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Divinité Oro

[Tribune de l’Intelligent] Conservation de la biodiversité : Divinité “Oro” au sud-est du Bénin, une énorme chance 

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Dans le département du plateau comme ailleurs où l’agriculture est la principale activité économique, les écosystèmes naturels ont presque tous été détruits. Seuls résistent les habitats de la Divinité Oro, «forêts sacrées, intouchables, inattaquables et hors de toute exploitation par la population locale». L’expert en conservation de la nature a identifié 40 forêts sacrées d’Oro dans l’arrondissement d’Ita-Djèbou. Il plaide, pour ces “puits de biodiversité animale et végétale menacée d’extinction”, un statut particulier de conservation.

 

C’est quoi la divinité ‘’Oro’’ ?

Le culte « Oro », une culture du grand groupe ethnique Yoruba dont le sous-groupe est appelé Nago au sud-est du Bénin, est une pratique culturelle qui consiste, selon ses adeptes, à purifier la société en chassant les mauvais esprits, les maladies et d’autres maux de la cité à travers une manifestation annuelle de sortie de la divinité Oro.

Faisant partie de l’aire culturelle du peuple Yoruba, les origines de la divinité Oro remontent à l’État d’Oyo au Nigéria. La particularité de cette divinité réside dans son non-accès aux femmes (interdiction aux femmes de la voir), elle est réservée aux hommes initiés. Oro, « dieu du vent » comme il est appelé dans les milieux culturels Yoruba, est domicilié dans une « forêt sacrée ».

Au Bénin, chaque année, dans le département du plateau dominé par les Yoruba (appelé les Nago dans cette zone), les festivités Oro ont lieu généralement au cours du mois d’août afin de vénérer la divinité et de purifier la société pour faire régner la paix sociale et la quiétude.

 

Divinité Oro et la conservation de la biodiversité béninoise et nigériane

Nous sommes ici en Afrique de l’Ouest, République du Bénin, département du plateau, une zone proche de la frontière du Nigéria. La zone est caractérisée par un environnement naturel et forestier très dégradé par la pratique agricole, base de vie pour la population locale. Notre prospection de terrain, effectuée au cours du mois d’août 2023, sur l’ensemble de la zone en mettant l’accent sur l’arrondissement d’Ita-djèbou (commune de Sakété) a permis de constater qu’aucune zone à caractère naturel n’est plus présente dans le milieu à l’exception des forêts sacrées et les forêts galeries le long des rivières. Les pratiques agricoles, poumon économique de la région, ne laissent aucun écosystème forestier intact et par conséquent, menacent la biodiversité animale et végétale typique de cette zone ouest africaine.

Heureusement, la divinité Oro, de par sa domiciliation dans les forêts, a pu préserver depuis des lustres des écosystèmes forestiers qualifiés de forêts sacrées, intouchables, inattaquables et hors de toute exploitation par la population locale. Ce qui leur permet de conserver leur caractère purement naturel dans un milieu dominé par l’agriculture et l’avancement urbain. Dans la région, ces forêts se présentent sous forme d’ilots forestiers de manière éparpillée dans l’ensemble de la zone. L’inventaire quantitatif effectué au cours du mois d’août 2023, a permis de recenser au moins 40 forêts sacrées d’Oro à l’échelle du territoire de l’arrondissement d’Ita-Djèbou qui relève administrativement de la commune de Sakété.

 

Les forêts sacrées d’Oro, un sanctuaire de la biodiversité menacée d’extinction de l’Afrique de l’ouest

Les forêts sacrées d’Oro, constituent des reliques forestières des milieux tropicaux des mosaïques de forêts guinéennes du sud du Bénin et du Nigéria. Il s’agit ici d’un témoignage vivant des écosystèmes climaciques de cette région ouest africaine dont l’environnement naturel a été profondément dégradé. Ces forêts sont aujourd’hui, une réserve et un puits de biodiversité animale et végétale menacée d’extinction et rare de notre planète. Des espèces végétales menacées y sont présentes telles que l’Iroko (Milicia excelsa), un taxon quasi-menacé (Nt) à l’échelle internationale selon l’Union internationale de conservation de la nature (Uicn).

Concernant la faune, elles hébergent à titre d’exemple (selon les témoignages des riverains et non par inventaire effectué), de nombreuses espèces de chauve-souris de même que de singes d’Afrique de l’Ouest. Pour les espèces d’oiseaux telles que les grandes rapaces, les forêts sacrées d’Oro du sud du Bénin, jouent un rôle pour la préservation de ces espèces d’oiseaux car elles constituent des lieux de reproduction et d’alimentation pour ces espèces de par les grands arbres qu’elles hébergent.

 

Forêts sacrées d’Oro, un écosystème forestier d’une grande valeur écologique, méritant un statut particulier de conservation

Vu sa richesse importante en espèces animales et végétales menacées d’extinction (juste par constat et témoignage et non par une étude particulière), les forêts d’Oro sont des milieux de grands intérêts écologiques en matière de conservation de la biodiversité ouest africaine. Pour cela, ces lieux sacrés méritent un statut particulier après une étude très poussée (de commun accord avec les adeptes d’Oro et autorités) sur leur composition effective en espèces végétales et animales.

Notre voyage sur l’Afrique de l’Ouest notamment au Sud-est du Bénin à la frontière du Nigéria nous a permis de découvrir ce gisement de biodiversité qu’est la forêt sacrée d’Oro méritant une place dans le monde de la conservation de la nature à travers l’attribution d’un statut particulier par les organismes nationaux et internationaux.

 

Par Dourotimi AMIDOU, Expert en conservation de la nature

& Raymond FALADE, Journaliste

 

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