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Les rois du Danxomè sont, je ne trahis aucun secret, dans l’imaginaire de plus d’un comme des cannibales, des sauvages, des inhumains. Car “Chacun révise l’histoire à son avantage”. Ainsi l’histoire du Danxomè connaît beaucoup de distorsions voire versions collant d’humiliantes et désagréables étiquettes aux rois du Danxomè. C’est le cas par exemple du roi Adandozan, le neuvième roi d’Abomey qui n’a jamais été compté et retenu sur les listes officielles des rois qui se sont succédé à la tête du royaume. Tout porte à croire qu’il était barbare, inhumain. C’est pourquoi il a été détrôné et remplacé…
Or la vraie raison était qu’il avait manifesté sa désapprobation contre la traite négrière. C’est ce qui est la pomme de discorde entre les personnages de Anato et de Ahovi dans le roman “Le Salut tumulaire” de Sophie Adonon. L’un soutient que ce monarque n’est pas moins qu’un sauvage. Et pour lui, le Danmènou n’a aucune chance de connaître le bonheur à cause des «effets des puissants gris-gris maléfiques, bo-dida enfouis dans les nappes phréatiques d’Abomey».
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À tort et à travers, on colporte des poncifs sur le Danxomènou. Le roi Adandozan est d’ailleurs le souverain qui a prôné l’agriculture de subsistance avec son système de “kpatin- glé”, la culture autour des palissades. Il avait institué, ne l’oublions pas, l’égalité entre tous ses sujets.
Reine biffée
Malheureusement, il fut destitué et banni du royaume avec l’appui de Francisco de Souza Chacha, parce qu’il constituait une entrave à la traite négrière, commerce très saccharifère pour le grand négrier de Souza. C’est de la même manière que la reine Hangbé, sœur jumelle du roi Akaba qui a régné pendant près de quatre ans n’a jamais été considérée comme souveraine sur le Danxomè. C’est peut-être l’heure de la rétablir. Et c’est au regard de tout cela que Sophie Adonon a commis en 2016 l’ouvrage “Monarque Hangbé, panégyrique d’une reine biffée”.
On note beaucoup de fausses notes, de contre-vérités à travers les récits et faits sur les souverains du Danxomè. Le manque d’impartialité et les trous de mémoire distillent souvent de venin dans les plats de l’histoire dahoméenne. Chacun dit ce qui arrange sa famille et cache ce qui la déshonore.
Par exemple, il est fréquent d’entendre dire que le roi Gbêhanzin avant de partir en exil a fait enterrer sa mère vivante de peur de la laisser aux mains des ennemis du royaume. Ces propos ne sont que de pures intoxications car avant d’aller en Algérie, le roi Béhanzin a confié sa mère Nan Zèvoutin à son frère consanguin Agbidinoukoun, le consacré dépositaire de l’histoire du Danxomè. Ce dernier a pris bien soin de la reine – mère et après sa mort, elle fut enterrée à Sahè, un des villages de la commune d’Agbangnizoun.
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Nous n’avons aucune intention de dédouaner les souverains du Danxomè, du moins proclamer leur sainteté ou innocence. Mais ce qu’il urge de rectifier, ce sont les économies de vérités dans les histoires que colportent les détracteurs du royaume. Il vaudra mieux recueillir à la source les informations pour éviter les incongruités et certains anachronismes.
Sacrifice humain ?
On a souvent entendu dire qu’après le décès d’un roi, on l’accompagne d’un nombre impressionnant de femmes et d’hommes. Le cortège est décapité dans sa tombe et constitue l’ensemble de ses messagers dans l’au- delà. Alors que tout cela est faux. Ce sont ces femmes ou hommes eux-mêmes qui choisissent délibérément d’accompagner le monarque à Allada (la mort) afin d’hériter estiment-ils, le paradis. Et c’est ce que nous raconte Dapper cité par Montserrat Palu Marti dans “Le roi – dieu au Bénin” :
«ces victimes […] , se présentaient au sacrifice de leur propre gré, mais le nombre de volontaires était tel qu’il fallait en refuser, or ceux qui étaient exclus du sacrifice se montraient mécontents. Il semble qu’il en était de même au Dahomey. Lors de la mort de Guézo, quarante et une de ses épouses furent enterrées avec le roi, affirme -t-on ; et on ajoute qu’elles allèrent à la mort de leur propre gré, mieux on affirme que plus de deux cents femmes avaient voulu suivre leur royal époux et qu’on eut beaucoup de mal pour les empêcher de s’empoisonner ou de s’ôter la vie par un autre moyen à leur portée,, les femmes à qui on refusa l’honneur de mourir avec le roi furent déçues».
C’est la même attitude que le personnage éponyme Doguicimi a affiché dans ce roman. Doguicimi a souhaité, au nom de l’amour qu’il a pour son époux Toffa ( frère du roi Guézo) d’être enterrée vivante avec lui. Ce qui fut fait.
Une autre histoire qui polarise notre attention est celle relative au roi Akaba, le quatrième souverain du Danxomè. Prenant de l’air un jour sous un faisannier (lisssè-tin) devant son palais, le souverain a reçu sur sa tête un faisan (lissè).
Énervé, il maudit l’arbre en ces termes : «À partir d’aujourd’hui en tant qu’arbre, tu seras stérile.Tu ne donneras plus jamais ton fruit Lissè à cause de ton outrecuidance». Et il en est ainsi jusqu’aujourd’hui. L’arbre existe toujours et est devant le palais Akaba-Hondji à Abomey.
Les prouesses des souverains du Danxomè sont inédites et inouïes. L’histoire de ce roi ressemble à celle de Jésus et du figuier. La Bible raconte que Jésus après plusieurs prédications rentrait un jour dans la ville quand il eut faim. Et voyant un figuier sur le chemin, il s’en approcha, mais il n’y trouva que des feuilles, et il dit: «Que jamais fruit ne naisse de toi ! Et à l’instant le figuier sécha».
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Quand on va à la cuisine de l’histoire surtout celle dahoméenne, on en trouve toujours à boire et à manger.
Sinwé-Kpoto
L’autre récit pas moins intéressant que je veux partager avec vous est celui lié au gisement d’or à la forme féminine du roi Agadja à Sinwé-Kpoto. Ce village est la localité la plus défavorisée de la commune d’Agbangnizoun bien qu’elle soit fondée sur de l’or. Ce village a été maudit par le roi Agadja parce que ses habitants ont trahi son secret en révélant aux ennemis du royaume l’emplacement de cette richesse incommensurable. Jusqu’à ce jour les détracteurs du royaume Blancs ou Noirs n’ont pu avoir accès au butin du roi.
Le présent travail s’inscrit dans une dynamique de défense et d’illustration de la culture dahoméenne. Notre vœu, c’est que notre gouvernement, celui de la Rupture, très engagé pour le développement de la culture et conscient de la place du tourisme pour une nation, prenne connaissance de ce lieu historique et en faire un site touristique.
Chinua Achebe aura raison de dire : «Tant que les lions n’écriront pas leur propre histoire, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur».