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Salon Afrique unie : « Révéler l’Afrique « des solutions, des innovations, des réussites», Urmine Gounongbé

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Cotonou accueille du 9 au 11 novembre, la première édition en Afrique du Salon Afrique unie (Sau). Un choix stratégique au regard de la « dynamique » actuelle du Bénin qui permettra de montrer tout ce qui se fait « de bien » en Afrique, explique Urmine Gounongbe, Ceo du salon. INTERVIEW

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Bénin Intelligent : Le Bénin accueille le Salon Afrique Unie du 9 au 11 novembre prochain. De quoi s’agit-il ?

Urmine Gounongbé, Ceo du SAU : Le Salon Afrique unie, si vous voulez, c’est une plateforme de valorisation de tous les acteurs afro descendants. En gros, ce n’est pas qu’un salon. C’est un projet où on fait des rencontres à Paris au cours de l’année. Et à la fin de l’année on fait un salon pour réunir tous les acteurs afro descendants en vue de montrer l’Afrique des solutions, l’Afrique des innovations, l’Afrique des réussites. Parce qu’il est nécessaire que nous-mêmes en tant que diaspora, en tant que afro descendants, en tant que africains, on se valorise et qu’on montre de quoi on est capable.

Depuis quand l’initiative a-t-elle pris corps ?

Le projet Afrique unie est né en 2009. Tout simplement parce que à Paris en ce moment-là, il n’y avait pas un espace où toutes les personnes de la diaspora africaine, quels que soient les pays, puissent se retrouver pour montrer leur culture, leur gastronomie, la mode, bref tout ce qui est autour des industries culturelles et créatives.

«Et donc en 2018, on a commencé à vraiment mettre le volet business dans le Salon Afrique unie. Ce qui en fait aujourd’hui, un salon à la fois business et ‘’b to c’’.»

Donc ce projet a été initié par Ibrahim Coulibaly et au fil des années, on s’est rendu compte qu’il y a ce volet business, entrepreneuriat qui manquait. Et donc on a commencé à introduire parce qu’on se disait c’est bien beau la culture, c’est bien beau la musique, l’art, le cinéma. Mais il faut aussi montrer ce qui fait l’économie d’un pays au-delà de ça.

Et donc en 2018, on a commencé à vraiment mettre le volet business dans le Salon Afrique unie. Ce qui en fait aujourd’hui, un salon à la fois business et ‘’b to c’’. Et c’est le premier salon qui regroupe ces deux volets. Parce que généralement, vous avez l’habitude de voir des salons où on a que ces Ceo, qui est focus business, vous avez ce qu’on appelle les foires, qui ne sont que pour les ‘’b to c’’. Alors que nous on a les deux en parallèle parce qu’on pense que c’est ensemble qu’on peut porter un projet plus global et plus édifiant.

Le regard extérieur a toujours pensé que l’Afrique, c’est une terre maudite où se déroulent souvent les guerres et autres conflits. Le projet de salon s’intéresse-t-il à l’image du continent ?

C’est vrai que généralement ce qu’on nous montre dans les médias, que ce soit nos propres médias d’ailleurs ou les médias internationaux, c’est toujours ce côté, l’Afrique des souffrances, l’Afrique des bombes, l’Afrique des guerres. Maintenant, il y a aussi une Afrique, comme vous et moi, du sourire, du bonheur, de l’émerveillement, des réussites, des innovations, de la technologie, du numérique.

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Et quand on prend par exemple le cas du Bénin, depuis quelques années, il y a beaucoup de projets qui se développent dans le domaine du numérique. Il y a plein de jeunes, que ce soit dans les zones rurales ou dans les grandes villes qui font des choses. Mais personne n’est au courant. Pourquoi ? Est-ce qu’ils ne le méritent pas ?
Donc on s’est dit qu’il nous manque en tant qu’afro descendants une plateforme où on va chercher ces porteurs de projets, où on va chercher ces solutions pour montrer aussi qu’on n’est pas qu’un continent de guerre et de misère. Mais aussi qu’on est un continent de réussite, de solutions, d’innovations, de talents. Et c’est ça qui sous-tend le projet Salon Afrique unie.

«Le projet avait été initié parce que, étant de la diaspora, on n’avait aucun endroit, aucune plateforme où on se regroupait. Donc on avait besoin de ce partage entre afro descendants, entre les personnes des caraïbes, entre les personnes de la diaspora. On avait même des personnes qui venaient de l’Afrique pour participer à ce salon.»

C’est d’ailleurs pourquoi ce n’est pas que des personnes d’un pays. Le projet n’appartient à aucun pays. Le projet appartient à des personnes de différents pays, de différentes expertises, qui ont envie de véhiculer ce message de pays en pays. Et aller chercher le bon, le positif de chaque pays et de la mettre en lumière.

Le projet a été mis en œuvre depuis 2009. Pourquoi c’est maintenant que vous décidez de descendre en Afrique ?

La question s’est posée à nous. Mais quand on innove, quand on fait un projet, il faut qu’il soit assis, qu’il prenne ses bases. Et comme je l’ai dit dès le départ, le projet n’était pas fait pour travailler en Afrique. Le projet avait été initié parce que, étant de la diaspora, on n’avait aucun endroit, aucune plateforme où on se regroupait. Donc on avait besoin de ce partage entre afro descendants, entre les personnes des caraïbes, entre les personnes de la diaspora. On avait même des personnes qui venaient de l’Afrique pour participer à ce salon.
Et c’est au fil du temps qu’on s’est rendu compte qu’on défend quelque chose qui nous touche, nous afro descendants, qui touche l’Afrique. Et puisqu’on a déjà fait asseoir la base, on a désormais les armes nécessaires, les bagages nécessaires pour aller porter le projet sur le continent. En sachant que comme je l’ai dit tout à l’heure, l’Afrique c’est la première édition et ça ne remet pas tout à plat. Mais au moins on a déjà une expérience, une expertise qu’on peut adapter à la réalité de l’Afrique et montrer cette Afrique qu’on souhaite vous et moi, qui est aussi une Afrique de joie et d’économie.

Dans le comité d’organisation, il y a certainement eu des travaux. Dans le déroulé, est-ce que vous sentez que l’Afrique est vraiment unie ?

Pour être honnête avec vous, je ne pense pas. Parce que si on était vraiment uni, ça se saurait et ça se verrait. Mais quand on regarde du point de vue des personnes, on est quand même unis, qu’on soit du nord, du sud, l’est, l’ouest. Moi je travaille avec des personnes qui sont du Togo, du Mali, de la Guinée.

Mais il faut que chacun de nous, à notre niveau, qu’on prenne conscience qu’on a besoin de mutualiser les choses, qu’on a besoin de travailler ensemble. Et qu’il ne sert à rien de penser que tout seul, on peut être individu, en tant qu’entreprise, en tant qu’institution, en tant que État, fonctionner seul. On a besoin de se regrouper pour porter quelque chose qui prenne plus de la valeur.

Et donc l’Afrique n’est effectivement pas encore autant unie. Mais nous à notre niveau, on essaie du moins de réunir les populations pour montrer qu’il y a quand même ce besoin de se mettre ensemble. C’est surtout cela. Ce n’est pas forcément unité. Mais comment se mettre ensemble pour porter les économies, pour porter les entreprises, pour faire du business et pour vivre bien.

Lorsqu’on parle d’Afrique unie et de business, cela sous-entend, la libre circulation des personnes et des biens. On constate que d’année en année, cette vocation à rendre la circulation des personnes et des biens, libre, n’est pas une réalité. Que propose votre Salon pour corriger ce problème ?

C’est vrai que sur le salon nous sommes positionnés sur le plan de l’économie et du business et pas du tout sur le plan politique. Donc les décisions étatiques pour favoriser telle ou telle chose, je n’en suis pas experte. Mais quand on dit qu’il faut se mettre ensemble pour avancer, il faut effectivement que les États, les politiques et ceux qui ont l’expertise, ceux qui ont la charge puissent aussi faciliter les choses.

Mais normalement, comme dans l’union européenne, il devrait y avoir une libre circulation des personnes et des biens. Mais comme je l’ai dit, nous pour le moment au niveau du salon, c’est déjà pouvoir rassembler les personnes, montrer qu’il y a des choses bien qui se font et peut-être à partir de là, ceux qui sont experts dans leurs domaines pourront peut-être s’en servir pour nous mettre en place des procédures pour répondre à la question de la libre circulation des personnes et des biens en se regroupant.

Parce que si les 54 pays de l’Afrique se réunissaient et disent on veut commercer librement, on veut que les personnes circulent sans visa, je pense que ça peut résoudre pas mal de problèmes et faire développer les choses.

Pour ce qui est de la fuite des cerveaux africains, quel est l’apport d’Afrique unie ?

Je ne dirai pas que les personnes ne veulent plus venir. Peut-être qu’il y en a qui ne veulent plus revenir. Ça c’est un choix de vie. On ne peut pas le leur reprocher. Mais il y a des personnes comme moi ou d’autres qui ont envie de revenir, qui ont envie d’y investir, qui ont envie de mener des projets dans leur pays d’origine. Parce qu’ils ont pris le temps pendant des années d’acquérir des connaissances, d’avoir une expertise et qui à un moment de leur vie se disent ‘’il est quand même temps que j’aille y investir’’. Mais qu’est-ce qui bloque ?

Ces personnes se disent ‘’mais si je rentre, est-ce que j’ai les conditions pour pouvoir travailler pas forcément dans la fonction publique, mais en tant que chef d’entreprise ? Est-ce que le climat des affaires est sécurisé ? Est-ce que si je mets en place mon projet, j’ai le marché ? Est-ce que le marché du pays est suffisamment grand pour me permettre de le faire ?’’

Je pense aussi qu’il faut que les pouvoirs publics montrent les avantages à venir s’installer dans les pays. Ce que fait d’ailleurs l’APIEx je pense, qui montre que le Bénin aujourd’hui est un pays des opportunités où il y a des facilités, qu’on soit de la diaspora ou autre.

Il faut que les pays prennent cette question à cœur parce qu’il y en a qui veulent bien revenir. Leur dire que les conditions ne sont pas les mêmes. Mais quand vous venez, que vous vous installez et que vous travaillez et que vous persévérez, il y a des réussites et nous en tant qu’État, on vous met en place des conditions pour y arriver.

Quelles sont les grandes thématiques qui seront abordées lors de ce salon ?

On a plusieurs thématiques. Par exemple sur le domaine de la santé, sur le sport. En Afrique quand on dit le sport, c’est quand-même une économie mais on ne se rend pas compte. Donc nous avons décidé de faire une thématique pour montrer comment structurer le marché du sport en Afrique. Parce que dans le sport, vous avez plein de métiers. Mais comme on ne le fait pas, on pense encore que quand on fait le sport, c’est juste ludique alors que c’est du business.

«Le salon il est ouvert à tout le monde. C’est pour cela qu’on a le volet business, on a le volet ‘’b to c’’ c’est-à-dire l’exposition pour montrer ce qui se fait de mieux au Bénin et en Afrique. Donc le salon il est ouvert à tous les particuliers qui souhaitent y assister.»

Urmine Gounongbé

On a une thématique sur le numérique, on a une thématique sur l’agrobusiness ; on aura d’ailleurs le ministre Dossouhoui de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche sur ce panel-là.

On a un panel sur les collectivités territoriales. Ces communautés, ces communes, ces maires doivent être une zone attractive pour les entrepreneurs. Donc il faut que les collectivités territoriales aussi s’imprègnent un peu du potentiel économique de leurs territoires afin d’inviter ou d’inciter les entreprises à s’y implanter.
On a un panel sur le tourisme et sur le financement également. Et en dehors de ces panels, on a des masterclass, toujours pour montrer des cas concrets. Car comme je le dis, ce n’est pas faire un salon pour faire un salon. Nous quand on fait un salon, on montre des exemples concrets de ce qui se passe. On prend ce qui se fait de mieux à l’extérieur pour l’adapter au pays dans lequel on est.

Qui peut participer au salon ?

Le Salon, il est ouvert à tout le monde. C’est pour cela qu’on a le volet business, on a le volet ‘’b to c’’ c’est-à-dire l’exposition pour montrer ce qui se fait de mieux au Bénin et en Afrique. Donc le salon il est ouvert à tous les particuliers qui souhaitent y assister.

D’ailleurs l’accès est gratuit pour tous ceux qui veulent assister à l’espace exposition, visiter les stands, acheter ou s’amuser. Puisqu’il y aura des animations. L’espace business, il est également ouvert à tous ceux qui souhaitent assister à des workshops, à des panels, apprendre ou informer, réseauter, créer des courants d’affaire entre entreprises. Donc c’est ouvert à tous ceux qui voudraient venir voir ce que c’est que le salon Afrique unie puisque c’est la première édition en Afrique et au Bénin.

Alors pourquoi le Bénin ?

Le Bénin parce que déjà dans le comité, on a la chance d’avoir au moins deux personnes qui sont d’origine béninoise. La particularité du comité Salon Afrique unie comme je le disais, c’est qu’on est de plusieurs pays. Et donc il a fallu choisir un pays pour accueillir ce salon pour la première fois. Et donc chacun a su vendre son pays. Et nous on s’est rendu compte que dans la sous-région, aujourd’hui, c’est le Bénin qui est en pleine dynamique.

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C’est ce pays qui n’est pas si grand, qui n’a un grand marché, mais qui essaie de se positionner au même titre que des pays comme le Sénégal, la Côte d’ivoire, et on s’est dit, c’est la place où il faut être tout simplement.

Parce qu’on veut à notre petit niveau, contribuer à ce rayonnement et montrer aux investisseurs qui vont venir de différents pays qu’au Bénin, il y a un climat d’affaire sécurisé, vous avez la possibilité de créer des emplois, vous avez la possibilité d’y vivre bien. Et en plus vous avez la possibilité de faire du business. Le tourisme également. Donc c’est cette ouverture du Bénin à l’international qui nous a amené à choisir ce pays pour être le premier pays à accueillir le salon en Afrique.

Le climat des affaires implique également le climat sociopolitique. Quel mot avez-vous à l’endroit de ces pays qui sont frappés par des tensions sociopolitiques ?

Je pense qu’un individu ne se lève pas pour manifester. Il y a peut-être différentes raisons. Tout ce qu’on peut espérer c’est qu’il y ait un apaisement. Que les gens se disent qu’il y a des difficultés mais que chacun se dise que ce n’est pas non plus en se faisant la guerre qu’on va y arriver.

«Et tout seul, on n’y arrivera pas. Donc on a besoin de tout le Bénin, de tout ceux qui ont cette vision d’une Afrique des réussites, une Afrique des solutions, une Afrique des talents où nous retrouver pour qu’on partage pendant trois jours un moment exceptionnel et que le Bénin connaisse en fait aussi ce rayonnement sur le plan international.»

C’est comment vous et moi et tous ensemble, on trouve la stratégie. Parce que moi je n’ai pas la solution miracle. Mais je pense que c’est à la fois nos chefs d’Etat, les politiques, les particuliers. Tout le monde en fait doit se mettre ensemble pour voir quelle est la bonne approche pour que la paix règne. Parce que sans la paix, ce n’est bon pour personne.

Un mot pour conclure ?

Le Salon Afrique unie est là pour fédérer tous les acteurs afro descendants et qui va se dérouler au palais des congrès et en même temps sur l’esplanade de l’Amazone du 9 au 11 novembre. Et j’invite tous les acteurs économiques du Bénin et toutes la population béninoise, toutes les entreprises et toutes les institutions à venir parce que c’est en montrant cette force qu’on saura vraiment qu’on a envie de porter un projet qui va au-delà de nous-même mais qui prend tout un continent.

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Et tout seul, on n’y arrivera pas. Donc on a besoin de tout le Bénin, de tout ceux qui ont cette vision d’une Afrique des réussites, une Afrique des solutions, une Afrique des talents où nous retrouver pour qu’on partage pendant trois jours un moment exceptionnel et que le Bénin connaisse en fait aussi ce rayonnement sur le plan international.

Merci !

Propos transcrits par Sêdaminou Béni AGBAYAHOUN

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