Le Comité de facilitation de la carte de presse (Cfcp) est en colère. Il dénonce «une margouille qui se profile et se trame à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac)», dans la perspective du renouvellement des membres de l’institution. Le président du comité Michel Ahonon a donné l’alerte vendredi 8 décembre lors d’une conférence de presse à Cotonou.
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L’heure est grave. Et le Comité de facilitation de la carte de presse ne veut pas cautionner cette forfaiture. La margouille que dénonce le président Michel Ahonon «consiste en un détricotage de notre code électoral sur la base duquel nous avons l’habitude d’élire nos représentants devant siéger devant l’institution» Haac.
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En effet, rappelle le conférencier, le mandat de l’actuelle mandature de la Haac prend fin en juillet 2024. Ainsi, conformément à l’article 22 de la loi n° 2022-13 du 5 juillet 2022, portant loi organique sur la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, «le renouvellement des membres de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication doit intervenir au moins un mois avant l’expiration de leur mandat».
La même loi organique dispose à l’article 7, dernier alinéa que «les professionnels des médias, de l’audiovisuel et de la communication sont désignés par catégorie à la suite d’une élection organisée par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication sur le territoire national avec l’appui technique de l’organe public chargé de la gestion des élections au Bénin».
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Dans cette perspective, le Cfcp voit la mandature finissante de la Haac concocter des plans dont le but est de «dépouiller les acteurs des médias de leurs droits d’être électeurs et éligibles par la détention de la carte de presse qui justifie la qualité de professionnel des médias».
À en croire Michel Ahonon, les conseiller de la Haac, en violation des dispositions de la loi organique aurait concocté un projet de code électoral pour l’organisation et la gestion des prochaines élections. Ceci, sans associer ni les professionnels des médias ni la Commission électorale nationale autonome (Cena), organe public chargé de la gestion des élections au Bénin. À l’en croire, il s’agit d’un «projet de code électoral, fruit d’un travail de détricotage du code électoral que les associations professionnelles des médias ont toujours utilisé pour organiser les élections en leur sein jusqu’aux dernières qui se sont déroulées en juin 2019».
Mieux, le projet serait même actuellement objet de certaines consultations pour être adopté comme règles générales des élections sans une large concertation et une sérieuse consultation des acteurs. Au nombre des irrégularités que révèle le Comité de facilitation de la carte de presse dans ce document est «que les professionnels des médias qui seront appelés à choisir leurs représentants pourraient s’inscrire sur les listes électorales avec une carte d’identité au lieu de la carte de presse».
Un recul grave et un rétropédalage, souligne Michel Ahonon au regard de la loi 2015-07 du 20 mars 2015 portant Code de l’information et de la communication. Laquelle loi indique en son article 21 que la qualité de journaliste est matérialisée par la détention d’une carte de presse. Alors, «si cette disposition arrivait à être adoptée en l’état, la Haac violerait non seulement sa propre loi organique mais plus encore les dispositions de la loi 2015».
Mise en garde
Face à cette situation, le Comité de facilitation de la carte de presse met en garde l’institution «contre toutes manœuvres sur la carte de presse visant à les
dessaisir de leur droit». Il dénonce aussi une disposition «selon laquelle il serait même possible pour des anciens conseillers de prendre part à la compétition en brandissant leurs décrets de nomination». Ce qui est une aberration parce qu’on « ne devient pas journaliste
par décret.»
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Michel Ahonon au nom du comité appelle tous les professionnels des médias ainsi que les organisations faîtières à travailler ensemble pour faire échec à ce projet. Le conférencier n’exclut pas de saisir les juridictions compétentes pour se faire entendre au cas où la Haac s’obstinerait à faire passer ledit document. Puisque dans ce dossier, il ne s’agit pas d’un rapport de force mais plutôt d’une question de droit. Alors, il demande à la Haac de respecter la loi en vigueur pour le renouvellement des membres de l’institution qui devrait se faire au plus tard en juin 2024.
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