L’Ong Changement social Bénin a réuni du 16 au 17 août à Abomey-Calavi, ses partenaires autour des défis liés à l’effectivité des enseignements maternel et primaire dans les zones sous menace terroriste au nord du Bénin.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Que le drapeau national flotte dans toutes les écoles dès la rentrée scolaire prochaine. La société civile en fait son cheval de bataille. La menace terroriste a déjà conduit à la fermeture de certains établissements dont tous les pensionnaires n’ont pu être redéployés ailleurs.
«L’année scolaire s’est achevée pour certains enfants de façon très brusque. Il y a des écoles dont nous ne sommes pas sûrs qu’elles ouvrent de nouveau», redoute Ralmeg Gandaho, président du conseil d’administration de l’Ong Changement social Bénin.
L’Ong a rallié à la cause de l’éducation en situation d’urgence, entre autres l’Usaid, la Cbdh et la fédération des associations de parents d’élèves. Ainsi que des ministères stratégiques : celui des Enseignements maternel et primaire (Memp), de l’Intérieur et de la sécurité publique, la Défense et celui du Plan.
La vingtaine de participants s’engagent contre l’exclusion, de fait, d’un nombre important d’enfants du droit à l’éducation. L’atelier de deux jours a permis aux acteurs étatiques ou non d’exposer sans tabous «les réelles difficultés qu’il y a sur le terrain et qui pourraient hypothéquer la rentrée des classes pour certains de nos enfants», précise Ralmeg Gandaho.
La question de l’accès à l’éducation en milieu sous menace terroriste, cadre bien avec les domaines d’intervention des États-Unis d’Amérique au Bénin, souligne Simon Assogba, représentant de l’Usaid. À travers l’American Bar association (Aba) une “initiative pour l’État de droit” doté d’un financement étalé sur 12 ans, les Usa appuient la prévention des conflits et de stabilité au Bénin. En plus du “hard security” (formations et accompagnement pour les Forces de défense et de sécurité), l’organisme américain finance aussi le volet développement et spécifiquement la protection des droits humains.
«Ce que l’Usaid attend de ces discussions c’est que nous puissions déterminer à la suite de ces un jour et demie… un plan très clair pour que la préoccupation des enfants abandonnés à la maison et qui sont en difficulté de ne pas reprendre l’école puissent être montés au premier plan de l’agenda public du moins pour la rentrée de septembre prochain», a formulé Simon Assogba.
De son côté, le ministère des Enseignements maternel et primaire (Memp) «accueille favorablement» l’organisation de l’«atelier de réflexion sur les défis liés à l’effectivité des enseignements maternel et primaire dans les zones sous menace terroriste en République du Bénin»
Le représentant du Memp se dit persuadé que les conclusions auxquelles il aboutira «pourraient se révéler très contributives pour les efforts du gouvernement en vue de garantir l’effectivité de l’accès à l’éducation sur toute l’étendue du territoire national», assure Olouwa Raliou Arinloye akanda, directeur de cabinet adjoint.
Au début de la rentrée scolaire 2022-2023, une dizaine d’écoles primaires publiques ont été fermées à Matéri, Karimama et Banikoara pour raison de menace terroriste, selon une enquête du web média Banouto financée par la Friedrich Ebert Stiftung. Dans l’Alibori, Borgou et Atacora «bon nombre d’école de bases sont attaquées par des groupes armés terroristes privant ainsi des … écoliers de l’éducation gage du développement socio-économique du Bénin», corrobore la vice-présidente de la Cbdh, Sidikatou Adamon.
Les déscolarisés pour cause de menace terroriste sont en proie au mariage précoce et au travail des enfants, constate le journal. Une situation qui conforte les acteurs dans leur détermination à accompagner l’Etat dans son rôle de protection des droits humains. A cet effet, des propositions concrètes seront adressées au gouvernement à l’issue des travaux.
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