L’atelier d’imprégnation des projets et réformes du gouvernement dans le secteur du tourisme, de la culture et des arts s’est tenu mercredi 27 décembre 2023 à Cotonou. Les journalistes culturels et du tourisme ont été outillés sur les grands projets du Pag 2 en vue de la promotion de la destination Bénin.
Le Bénin poursuit sa marche vers le lancement de la Destination Bénin. La promotion des talents et le renforcement des capacités dans le secteur culturel, la construction des arènes culturelles et l’appui au développement de la culture et des arts. Ce sont les trois grands projets en cours dans le secteur des arts et de la culture au ministère du Tourisme de la culture et des arts (Mtca). La vision globale, développer les richesses culturelles et patrimoniales du Bénin et par ricochet, un pôle économique dans le secteur de la culture.
Ce secteur, suite au bilan de la phase 1 du Programme d’actions du gouvernement (Pag 1), s’est révélé comme étant « un secteur à forte valeur ajoutée ». « Au-delà de la simple création de richesse, au-delà du fait que par le secteur culturel, on pouvait apporter un plus au Pib [Produit intérieur brut], créer de l’emploi pour les jeunes, il fallait se servir de la culture et des arts pour développer le tourisme et en faire un outil de rayonnement à l’international ».
Dans cette optique, le gouvernement a revu la vision du Pag 1 (2016-2021) dans le secteur en opérant des réformes et réajustements pour la phase 2. Il prend désormais en compte plusieurs volets à savoir, le cinéma, la danse, la musique, le théâtre et les arts plastiques.
Révéler par les arts
L’objectif de ces réformes est de « Développer le potentiel artistique et culturel de nos talents ». Ainsi, le gouvernement à travers le Mtca aspire à faire par exemple du Bénin un pôle majeur de production cinématographique en Afrique. « Le Bénin aussi en a la capacité » tout comme le Nigéria et d’autres pays en Afrique, a fait remarquer le point focal communication du Mtca, Germain Djimido.
Il est également prévu la création d’une école de danse au Bénin. Ce sera fait avec l’appui de Germaine Acogny, danseuse et chorégraphe franco-sénégalaise d’origine béninoise. Le conservatoire de musique qui va naitre du Pag 2 permettra également de « créer un label et avoir une identité musicale au Bénin.
Ce point est très attendu de plusieurs acteurs du secteur. Le chroniqueur de musique Jean Discipline Adjomassokou en évoquait la nécessité dans un entretien accordé à Bénin Intelligent. Le journaliste culturel a déploré l’absence d’une « identité musicale » au Bénin. Mais également, l’absence d’école de musique, de formation et bien d’autres maux qui laissent la musique béninoise « dans l’amateurisme ».
Concernant les arts plastiques, l’agenda qui mobilise toutes les attentions, c’est l’itinérance du volet contemporain de l’exposition Art du Bénin. Parti de Cotonou, l’exposition a séjourné à Rabat au Maroc avant de s’ouvrir vendredi 15 décembre dernier en Martinique. D’où il partira pour Paris avant de revenir à Cotonou. Tout ceci dans un processus de révélation des talents artistiques béninois. Et partant, de positionnement du Bénin sur la scène artistique internationale.
LIRE AUSSI :
Patrice Talon en Martinique : Que d’émotions !
Deux réformes majeures
Dans le cadre de la mise en œuvre de ces projets, trois actions majeures sont prévues. Il s’agit du renforcement des bases matérielles de la culture béninoise, le développement de l’économie de la culture et des arts et le renforcement des capacités managériales des acteurs du secteur de la culture.
Deux réformes majeures sont en cours de mise en œuvre pour l’atteinte des objectifs. La réforme relative au système de financement de la culture et celle sur la dynamisation du secteur de la culture et des arts. Ces réformes ont permis la création de l’Agence de développement des arts et de la culture (Adac). Compte tenu des attributions de cette dernière, s’en est suivie la dissolution des directions de l’Ensemble artistique nationale et du Fonds des arts et de la culture. Toutefois il convient de rappeler que ni le fonds, ni l’ensemble artistique ne sont « partis ». Il s’agit plutôt d’une politique de restructuration de ces deux pôles du secteur pour une meilleure gestion.
En l’occurrence, pour ce qui est du fonds des arts et de la culture, son fonctionnement a été « amélioré ». « C’est désormais un guichet qui sera placé au trésor », a expliqué Germain Djimido. Et la perception de ces fonds est conditionnée à l’approbation du projet soumis, par un comité présidé par trois ministres du gouvernement. Ce faisant, l’exécutif entend promouvoir les Industries culturelles et créatives (Icc).
Promouvoir un tourisme religieux
La Pag 1 a aussi eu son lot de réalisations dans le secteur du tourisme. De la réhabilitation du parc animalier de la Penjari à la construction de la Maison de la mémoire et de l’esclavage (Mame) en passant par la route des Tata, l’aménagement de la place de Toussaint Louverture, la réhabilitation de la route de l’esclave à Ouidah avec de nouvelles installations monumentales et la liste continue.
Mais le Bénin possède encore un fort potentiel touristique inexploité. C’est ainsi que les actions entreprises dans le Pag1 sont poursuivies pour certaines, améliorées pour d’autres. De nouveaux projets s’ajoutent également à la liste. Peu à peu, les initiatives sont en bonne voie pour la promotion de la « Destination Bénin ». Ainsi, le Musée des rois et amazones du Danhomè (Murad) et le Musée international du Vodun verront bientôt le jour respectivement à Abomey et Porto-Novo.
Il y a également l’exploitation des valeurs culturelles et cultuelles du Bénin comme atouts touristiques. Ceci à travers l’initiation d’un tourisme religieux autour des arts et cultures Vodun. Ainsi, la route des couvents Vodun et forêts sacrées est déjà en cours de réalisation. Il s’agit essentiellement ici, de créer un parcours touristique autour des couvents. Ce n’est pas la construction, mais la réhabilitation desdits couvents afin de leur conférer un caractère touristique.
LIRE AUSSI :
Vodun days : Le gouvernement explique et répond aux critiques
Un autre point saillant, c’est la transformation de la fête des religions endogènes en « Vodun Days ». C’est le nouveau format de la célébration de la fête du Vodun. Une multitude d’activités sont programmées pour attirer un grand nombre de visiteurs et promouvoir la destination Bénin.
Le sacré préservé
Le tourisme religieux qui se crée autour du vodun répond à deux ambitions. La première consiste à créer une attraction autour du Vodun comme patrimoine touristique. Ce qui aura pour mérite de déconstruire les stéréotypes et démystifier cette réalité qui représente un véritable atout pour le tourisme au Bénin. L’autre ambition étant de développer une économie touristique autour du Vodun.
Toute cette effervescence autour du vodun n’est-elle pas en train de le désacraliser ? « Vodun désacralisé, non ! », s’est voulu catégorique Germain Djimido. Il a été mis sur pied un « comité qui travaille sur ça, déjà à partir des études de faisabilité et sur les couvents qui sont réhabilités dans le cadre de la route des couvents et forêts sacrées », a-t-il précisé. « C’est un comité mixte, composé des cadres techniques à l’Anpt [Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme], au ministère et également des dignitaires religieux », a-t-il rassuré.
Rien n’est fait sur les sites et couvents Vodun sans la consultation et la participation des dépositaires des lieux. Tout ceci, dans le strict respect et la préservation du sacré. « Le côté initiatique n’est pas du tout concerné », martèle Germain Djimido.
Création d’emploi et de la richesse
Outre la construction et/ou la réhabilitation du patrimoine touristique, le gouvernement investit également avec ses partenaires, notamment privés, dans la réalisation d’infrastructures d’hébergement de qualité aux normes internationales pour accueillir les visiteurs et leur garantir le confort.
Tout ceci s’accompagne des politiques de création de l’emploi et de la richesse. Des sessions de formations des ouvriers sur les chantiers de construction/réhabilitation, mais également des guides touristiques et professionnels de l’hôtellerie/restauration sont organisées. Ce qui permettra d’améliorer la qualité des services offerts aux touristes. Aussi un Compte satellite du tourisme (Cst) sera mis en place. Il permettra d’évaluer avec des statistiques exactes, l’apport du tourisme à l’économie nationale. Tous ces projets vont se poursuivre en 2024 en vue du lancement de la « Destination Bénin » en 2025.