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Incendie dans un dépôt d’essence à Sèmè-Kraké : Le Bénin dos au mur

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Bien que criminalisée par le code pénal de 2018 et malgré les nombreuses saisies et rappels à l’ordre de la police, la filière du “Kpayo” a résisté à tous les assauts. Ce commerce dangereux emploie des milliers de citoyens. L’incendie de Sèmè-Kraké constitue le drame de trop enregistré dans ce secteur avec 35 morts dont 2 enfants et une vingtaine de blessés grave. Un lourd tribut qui exige d’accélérer le processus de professionnalisation de cette filière et de réinsertion-reconversion des acteurs.

Par Raymond FALADE

Trente-cinq (35) personnes dont deux enfants ont trouvé tragiquement la mort samedi 23 septembre dans l’explosion d’un site d’entreposage d’essence de contrebande. Le drame survenu à Sèmè Kraké, commune de Sèmè Podji a également fait une vingtaine de blessés grave et emporté d’importants biens matériels.

Le procureur de la République Adam-Bongle Abdoubanki dans un communiqué de presse, renseigne que l’explosion s’est déroulée « dans le magasin du sieur Zinhouemede situé … au quartier Glogbo 2 ». Selon plusieurs témoin « l’incendie aurait été probablement déclenché lors du déchargement des sacs d’essence communément appelés ‘’Bohoumbo’’ d’un véhicule de marque Nissan immatriculé AR 19 37 RB ».

L’incendie a alors consumé le magasin et occasionné pour un « premier bilan, 35 décès dont un enfant, plus d’une dizaine de blessés évacués à l’hôpital et d’importants dégâts matériels ».

Quelques heures après le drame, une délégation gouvernementale conduite par le ministre d’État en charge de l’Economie et des finances, Romuald Wadagni aux côtés de ses homologues de la Santé, Benjamin Hounkpatin, de l’Intérieur et de la sécurité publique, Alassane Seidou et de la ministre des Affaires sociales et de la microfinance, Véronique Tognifodé, s’est rendue au chevet des brûlés et autres blessés enregistrés.

Dans l’intervention du ministre Alassane Séidou, il ressort plutôt que « 34 décès dont deux bébés ont été enregistrés » dans le drame. Toutes ces personnes ont été calcinées. L’équipe gouvernementale a dénombré également 20 personnes brûlées et admises au Cnhu-Hkm de Cotonou.

En ce qui concerne le degré de brûlure de ces personnes, il « est vraiment important avec des surfaces corporelles touchées allant au-delà pour la plupart de 40% » a constaté le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin. L’âge des blessés varie de 12 à 43 ans. Dès leur arrivée au Cnhu-Hkm à Cotonou, elles ont été prises en charge par l’équipe médicale mobilisée, qui les a conditionnés et fait le pansement et le traitement nécessaires. À l’heure où la délégation gouvernementale faisait son point sur la situation, l’ensemble des brûlés était stable, à l’exception de 12 qui sont dans un état critique et admis en service de réanimation.

Prompte réaction des services de sécurité et du gouvernement

Dans les premières minutes de l’explosion, les sapeurs-pompiers ainsi que les Forces de l’ordre ont réagi promptement. Ce qui a permis de maitriser l’incendie malgré son ampleur et d’évacuer très tôt les blessés. Dans le même temps, « les équipes médicales ont été immédiatement mobilisées pour faire face à la situation ».

« Nous travaillons en étroite collaboration avec toutes les parties impliquées pour assurer la prise en charge et le respect des protocoles d’identification des victimes » a souligné le procureur de la République dans son communiqué de presse. Adam-Bongle Abdoubanki a fait savoir aussi que « le parquet a ouvert une enquête complète sur les circonstances entourant cet incendie tragique ».

La ministre des Affaires sociales et de la microfinance, Véronique Tognifodé, membre de la délégation gouvernementale qui s’est rendue au chevet des blessés avait annoncé que les assistants sociaux s’organisaient pour assister psychologiquement les personnes brûlées car ces genres de situation engendrent un grand traumatisme aux personnes brûlées conscientes. Cette assistance est étendue aux familles des victimes. À cet effet, une cellule d’écoute sera mise sur pieds.

Le procureur parle de son côté de l’installation d’une cellule de crise, « afin de renseigner les parents des victimes, recueillir les informations, d’établir la cause exacte de l’incendie, de déterminer toutes responsabilités criminelle éventuelle et de garantir que justice soit rendue aux victimes et leurs familles ». Pour cela, il a demandé « à tous les citoyens de coopérer pleinement avec les autorités et de fournir toute information pertinente qui pourrait aider dans cette enquête ».

Vers la fin ‘’Kpayo’’

Le commerce de l’essence de contrebande communément appelée “Kpayo” dure depuis plusieurs décennies au Bénin. Les régimes qui se sont succédé ont tenté en vain de lutter « contre cette activité dangereuse et illicite qui nourrit des milliers de familles », reconnaît le ministre d’État Romuald Wadagni

Activité dangereuse, les acteurs eux-mêmes en sont conscients et favorables à une reconversion. «C’est une activité qui nous crée de temps en temps des problèmes donc depuis toujours on prie pour avoir ce gouvernement qui va arriver et nous aider à aller à la reconversion», avoue Henri Assogba, responsable d’association de vendeurs d’essence de contrebande interviewé par nos confrères de Bip radio, rapporte ”La Météo”.

Le gouvernement dit avoir recensé 54.000 points de vente de l’essence ‘’Kpayo” sur toute l’étendue du territoire national. Ils sont plus ancrés dans les habitudes des Béninois. Ceux-ci ne se ruent vers les stations-service -dont une politique de multiplication est en cours – qu’en cas de crise (hausse de prix ou pénurie comme lors de la fermeture des frontières du Nigéria ou de l’annonce de la suspension des subventions par le président Tinubu alors fraîchement élu.

« 70% de l’essence consommée au Bénin provient du circuit informel. Structurellement nous avons donc aujourd’hui 30% des consommateurs d’essence qui vont dans les stations-services », avait relevé Wilfried Léandre Houngbédji lors de sa rencontre hebdomadaire avec la presse au siège de Bénin Intelligent, le vendredi 9 juin.

La professionalisation de la filière du ”Kpayo” ou la réinsertion et reconversion des acteurs devient plus urgente suite au drame de Sèmè-Kraké. Le gouvernement assure piloter à propos un programme ambitieux qui permet de former ces vendeurs et de les transformer en acteur économique d’un métier décent. À en croire Romuald Wadagni, depuis le début de cette année 2023, plus de 5.000 personnes ont été reconverties au métier de textile au sein de la zone économique de Glo-Djigbé (Gdiz).

Aussi, le gouvernement informe avoir lancé un programme d’installation de mini-stations. A cet effet, une dizaine de milliers de ces mini-stations ont fait l’objet de commandes et sont en phase d’installation dans des quartiers de Cotonou et environs. D’ici 2024, elles seront installées dans tout le Bénin afin de permettre à toutes ces personnes qui sont dans ce secteur d’activité, de le faire dans des conditions de sécurité totale, a assuré le ministre de l’Economie et des finances Romuald Wadagni.

Après l’incendie de Sèmè-Kraké, le gouvernement a instruit les préfets de procéder au recensement général de tous les sites d’entreposage d’essence de contrebande communément appelé ‘’Kpayo’’.

 

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