Le quotidien Bénin Intelligent a accueilli vendredi 13 octobre la séance d’échange hebdomadaire du porte-parole du gouvernement avec la presse. Wilfried Léandre Houngbédji a répondu aux questions des journalistes relatives au conseil des ministres du 11 octobre et l’actualité nationale et internationale. Les discussions ont porté essentiellement sur la démission du ministre Oswald Homeky, la succession de Patrice Talon, l’indemnisation des personnes touchées par la phase 2 du Projet d’aménagement et de bitumage de la ‘’Route des pêches’’, la guerre au Moyen-Orient, l’ouverture des nouveaux marchés, la formalisation du secteur du ‘’kpayo” et l’identification des corps des victimes du drame de Sèmè-Kraké. La Rédaction de ‘’Bénin Intelligent’’ vous propose la transcription.
Journaliste : Dans le cadre de la phase 2 du projet d’aménagement et de bitumage de la ‘’Route des pêches’’, le gouvernement a déclaré d’utilité publique les emprises touchées. Nous sommes préoccupés de savoir si l’indemnisation promise par le gouvernement sera-t-elle conséquente aux investissements consentis par les personnes concernées.
Wilfred Léandre Houngbédji : Je vous remercie. Sur l’indemnisation, vous avez des doutes ? Elle va se faire conformément aux textes de la République. Il y a des textes en la matière. Le compte rendu du conseil des ministres a indiqué qu’elle va se faire conformément aux textes, donc soyez rassurés.
Ce qui est prévu par la loi ou par les actes règlementaires sera appliqué pour l’indemnisation. Le plus important c’est que les personnes concernées entrent effectivement en possession de ce qui leur est dû par l’Etat dans les cas pareils. Nous avons fait l’effort de recenser ces personnes. Vous avez noté qu’il s’agit de deux bretelles –d’autres viendront après- mais dans l’immédiat ce sont les deux bretelles A et C qui sont les plus affectées.
Les propriétés sont recensées. Même au m2 près les superficies concernées par ces emprises, les plans sont recensés. Les plans ont leur prix que les communautés ont l’habitude de pratiquer. Donc tout cela a été pris en compte. Je peux vous rassurer qu’on est au-delà de trois milliards de franc Cfa pour cette action. Ça veut dire que c’est une somme conséquente et les 271 propriétés dénombrées, les milliers de plans –environ 5000- et les parcelles aussi affectées feront l’objet de traitement adéquat par les services du foncier et les services du Trésor public.
Il y a une nouvelle escalade dans le conflit israélo-palestinien depuis samedi 7 octobre. Le Bénin a des relations avec l’Etat sioniste notamment dans le domaine de la formation. Le Nigéria par exemple a procédé à des évacuations de ressortissants. Y a-t-il des Béninois en difficulté actuellement dans cette partie du Moyen-Orient ?
Wilfred Léandre Houngbédji : A ce jour nous n’avons pas dénombré de Béninois qui seraient concernés par ce qu’il se passe là-bas en zone de conflit. Mais les services du ministère des Affaires étrangères, le ministre lui-même en tête et toute son équipe, ils ont toujours été attentifs lorsque ces cas se présentent pour voir s’il y a certains de nos compatriotes qui s’y retrouveraient, qui auraient des besoins spécifiques en termes de rapatriement ou d’assistance particulière à leur apporter. Le cas échéant le gouvernement instruit pour que le ministère fasse tout ce qu’il doit faire afin de voler au secours de nos concitoyens. Parce que nous considérons que, un seul Béninois qui se trouve en difficulté ailleurs, autant que nous pouvons intervenir nous devons le faire, nous ne nous ferons pas prier.
Il y a que -c’est ce qui peut justifier votre question- en général les Béninois ne s’installent pas dans certaine partie du monde où d’autres communautés se retrouvent aisément du fait de leurs pratiques ou des relations entre leurs pays ; de sorte que, quand certaines crises interviennent, on a le sentiment que le Bénin ne fait rien, on se demande : « si les autres courent, pourquoi le Bénin ne fait rien, le Bénin est où ? »
C’est parce que souvent il n’y a pas de communauté béninoise avérée là-bas. L’exemple le plus récent est le cas tunisien. Lorsque d’autres pays comptaient des centaines de ressortissants nous, nous avons fait le point : le Bénin ne comptait pas plus de 70 personnes. Parmi elles à l’époque, la moitié était en situation régulière, tout papier à jour et c’est l’autre moitié qui avait des difficultés et nous avions fait ce que nous devrions faire pour ces personnes en lien avec notre ambassade sur Rabat (Maroc).
Quelle est la position du Bénin par rapport à la solution à deux Etats souverains –israélien et palestinien- qui cohabitent en paix ?
Wilfred Léandre Houngbédji : C’est une solution qui a été adoptée par la communauté internationale à un moment donné et nous nous sommes partisans du multilatéralisme dans les relations internationales. A partir du moment où c’est une solution qui a été retenue et qui semblait convenir aux deux parties, le Bénin n’a d’autre choix que de les encourager pour que cette solution soit mise en œuvre.
L’Inspection générale des finances a organisé récemment un concours de recrutement de 15 fonctionnaires. A l’arrivée, 14 personnes ont été retenues alors que des centaines de béninois ont postulé.
Wilfred Léandre Houngbédji : Ce que je sais, c’est que nous faisons en sorte depuis 2016 que la transparence prévale dans les concours et qu’il n’y ait pas d’admission de complaisance. C’est ce qui a fait qu’il y a trois ans on a organisé le recrutement d’auditeurs de justice, on a ouvert 80 postes et à l’arrivée on a eu que 12. Il y avait 68 postes disponibles pour lesquels aucun soutien du chef de l’Etat, aucun parti n’a eu l’idée de dire, est-ce qu’on ne peut pas partager ces postes aux militants ; parce qu’on veut la qualité, on veut donner les mêmes chances à tous les Béninois.
Donc si on a ouvert pour 15 postes et qu’on en a 14 à l’arrivée, je considère- puisque n’étant pas mêlé à l’organisation- que ce sont les 14 qui ont rempli toutes les conditions et qui ont tiré leur épingle du jeu. Cela doit vous rassurer par rapport au sérieux que nous mettons dans l’organisation et aussi la transparence. Parce que, au moins pour le début on sait qu’il y a eu plus de 15 qui ont postulé, mais si on a 14 candidats retenus cela veut dire que, il y a une place qui pourrait être ouverte plus tard et si quelqu’un remplit les conditions il pourra l’enlever.
Moi je suis plutôt heureux de ma position. Cela confirme que la dynamique qui est impulsée maintenant à l’organisation des concours dans la Fonction publique, elle fonctionne et qu’il n’y a pas de complaisance.
Qu’est-ce qui a vraiment poussé le ministre Oswald Homéky à la démission ? Il est pourtant l’un des fidèles alliés.
Wilfried Léandre Houngbédji : Je m’attendais à cette question. De nombreux médias ont traité le sujet depuis une semaine et j’ai vu que vous avez évoqué les raisons. Donc il n’y a rien de nouveau à ajouter.
Bon, ça fait partie de la dynamique politique que de telle situation arrive par moment ou à un autre avec un acteur ou un autre. Le ministre Homeky a considéré que le moment était venu pour lui de mettre fin à sa relation avec le président de la République, entendu es qualité chef du gouvernement. Donc il a offert sa démission qui a été acceptée.
Ce que je peux vous dire sans trahir trop les secrets, c’est que conformément à ce que certains d’entre vous ont pu évoquer, il a été interpelé par le président de la République sur une certaine attitude politique qui jure avec l’esprit de la réforme du système partisan ; laquelle réforme voudrait que les partis politiques soient remis au cœur de l’animation de la vie politique et que les individus ne supplantent plus les organisations que sont les partis politiques. D’où cette réforme majeure qui a fait que les partis politiques parrainent les prétendants à la magistrature suprême.
Si désormais vous n’avez pas le parrainage d’au moins 10% d’élus (maires et députés ensemble) vous ne pouvez pas être candidat aux élections présidentielles. Ce sont les partis politiques qui positionnent les candidats pour les municipales ou les législatives. Il n’y a plus de candidatures indépendantes.
Donc on a fait cette réforme pour asseoir davantage de cohérence et d’homogénéité de l’action politique. La position personnelle que le ministre Homéky a prise est apparue comme étant en déphasage avec l’esprit de la réforme du système partisan. Et c’est pour cela que le chef de l’Etat l’a interpelé et lui a dit d’éviter cela à l’avenir parce que cela mettrait à mal à terme cette réforme. Le ministre a considéré qu’il pouvait défendre sa position et c’est la raison pour laquelle il a demandé à être libéré de ses fonctions. Ce que le chef de l’Etat a accepté.
Le ministre Oswald Homéky a fait cette sortie il y a un bout de temps. Pourquoi c’est maintenant que le chef de l’Etat y revient ?
Wilfred Léandre Houngbédji : Le chef de l’Etat a l’opportunité du moment où il va agir ou réagir. Vous avez dit que ça fait un bout de temps, peut-être que le chef de l’Etat a attendu, observé pour voir s’il y a une démarche dans un sens ou dans l’autre. Peut-être, je n’en sais rien. Il a jugé que le moment opportun il mettra les choses au clair pour tout le monde. Parce que, en parlant au ministre Homéky il parle à tous les acteurs politiques, tous ceux qui appartiennent à des partis politiques et leur demande d’avoir à observer certaine discipline de groupe tant que, par exemple le sujet n’a pas été discuté dans leur parti pour qu’un choix soit fait, c’est difficilement défendable que des responsables de partis en marge de la ligne du parti, en marge de la décision que le parti aurait prise, puissent faire cavalier seul. C’est ce que le chef de l’Etat a voulu que tous les acteurs politiques notamment les ministres autour de la table du conseil, entendent.
Je voudrais aborder le volet du système partisan. Celui pour qui le ministre a prêché est quand même un proche du président de la République. On constate dans tout le pays qu’il y a des appels de suscitation, il n’y a rien d’officiel de son côté. Le ministre n’a-t-il pas été victime du silence de ce dernier ? Parce que quand on voit la réforme du système partisan et ceux qui font les appels à suscitation aujourd’hui, c’est beaucoup plus les jeunes ou militants de la mouvance qui s’adonnent à cette pratique.
Wilfried Léandre Houngbédji : Sur la question de la suscitation de candidature, moi je n’ai pas noté des responsables de partis politiques qui organisent des activités ici où là pour dire, nous suscitons la candidature de telle ou telle personne. Et s’agissant du ministre Homéky, je l’ai dit tout à l’heure, il ne me semble pas tant que ce soit son choix personnel parce que son choix personnel, il aura à l’exprimer dans l’urne. Personne ne lui en voudra pour cela. Il ne me semble pas tant que ce soit son choix personnel qui soit sanctionné mais plutôt la façon de le faire et de le dire en dehors de la discipline du parti politique auquel il appartient. Ce qui, encore une fois est perçue comme attentatoire à l’esprit de la réforme du système partisan.
Ne considérez-vous pas que lorsqu’on a fait cette réforme et qu’on a donné ce pouvoir au parti politique, si des responsables au premier plan des partis politiques ont des attitudes qui jurent avec l’esprit de la réforme du système partisan, est-ce que vous ne considérez pas que c’est nuisible à termes à l’effectivité de cette réforme ? Si vous êtes d’accord avec, donc vous comprenez bien que le chef du gouvernement ait entendu, interpelé son ministre et au-delà de lui tous les autres pour leur dire : attention, vous devez observer de la discipline vis-à-vis de vos partis politiques sur des sujets qui peuvent être débattus par votre parti et qui ne le sont pas. Et quand on a des opinions, on va les exprimer au sein des partis politiques pour essayer de se faire comprendre et d’emporter l’adhésion de la majorité.
Il y a des audio régionalistes qui ont circulé sur la toile, dans lesquels des personnes estiment qu’elles ont mouillé le maillot plus que tous pour qu’on accorde toujours des postes ministériels à telle ou telle région.
Wilfried Léandre Houngbédji : ça va leur passer. Nous allons tous travailler à renforcer l’harmonie, le vivre-ensemble, la cohésion nationale. En politique on peut avoir des déceptions, vous pouvez militer pour quelqu’un qui gagne et que vous n’avez pas de poste. J’en connais plein au sein de la mouvance présidentielle. Un président de la République malgré toute sa bonne volonté, même s’il devait à lui seul nommer des gens à tous les postes de responsabilité de l’Etat, même si on lui donnait le droit de nommer tous les fonctionnaires dans tous les ministères, dans toutes les sociétés, toutes les directions…à l’arrivée il y aura toujours des gens qui n’auront pas de place. Donc il y aura toujours des mécontentements en politique ici comme ailleurs.
Une intervention militaire étant désormais presque abandonnée, quelle est aujourd’hui la porte de sortie que préconisent la Cedeao et surtout le Bénin dans la crise qui secoue le Niger ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Le Bénin au sein de la Cedeao travaille activement à une sortie rapide de crise. Nous considérons que cette crise, elle dure plus de deux mois maintenant avec les effets que l’on connait sur les populations notamment. Donc, nous travaillons activement avec d’autres au sein de la communauté à ce que, une solution soit trouvée. Si les choses se passent bien, vous en serez informés le plus tôt possible.
On note que les nouvelles autorités militaires en veulent particulièrement au Bénin pour sa solidarité des décisions de la Cedeao. Avec les relations qui sont un peu tendues aujourd’hui, je voudrais savoir si la coopération entre le Bénin et le Niger ne s’est pas effritée ?
Wilfried Léandre Houngbédji : J’ai déjà dit et répété à certains de vos confrères que, avant cette crise, le Bénin et le Niger ont toujours eu de très bonnes relations. Cette crise, elle est conjoncturelle parce que, aucune crise ne durera 5 ans, 10 ans, 20 ans, 30 ans. Elle est conjoncturelle. Nous considérons que, elle va passer et une fois qu’elle sera passée, le réalisme va l’emporter et les relations redeviendront au moins aussi bonnes qu’elles étaient avant. Nous nous le professons et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour ça.
A propos de l’indemnisation des personnes dont les propriétés ont été déclarées d’utilité publique. Etaient-elles informées bien avant le conseil des ministres du mercredi dernier ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Non ! Cela ne se passe pas ainsi. Il y a plusieurs cas en réalité. Si par exemple, il y a un projet qui est envisagé pour être mise en œuvre ici ou là et que cela appelle une déclaration d’utilité publique, l’Etat peut procéder à la déclaration d’utilité publique du domaine concerné et ensuite les actes conséquents qui devront être posés le seront et on va rencontrer les personnes concernées ou qui sont censées être impactées par la mesure.
Dans le cas d’espèce, il y a un projet qui est déjà en cours d’exécution. Donc, l’environnement est connu de sorte que, il y a déjà même un recensement qui a été fait et les personnes concernées pour la plupart ont signé même déjà les documents. Donc, c’est un autre cas d’espèce, à savoir que le projet en cours, les domaines qu’il faut libérer sont connus et les personnes concernées ont été recensées de sorte que, elles ont été informées depuis, de cette procédure qui est en cours.
La décision du conseil des ministres n’est que l’épilogue parce que ce n’est qu’une formalité substantielle que prescrivent les textes en la matière et à partir du moment où le conseil des ministres se prononce maintenant, cela devient effectif pour ces personnes qui savent que bon, nos domaines, nos maisons, nos plantations qui ont été recensés, dont on a calculé les superficies, tout cela est maintenant formellement pris en compte, et la procédure pour l’indemnisation effective va se mettre en branle à la diligence de l’Andf et du Trésor public.
Comment se fait l’indemnisation ? Est-ce qu’on les paie en fonction de ce que vaut leur terrain ou leur culture ?
Wilfried Léandre Houngbédji : La Constitution du Bénin a prévu que les déclarations pour cause d’utilité publique se fassent contre juste et préalable indemnisation. Il y a des textes qui organisent cela ; parce que s’il n’y a pas de texte et que par exemple dans la même localité, vous êtes 100, vous pouvez avoir 100 parcelles et chacun va fixer le prix de sa parcelle même s’il n’a pas de titre foncier. Et vous serez d’accord avec que si cela se passe ainsi, ça va devenir vraiment quelque chose de diffus et l’Etat va s’y perdre. Donc, il y a des textes qui organisent cela. Et les textes ont fixé des barèmes.
Par exemple, quand vous prenez les arbres, on va dire un plan de cocotier selon les pratiques communautaires vaut X francs et un plant de teck vaut X francs. On va calculer en fonction du nombre de plants que vous avez pour vous payer. On dira par exemple s’agissant des parcelles, 1m2 de parcelle dans telle localité vaut 1000F ou bien 1300F, 2000F, voire 500 F en fonction des localités. Et en fonction des superficies que possèdent les personnes affectées, les calculent seront faits pour que ce qui doit leur être payé le soit conformément aux textes.
La formalisation du secteur de l’essence de contrebande ‘’kpayo’’, où en est-on ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Ce que le gouvernement a fait c’est que depuis au moins trois ans maintenant, il a engagé des réflexions très sérieuses autour du secteur, a fait des séances avec les acteurs et a défini un modèle de réorganisation qui les reverse dans le secteur formel. Donc nous avons planifié la formalisation du secteur. Cela a fait que le chef de l’Etat a diligenté des missions dans certains pays, en Chine notamment, pour voir de grosses unités de fabrication des mini stations. Nous avons fait venir trois modèles de mini stations. Certains d’entre vous ont pu les voir à la présidence du côté du parc auto. Il y avait trois modèles qu’on a fait venir pour les essayer, voir les fonctionnalités, les résistances, la capacité et tout.
Au bout de cette phase d’observation, d’épreuves de ces mini stations, un choix a été fait et commande a été passée pour 5000 mini stations. Il y a trois mois nous avons réceptionné 2000 mini stations. Au moment où le drame de Sèmè-Kraké survenait, dans cette même semaine le ministère de l’Industrie et du commerce venait de finir l’étalonnage de ces 2000 mini stations. L’étalonnage c’est pour leur conformité aux normes de métrologie. Pour que si vous allez là-bas, vous voulez un litre, que ce soit vraiment un litre. Donc l’étalonnage est achevé. Mais, entre-temps l’équipe technique, donc la société en charge et les services de la mairie de Cotonou notamment, se sont vus. Ils ont sillonné la ville, les artères, rencontré les acteurs et ont identifié les points qui pourraient recevoir ces mini stations dans la ville de Cotonou.
C’était un travail préalable nécessaire parce qu’aujourd’hui chacun s’installe comme il veut. Mais si on doit mettre des mini stations et faire exactement comme les 54000 acteurs de ce secteur le font, on ne serait pas avancé. Donc il a fallu avoir des discussions pour voir par exemple, si on a une rue de 200m dans laquelle il y a cinq ou six vendeurs du kpayo, est-ce que ce serait cohérent d’avoir cinq ou six mini stations dans cette même ruelle ? Est-ce qu’une seule mini station ou deux ne suffiraient pas ? Le cas échéant, comment on fait, se parler les différents acteurs, quel est le modèle qu’on met en place pour que chacun trouve son compte afin que la mini station ne soit pas le fait d’un seul et que les autres soient laisser en rade ?
Ces discussions étaient en cours quand le drame est survenu. Vous avez observé les villes au moins de Cotonou, quand on va vers Sèmè, Porto-Novo, Calavi, Ouidah… vous avez dû voir qu’il y a des socles qui ont été posés par endroit devant certaines maisons, du béton et même les mini stations ont commencé par être implantées. Sauf qu’elles sont encore couvertes. Des gens ont vu et ont témoigné. Ce qui veut dire que, effectivement on a pris ce problème à bras le corps il y a longtemps. Ce n’est pas en quelques jours qu’on peut faire venir 2000 mini stations et commencer l’implantation.
Et donc la perspective pour nous, est que à terme, il y ait de mini stations partout pour que le ‘’kpayo’’ sous la forme qu’on l’a connu disparaisse et que la formalisation du secteur s’engage. L’avantage aujourd’hui avec ces mini stations, c’est qu’au-delà du ‘’kpayo’’ elles vont nous permettre d’avoir de la disponibilité du produit dans des communes où il n’y a aucune station. Donc ces communes ont été identifiées pour bénéficier de l’installation des mini stations et nous espérons que quand cela aura commencé avec l’accompagnement des acteurs, que tous vont entrer dans la formalisation et ce sera davantage de sécurité, davantage de bien être au plan sanitaire et au plan environnemental.
Nous avons toujours considérer que le commerce de l’essence ‘’kpayo’’ c’est une situation qui ne peut pas être éternelle. Le Nigéria peut adopter des politiques publiques qui vont faire que le ‘’kpayo’’ ne pourra plus venir au Bénin. Mais si le kpayo ne vient plus au Bénin, il faut que partout au Bénin, nous ayons de l’essence. L’Etat ne va pas faire commerce de ‘’kpayo’’ demain. C’est pour ça, qu’il faut encourager la formalisation. Depuis que le président Tinubu est là et qu’on a mis fin à la subvention du ‘’kpayo’’, est-ce que le ‘’kpayo’’ n’est-il pas devenu plus cher ? Plus cher même qu’à la station. Il n’y aura même plus d’intérêt pour aller chercher d’essence de l’autre côté. Les acteurs de ‘’kpayo’’ ont des faîtières qui les représentent. Et nous travaillons avec ces faîtières.
Le gouvernement encourage les acteurs à se mettre ensemble pour recevoir et gérer des mini stations. Des vendeurs craignent pour une rentabilité profitable à chacun d’eux.
Wilfried Léandre Houngbédji : La mutualisation des moyens peut créer davantage d’efficacité au service de la cause. Dans une rue de 200m ou 500m, nous avons plusieurs acteurs. Est-ce que pour eux-mêmes, c’est pertinent d’installer plusieurs mini stations dans cette même zone ? C’est parce qu’ils n’ont pas souvent éprouver la mise en commun des moyens qu’on a le sentiment que ça marche tout seul pour soi et qu’ensemble on n’est pas sûr d’avoir sa part.
Mais si vous une rue, où les quatre vendent peut-être 200L d’essence par jour. Si on met une mini station, toute chose restant égale par ailleurs, ils vendront 200L d’essence par jour. Ensemble ils verront ce que chacun a apporté au capital. Si j’ai apporté 30%, j’aurai 30% de bénéfice. Donc ça aussi va nous apprendre de se mettre ensemble, travailler ensemble, réussir ensemble et devenir plus grand ensemble.
Seriez-vous d’accord qu’on commande 54000 mini stations ? Parce que si on doit faire pour chaque acteur, à aujourd’hui il faut 54000 mini stations. Est-ce que c’est de ça qu’on a besoin ? Pour que dans une rue, il y aura trois voire cinq mini stations. Ce n’est pas pertinent et ça ne ressemble pas au Bénin d’aujourd’hui. C’est pour cela que la sensibilisation se fait avec leurs représentants et nous espérons que tout le monde comprenne la logique.
Quel sera le mode d’attribution desdites mini stations ? Les vendeurs vont-ils les acheter auprès de la société gestionnaire ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Nous mettons les mini stations à leurs niveaux et ce qu’ils vont payer comme taxe sera défini. Pour qu’une fois qu’ils vont commencer, qu’ils sachent que chaque jour, ils doivent payer tel montant comme taxe.
Les dispositions sont prises. C’est ce qui fait que depuis quelques temps vous voyez la dynamique d’implantation des stations-services classiques dans notre pays. Par exemple, les anciennes stations de la Sonacop ont été cédées aux privés qui ont commencé à les réhabiliter et ce n’est pas seulement à Cotonou. Maintenant avec les mini stations, nous avons indiqué que là où il n’y en avait pas, ces mini stations vont être déployées. Les points d’implantation ont été recensés. Il faut bien qu’il y ait du trafic pour que les consommateurs viennent chercher le produit. Donc en amont, le balisage a été fait pour que les stations soient accessibles et que le produit soit disponible pour les usagers.
Comment s’inscrire pour entrer dans le formel et bénéficier des mini stations ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Pour quelqu’un qui veut commercialiser l’essence aujourd’hui, il va voir les faîtières ou aller vers la société qui est créée pour s’occuper de la distribution des produits pétroliers. La personne va se rapprocher de cette société et dire qu’elle a envie de s’installer dans le domaine de l’hydrocarbure, pas en tant que vendeur de ‘’kpayo’’. La personne va demander à s’inscrire pour pouvoir en bénéficier. Les faîtières sont le couloir de transmission entre les acteurs et l’Etat donc ce sont eux qui vont porter le message et ça va se faire.
Quelques semaines après le drame de Sème Kraké, quelle est l’évolution de la situation par rapport à l’identification des corps et aussi par rapport à la situation des blessés qui sont à l’hôpital ?
Wilfried Léandre Houngbédji : C’est un sujet douloureux et nous espérons que cela ne se reproduira plus dans notre pays. La procédure d’identification des corps a commencé avec l’appel du ministère de la Santé aux familles afin que les prélèvements qui doivent se faire sur des membres des familles se fassent. Je n’ai pas les détails de la situation aujourd’hui pour dire combien l’ont déjà fait et combien sont attendus.
Mais dans tous les cas, vous avez suivi le communiqué du ministre de la Santé qui invitait les membres des familles à se présenter, ainsi que nous l’avons fait lorsque cette situation s’est produite à Dassa. Une fois que les prélèvements sont obtenus, ils vont être envoyés au laboratoire indiqué pour les analyses en lien avec les prélèvements qui seront faits sur les restes disponibles. Et à partir de ce moment-là, sur une base scientifique, chaque reste pourra être identifié et attribué au membre de telle famille qui aurait trépassé à l’occasion de ce drame.
Vous pouvez être rassuré que nous ferons tout pour veiller à ce que les résultats soient conformes à ce que la science permet d’obtenir aujourd’hui quand les circonstances sont aussi compliquées que celles-là.
En ce qui concerne les malades, j’ai rappelé ici que le gouvernement a demandé diligemment que leur prise en charge intégrale soit aux frais du trésor public. Et c’est cela qui se fait actuellement. Les jours d’après, nous avons perdu l’un d’entre eux. Mais je n’ai pas entendu depuis lors qu’il y aurait eu d’autres pertes, sauf à en parler avec le ministre de la Santé ou avec les responsables de Cnhu. Mais je pense que si c’était le cas, en semaine, le lundi en comité et le mercredi en conseil, peut-être que le ministre de la Santé aurait informé. Si cela ne lui est pas échappé, on considère que c’est le statu quo par rapport aux dernières informations que nous avons eues.
Près de quatre mois après les incidents tragiques lors du match “Bénin vs Sénégal”, quelles informations officielles découlent du rapport de la commission diligentée ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Le rapport est commandé à des cadres et il est présidé par le ministère. Une fois qu’au niveau du ministère ils auront fini, l’information sera envoyée au niveau du conseil des ministres, ou carrément le ministère même décide d’informer. Et moi du moment où j’ai l’information officielle je peux la partager avec vous. Dans tous les cas les leçons ont été tirées de l’événement. Si c’est des faiblesses, si c’est des manquements, ils ont dû en tirer des leçons pour éviter que cela ne se produise à l’occasion des prochains matchs à domicile.
Nous sommes à moins de trois ans de la fin du second mandat du président Talon. Le chef l’État avait dit “qu’on ne change pas une équipe qui gagne”, et là nous avons enregistré deux départs et une démission, faut-il craindre que les jours à venir le régime présente des signes de lassitude ou de fissure ?
Wilfried Léandre Houngbédji : L’actualité politique, elle est dynamique et nous sommes là et donc nous aurons tous à apprécier dans quel sens elle va. Aujourd’hui, la priorité pour le chef de l’État, c’est que l’équipe reste mobilisée pour la réalisation des actions du Programme d’action du gouvernement, l’amélioration des conditions de vie des populations. Le chef de l’État considère qu’il ne doit pas y avoir de place pour la politique politicienne. Le temps de la politique politicienne viendra, et les acteurs pourront se déployer à leur guise. Mais actuellement au gouvernement, dans la sphère de l’exécutif ce qu’il attend de chacun c’est son entière disponibilité pour la réalisation du Pag.
Les questions politiciennes, si elles interviennent, vous les aborderez avec les acteurs politiques qui eux ont la latitude de se déployer dans cet aspect. Mais je peux vous dire que cette équipe elle est unie autour du chef de l’État, dans la perspective de la réalisation de nos grandes ambitions pour l’amélioration des conditions de vie des populations béninoises.
Les nouveaux marchés construits par le gouvernement sont terminés en grande majorité par endroit. Mais force est de constater que chaque soir beaucoup de bonnes dames investissent les trottoirs et vendent en toute insécurité. Qu’est-ce qui bloque l’ouverture de ces nouveaux espaces marchands ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Les travaux préalables sont en cours. J’ai noté récemment qu’il y a dans certains de ces marchés des lampadaires qui ont été remplacés. Soyez rassurés que si on a construit ces infrastructures marchandes c’est bien pour qu’elles soient occupées pour apporter plus de confort aux usagers, aux commerçants et commerçantes qui y obtiendraient des places. Nous-mêmes nous serons très heureux qu’elles soient mises en services bientôt.
Le gouvernement à travers l’ancien ministre des sports Oswald Homeky a promis construire un stade au plan international à Parakou. Beaucoup de citoyens dans le rang des populations béninoises notamment celles de la cité des Kobourou voient cette promesse s’envoler avec sa démission. Quel gage peuvent-elles avoir quant à la concrétisation de cette réalisation, en considérant le fait que le boulodrome d’Avlékété annoncé pour accueillir les 50èmes championnats mondiaux de pétanque n’a pas été réalisé et que le hall des arts est en dégradation très avancée, et la situation malheureuse de la piscine olympique ?
Wilfried Léandre Houngbédji : Déjà la piscine olympique de Kouhounou sera refaite. Je vous rassure. Maintenant en ce qui concerne le hall des arts de Cotonou, vous aurez remarqué qu’on a commencé la démolition des vieux bâtiments. Parce que le complexe qui va se mettre en place là, les choses sont très avancées. Une fois que ce qui doit être démoli sera démoli, et ce qui doit être préservé sera préservé, l’important c’est ce qui vient. Et vous aurez sur place un complexe moderne.
Quant-au boulodrome d’Avlékété, il avait été envisagé dans la perspective de la tenue des championnats du monde de pétanque. Les championnats viennent de se dérouler avec la perspective de rechange que nous avons eu (les chapiteaux, ndlr). Il appartiendra maintenant aux services du ministère des Sports d’actualiser leurs réflexions pour voir s’il est utile pour le Bénin de construire un boulodrome dans l’immédiat ou si on va le faire en différé.
Pour le stade de Parakou, moi je considère que c’est inscrit dans le Pag, nous sommes encore à deux ans et demi de la fin du mandat, je n’ai pas encore d’informations concrètes que cela n’est plus à l’ordre du jour. Ce qui est inscrit dans le Programme d’action du gouvernement (Pag) tant que le mandat n’est pas encore fini je considère que çà reste d’actualité. Si on commence la construction du stade avant 2026 par exemple, on réunit les moyens, on réunit les équipes techniques et que ça commence vous saurez que c’est un acquis.
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