Le conflit israélo-palestinien, qui dure depuis 1948 avec la création de l’État d’Israël, a pris une nouvelle tournure. Le mouvement islamiste Hamas a lancé samedi 7 octobre une attaque de grande envergure contre l’État hébreu en tirant environ 5000 roquettes depuis la bande de Gaza.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
L’opération est baptisée “Déluge d’Al-Aqsa” du nom de la mosquée située en Palestine où des heurts s’étaient produites auparavant avec l’irruption de l’armée israélienne. La branche armée du Hamas, qui a infiltré le territoire israélien avec succès a enlevé des civils et des soldats israéliens. L’État hébreu, pris au dépourvu a aussitôt réagi en lançant la contre-opération “Epées de fer”. «Nous sommes en guerre », a déclaré le premier ministre Benjamin Netanyahou.
Depuis, la bande de Gaza est pilonnée, des bâtiments s’écroulent dont la célèbre tour de Palestine de 24 étages, un centre de médias très symbolique. «Des dizaines d’avions de combat de Tsahal [nom de l’armée israélienne] frappent des cibles du Hamas dans la bande de Gaza, indique Tsahal», rapporte Sputnik Afrique.
En 48h, plus de 600 personnes, dont 26 militaires, ont été tuées et « plus de 2.000 blessées » côté israélien, selon le site 20 minutes. Côté palestinien, les opérations israéliennes au sol et dans les airs ont fait 370 morts et 2.200 blessés, selon le ministère palestinien de la Santé.
Cette nouvelle escalade du conflit israélo-palestinien est inédite. Elle a surtout surpris Israël. «Nous n’étions pas prêts à cela. Ils ont essayé de nous le cacher. Et évidemment, ils ont réussi. Cela montre qu’ici, au Moyen-Orient, tout peut arriver. Même les choses que vous n’auriez pas pu prédire peuvent arriver», a avoué à Sputnik Meir Elran, chercheur de l’université de Tel Aviv.
Réactions internationales
Israël a obtenu naturellement le soutien du bloc occidental : «les horribles attaques du Hamas » (Grande Bretagne ), « attaque brutale » (Italie), « violence aveugle » du Hamas (Espagne). Les Etats-Unis, eux, ont réaffirmé leur engagement « inébranlable » aux côtés d’Israël, et ont promis s’assurer qu’il « a ce dont il a besoin pour se défendre ». Ils ont ainsi envoyé des munitions à Israël et ont déployé un porte-avions, selon le Figaro.
A contrario, la Russie, l’Arabie soudite, l’Égypte et la Turquie n’ont pas pris position contre un camp. Sur cette nouvelle escalade, leurs vocabulaires sont ceux d’un appel à « un cessez-le-feu immédiat », « un maximum de retenue », ou à « agir de manière raisonnable ».
Dans le monde arabe, l’attaque du Hamas est célébré comme un “acte héroïque”. Plusieurs personnes ont défilé en Iran, au Liban et en Turquie par exemple, pour soutenir la Palestine.
L’on craint que la nouvelle tournure du conflit israélo-palestinien ne se complexifie avec l’ouverture d’autres fronts en plus de la bande de Gaza (partie sud d’Israël. Le Hamas ayant reçu des soutiens dans le monde arabe (Irak, Iran…) Le Hezbollah libanais -un parti politique et un groupe paramilitaire libanais islamiste chiite- est ainsi entré en action par solidarité.
Aux origines
Les palestiniens dénoncent l’appropriation et la colonisation de leurs terres par l’Israël. L’attaque du Hamas samedi dernier intervient à l’occasion de la célébration des 50 ans de la guerre du Kippour (fête juive). Débutée le 6 octobre 1973, elle avait opposé les armée égyptienne et syrienne qui se sont lancé contre Israël.
«À la sortie de la seconde guerre mondiale et après l’horreur de la Shoah, le contexte international a changé: l’O.N.U. vote le partage de la Palestine: la résolution 181 est adoptée. Ce 29 novembre 1947, l’O.N.U. met fin au mandat britannique et se prononce pour la création de l’État juif. Ce plan est refusé par les Arabes de Palestine. Six mois plus tard, date à laquelle prend fin le mandat britannique, Ben Gourion et les fondateurs d’Israël déclarent l’indépendance de l’État d’Israël.
Le Figaro
Au cours des années 1930, la persécution des Juifs en Europe (en particulier dans l’Allemagne nazie) entraîne une forte migration vers la Palestine. Les Britanniques proposent, en 1937, un premier plan de partage de la région. En somme, les Juifs occuperaient le nord, et les Arabes, le sud. La région de Jérusalem, lieu sacré pour les deux peuples, resterait sous contrôle britannique. Mais ce plan ne fait pas l’unanimité, tout comme les versions subséquentes, qui avortent avec les hostilités de la Seconde Guerre mondiale.
Après la Seconde Guerre mondiale, en 1947, les Nations unies votent un plan de partage de la Palestine entre Juifs et Arabes. Les villes de Jérusalem et Bethléem, qui ont une signification religieuse pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, restent sous contrôle international. Les Juifs acceptent ce plan, tandis que l’ensemble des Arabes le rejettent.
La seconde Intifada éclate en 2000 lorsque le premier ministre israélien Ariel Sharon visite l’esplanade des Mosquées. Les hostilités en Palestiniens et Israéliens causeront la mort d’environ 6000 personnes au total, les pertes étant plus nombreuses du côté palestinien…
Face à ces agressions répétées, l’État hébreu a entamé la construction d’un mur le long de sa frontière pour se protéger et limiter l’accès à son territoire. Pour entrer en Israël, les Palestiniens doivent obligatoirement passer par des postes de contrôle. Ils ne peuvent quitter la bande de Gaza librement.
Par ailleurs, l’État hébreu a adopté une politique de colonisation des territoires occupés, ce qui contribue à accroître les tensions avec les Palestiniens, ceux-ci dénonçant l’appropriation de leur terre et de ses richesses. L’établissement de colons juifs en Cisjordanie a été fortement critiquée sur la scène internationale.
Aujourd’hui, le conflit israélo-palestinien porte sur plusieurs enjeux, dont la reconnaissance des deux peuples, leur territoire respectif – y compris le statut de la ville sainte de Jérusalem –, le statut de plusieurs millions de Palestiniens déplacés en raison des conflits et le droit du retour.
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