La professionnalisation de la filière de l’essence de la contrebande devenue une préoccupation brûlante depuis le drame de Semè-Kraké qui a fait 36 morts, exige que les acteurs s’unissent. Le gouvernement ne pouvant pas doter individuellement les 54 000 individus recensés de mini-stations service. Sur le terrain, des acteurs sont réticents.
Par Raymond FALADE
Dans sa volonté de formaliser la filière de vente de l’essence de contrebande communément appelée ‘’Kpayo’’ en vue d’assurer la sécurité des acteurs, le gouvernement a décidé de l’implantation des mini stations-service sur toute l’étendue du territoire nationale. À cet effet, 5000 unités de mini station ont été commandées sur un total de 10 000 prévues dont 2000 déjà reçues. Lesdites stations seront implantées dans les villes du grand Nokoué mais également dans certaines communes qui ne disposent pas de stations à ce jour.
D’après le recensement effectué par le gouvernement « nous sommes autour d’un peu plus de 50 000 acteurs [vendeurs d’essence de contrebande] pris individuellement sur le territoire », a dévoilé le porte-parole du gouvernement lors d’une émission spéciale sur la télévision nationale dimanche 1er octobre.
Alors faut-il commander 50 000 mini stations ? Non. Le gouvernement souhaite que les vendeurs se mettent ensemble pour se doter desdits mini stations. « Vous avez deux, trois ou quatre vendeurs d’essence par rue […] là il faudrait peut-être avoir une seule ou deux en faisant parler les acteurs, en les mettant ensemble pour que, ils commencent et grandissent ensemble », a indiqué Wilfried Léandre Houngbédji.
Le secrétaire général adjoint du gouvernement reconnait que beaucoup de Béninois vivent de cette activité. Ainsi, il s’agit « socialement parlant » d’un grand sujet. « Il faut faire en sorte que ces personnes ne se retrouvent pas du jour au lendemain sans aucune activité et c’est pour ça que ce recensement a eu lieu et ensuite on a essayé de définir les modèles de réorganisation » a-t-il expliqué.
La question de la formalisation du secteur du ‘’Kpayo’’ fait à nouveau débat depuis l’explosion, samedi 23 septembre, sur un site d’entreposage d’essence frelatée à Sèmè-Kraké. Le drame a fait 36 morts et 23 blessés selon le bilan officiel.
Les premières mini stations commandées sont arrivées il y a environ trois mois. « Elles ont été inspectées. Le ministère de l’Industrie et du commerce a procédé à leur étalonnage qui curieusement s’est achevé 24 ou 48 heures avant le drame », a confié le porte-parole du gouvernement.
D’accord, mais…
Les acteurs concernés partagent l’urgence de réorganiser leur filière. Ainsi, ils saluent l’acquisition des mini stations. Sauf que, certains ne souhaitent pas se mettre ensemble pour gérer une mini station à trois ou à quatre. «Je suppose qu’on mette 5 personnes ensemble pour gérer une mini station. Qu’est-ce qu’on va gagner», interroge Fabrice, un vendeur rencontré au quartier Zogbo. «Il n’y a rien à faire, beaucoup vont abandonner cette activité», appuie Joël, un autre vendeur. Ce jeune, qui commercialise de l’essence de contrebande depuis plus de 5 ans, dit préférer abandonner cette activité si la condition posée par le gouvernement est de se regrouper.
Ces vendeurs d’essence proposent que le gouvernement dote chacun d’eux de mini station et de ne pas craindre la concurrence. «Nous sommes actuellement nombreux à vendre le “Kpayo” pourtant chacun y trouve son compte. Il y a une vendeuse d’essence tout près de moi. Pourtant, je vends pas moins de 5 bidons de 25 litres par jour. En cas de rassemblement, comment le partage des bénéfices et la garde vont-ils se faire?», se demande-t-il.
Par ailleurs, l’essence de contrebande sera-t-elle acceptée dans les mini stations-service mises à disposition par le gouvernement ? Ou le canal d’approvisionnement seront-il le mêmes que celui des stations-service ? Des questions qui n’ont pas encore de réponse, souligne Joël.
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Quel est le nom de la société qui a été créée pour la distribution du pétrole .