Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji a donné dimanche lors d’une émission sur la télévision nationale, les raisons de la démolition du siège de l’Assemblée nationale en construction à Porto-Novo et abandonné depuis plus de cinq ans.
Par Félicité DJIGLA (Stag.)
Le gouvernement a ordonné la démolition de ce que d’aucuns appellent désormais le ”musée de la corruption”. Ce chantier situé à l’entrée de la ville capitale, était pourtant pensé pour être le nouveau siège moderne de l’Assemblée nationale du Bénin à ce jour domicilié dans l’ancien ”palais des gouverneurs”.
Mais à l’arrivée, le projet est devenu un géant éléphant blanc. Les audits vont révéler plusieurs défaillances. « Le site retenu pour ce bâtiment n’était pas approprié suivant les règles de l’art », a rappelé le porte-parole du gouvernement. « Ce bâtiment en cours de réalisation à Porto-Novo est apparu à un moment donné comme la démonstration ultime du niveau de mauvaise gouvernance que notre pays avait atteint ces dernières années avant 2016 ». Mauvaise gouvernance, car on ne prenait pas le temps de faire sérieusement les études de projet majeur.
Il y avait donc un risque évident à l’achever, a-t-il ajouté. Encore que, si on devait sauver le bâtiment dont Serhau SA assurait la maîtrise d’ouvrage délégué, cela nécessiterait un investissement supplémentaire de 45 milliards 172 millions Fcfa, selon les experts.
Ce qui ne garantit pas forcément la sécurité des occupants à l’avenir. Un drame pouvait survenir à un moment ou à un autre. C’est l’une des raisons majeures pour lesquelles le gouvernement a opté pour sa démolition dans le souci de protéger des centaines de personnes qui y travaillent et protéger également l’environnement.
En 2018, un rapport exhaustif a été fait et présenté à l’Assemblée nationale où siégeaient à l’époque toutes les tendances politiques ; rappelle Wilfried Léandre Houngbédji. Il a été conclu à l’unanimité le changement de site pour construire le nouveau siège de l’Assemblée nationale. « Ce qui justifie qu’à Porto-Novo aujourd’hui nous ayons changé de site et que le nouveau siège soit sorti de terre et dans quelques temps nous aurons un siège flambant neuf pour l’Assemblée nationale ».
Tous les députés de cette époque, aussi bien de l’opposition que de la mouvance avaient conclu à la nécessité de mettre fin à cette construction qui a couté 14 milliards Fcfa. L’espoir est toujours permis quant à la poursuite des personnes impliquées, rassure l’invité de la télévision nationale. « J’ai la conviction au regard de la dynamique en cours dans notre pays où la reddition de compte est devenue une exigence ; où la lutte contre la corruption est manifeste, je n’ai aucun doute que tous ceux qui auraient des responsabilités dans ce qui est arrivé là devront répondre de leurs actes ».
Que va devenir ce chantier ?
Sur les cendres de ce siège de l’Assemblée nationale en démolition, la ville de Porto-Novo va accueillir un parc urbain avec une arène culturelle, a dévoilé Wilfried Léandre Houngbédji. « Non loin de ce site, il y a en construction le musée des arts vodun. Il y aura pas loin de là la statue de Toffa 1er».
Ce parc viendra donc achalander un peu plus la capitale politique du pays. La démolition a commencé car l’avant-projet du projet de construction du parc a déjà été fait et celui détaillé est en cours, apprend le porte-parole. Ainsi, une fois le site libéré, les travaux vont démarrer. « Ce n’est pas qu’il faudra attendre six mois ou un an pour que le projet de parc urbain de la ville de Porto-Novo commence », a-t-il rassuré.
Le nouveau siège en construction est situé sur le domaine de l’ex gendarmerie, soit à proximité de l’actuel parlement. Les travaux de construction sont prévus pour durer 30 mois pour un coût de 25 milliards Fcfa. La Société immobilière et d’aménagement urbain (SImAU) en assure la maîtrise d’ouvrage déléguée. En juillet dernier, le taux de réalisation physique était d’environ 60%. Le nouveau siège de l’Assemblée nationale est un complexe composé d’un bâtiment principal de 4 étages ; une salle polyvalente ; des bâtiments satellites ; une caserne militaire ; un parking semi-couvert ; et un jardin du Peuple d’une superficie de 3 ha.