est toujours là, mais on ne l’exploite pas. Moi, j’ai eu la chance de faire une étude comparative de la politique culturelle du Bénin et la politique culturelle du Burkina Faso. Mais j’ai constaté que les deux pays ont de très bons documents. Mais chez nous, nous manquons d’organiser des activités ; au Burkina, chaque semaine, il y a des activités artistiques et culturelles.

 

Le gouvernement actuel a initié les classes culturelles…

Les classes culturelles, d’accord mais ça va prendre du temps. C’est pourquoi je dis qu’il faut des écoles pour former. Avec les classes culturelles, on va s’initier pendant combien de temps dans la semaine ? deux fois, 2h par séance et les classes culturelles s’arrêtent là. Pendant les vacances il n’y a plus rien, les apprenants se dispersent.

Musique béninoise

Mais avec les écoles on sait que tous les jours il y a des formations pendant deux ou trois ans et même au-delà de sorte que quand l’étudiant sort, il est un professionnel bien formé. Ce n’est pas la même chose. Au-delà des classes culturelles, il faut se doter de centres de formation dans chaque domaine de la culture : la danse, le théâtre, les arts plastiques, la musique, etc.

 

Il y a eu récemment une polémique autour de la diva Angélique Kidjo. D’aucuns estiment que sa renommée ne profite pas au Bénin, son pays d’origine ; qu’elle n’a pas réellement impacté le secteur à l’interne.

J’ai fait le même constat, si bien que quand vous parlez d’Angélique Kidjo ici au Bénin, ce n’est pas la même reconnaissance comme Youssou N’Dour au Sénégal ni Borna Boy, Davido, Alpha Blondy en Côte d’Ivoire ou encore Salif Keita au Mali, ou bien Mory Kanté en Guinée. Quand on parle de ceux-là tout le monde se prosterne, ce n’est pas le cas chez notre compatriote parce que Angélique Kidjo n’a pas fait la démarche.

Il faut reconnaître une chose : elle prend nos chansons, ce qui n’est pas interdit, pour réaliser des succès ; c’est bien mais on n’a pas le retour. Alpha Blondy s’est investi dans son pays.

 

Concrètement, qu’est-ce que vous pensez que Angélique Kidjo devrait faire ?

Elle a aujourd’hui la capacité d’amener plusieurs artistes de chez nous à l’international, de leur donner des conseils, d’amener des partenaires pour créer les industries musicales par exemple. Elle peut le faire, elle a les portes ouvertes dans tous les palais présidentiels, dans les majors compagnies de musique un peu partout. Elle a plusieurs possibilités mais on ne la voit pas.

Angélique Kidjo ne parle pas du Bénin en bien à l’international, ce qui m’a poussé un jour à écrire une chronique en 2021 sur certains de ses propos que je n’ai pas appréciés.

 

Je me rappelle de votre chronique « Angélique Kidjo n’a pas dit la vérité ».

Voilà. Je n’ai pas apprécié. Certains m’ont attaqué mais j’ai rebondi avec preuves à l’appui pour révéler ce que Angélique raconte des choses sur notre pays alors que le pays lui a tout donné. C’est comme récemment lorsqu’elle était revenue au pays –je n’ai pas voulu écrire encore sur elle sinon les gens vont penser à de l’acharnement- elle était allée dans le septentrion.

Un matin, je l’écoute sur BBC Afrique ; elle disait que dans le septentrion elle a vu une maman dont la fille a faim et à qui elle a donné du ‘’sodabi’’ à boire. Autrement, chez nous au Bénin, la misère a atteint un degré à tel point que les mamans donnent à leurs filles l’alcool comme nourriture.

 

Mais peindre une réalité n’est pas de la méchanceté…

Je dis : on ne parle pas de son pays de cette manière. La misère existe partout, même aux Etats-Unis il y a des mendiants, des américains mendient dans les rues. Les Usa n’en parlent pas ainsi. Pourquoi à chaque fois c’est nous qui nous ridiculisons. Pourquoi on ne peut pas valoriser nos pays ? Les occidentaux nous chosifient, nous-mêmes on contribue. Surtout quand cela vient d’une star de la dimension d’Angélique Kidjo, je trouve cela regrettable.

On l’invite bientôt pour le 1er août. Je dis oui, c’est bien. Mais on peut inviter d’autres artistes du Bénin, du continent. Il y a des artistes comme Gilles Lionel Louèkè, une célébrité aujourd’hui.

 

Angélique Kidjo est quand même une ambassadrice du Bénin, de l’Afrique. Sur des émissions phares on l’a vue s’attaquer à des clichés, le système néocolonial…

Elle ne défend pas son pays, c’est ce que je déplore. Elle n’aide pas les jeunes. Je me suis appesanti sur la création des écoles, les centres de formation. Elle est capable d’en créer en matière de musique. On ne voit pas les traces d’Angélique Kidjo. Je ne suis pas contre elle. Elle a réussi, elle s’est battue, elle est allée se faire former, elle est rentrée dans les milieux culturels musicaux, elle est au sommet aujourd’hui. Je dis : fantastique, bravo à elle ! Mais par rapport à son pays elle n’apporte rien.

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Youssou N’Dour on voit sa contribution au rayonnement du Sénégal. Fally Ipupa qui a commencé la musique il n’y a pas longtemps. Quand je vois le groupe Magic System qui a commencé au début des années 2000 avec ‘’Premier gaou’’. Regardez ce que ce groupe avec A’Salfo est en train de faire pour son pays en termes de création de centres, d’école, etc. Angélique Kidjo pouvait faire mieux que ces jeunes.

©Transcription : Arnauld KASSOUIN & Moucharaf SOUMANOU

 

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