L’amour d’une mère, est une brève autobiographie (57 pages) de Avemaria Owono Mikue. Elle est publiée chez Laha Éditions, en versions française et espagnol. La jeune équato-guinéenne fait effort de mémoire et y raconte son enfance. Récit sous le seul angle des qualités morales de sa mère et surtout sa dévotion à l’éducation des 4 filles.
L’amour d’une mère” est illustré par le dessinateur Constantin Adadja. En dix titres, l’auteure présente sa mère à travers sa «discipline», ses «sacrifices». Sa «générosité», ses prières pour ses enfants, ses conseils, moqueries et les proverbes dont elle use souvent aussi.
Avec ”L’amour d’une mère”, Avemaria Owono Mikue remonte à son enfance aux côtés de sa mère. À l’époque, cette dernière passait pour la méchante. Les filles n’avaient pas, en effet, la maturité nécessaire et le discernement requis. Elles assimilaient alors à de la méchanceté la dévotion de leur mère à construire des filles modèles d’éducation.
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On note donc chez Owono Mikue, l’auteure, le regret de n’avoir pas eu la bonne perception des choses à cette époque. Dans une quête de catharsis, elle semble avoir recouru aujourd’hui à l’écriture pour se soigner de ce poids. Elle nourrit surtout le soulagement, de rendre hommage à celle qui fit de cette enfance merveilleuse, celle de l’aguerrissement à la vie d’adulte. «J’ai même honte de le dire maintenant que ce jour-là j’avais jugé ma maman en disant qu’elle exagère dans sa discipline».
Portrait d’une mère
La génitrice de l’auteure -dont est fait intelligemment rétention du prénom pour laisser tout le monde s’identifier à elle – apparaît comme une «mère -repère». Le cadre familiale monoparentale constitue le jardin où elle élève 4 filles dans les valeurs cardinales : discipline, la gestion du temps, excellence à l’école, la foi en Dieu, solidarité entre sœurs et envers les autres.
Une femme qui a tenu ferme dans l’éducation de ses enfants malgré des moments de fragilités qu’elle aurait aimé cacher à celles-ci pour ne pas les contrarier : pleures, maladies, insomnies. Dernière à se coucher et première à se réveiller. Elle ne cache pas sa joie lorsque sa rigueur porte des fruits : Avemaria était passée en 4e et classée dans les cinq premiers. Une de ses sœurs a même été 3e au Bepc au niveau départemental. (p.37)
La permissivité ou des amitiés toxiques ne leur auraient pas permis ce rendement scolaire. «Je n’avais vu ma mère aussi folle de joie», se souvient la narratrice homodiégétique.
«Un jour, j’écoutais à la porte quand je l’entendis [ma mère] dire à ses collègues de service : J’aurais aimé avoir au moins un garçon en plus de mes 4 filles, mais ce qui me rend fière, c’est que toutes mes filles sont concentrées sur leurs études, ça me réconforte.» p.36
Souvenir
Il lui a fallu tenir ferme, savoir alterner rigueur et douceur (comme les moqueries et les moments à tables). «Lorsqu’elle nous confie un travail et qu’on ne le fait pas, elle nous faisait de longues et interminables réprimandes. Elle terminait toujours en disant ceci : Tout ce que je vous fais, je le fais pour votre bien.»
La mère les a «inscrites dans les meilleures écoles parce qu’elle veut une éducation de qualité pour nous» p.22. Cette mère «s’est privée de beaucoup de choses juste pour nous faire plaisir». Elle «choisissait toujours faire des économies en cas d’un besoin inattendu à la maison. Je n’avais jamais vu ma mère aller dans un restaurant pour manger. Elle cuisinait toujours à la maison…» p.23
Quelquefois, à contrecœur elle devait expliquer que sa rigueur n’avait rien de méchant. Par exemple lorsqu’elle réalise que Avemaria fond en larmes pour n’avoir pas obtenu l’autorisation d’aller à un anniversaire :
« Je suis ta mère et je ne te voudrais jamais du mal. Donc juste parce que je ne te laisse pas aller à un anniversaire que tu te retrouves dans cet état ? Un jour viendra où tu vas pouvoir sortir sans même avoir besoin de demander la permission. Tout ce que je te demande pour le moment, c’est de respecter les règles de cette maison ».
Aujourd’hui, Avemaria comprend que l’amour d’une mère est un privilège. Et elle s’attriste du sort des enfants abandonnés à leur naissance ou ceux avortés.
La mère de montre davantage rigoureuse dans leur éducation parce qu’elles étaient surtout des filles promises plus tard à un mariage et donc à devenir mères elles-mêmes. Dans leur famille de destination, il faudrait qu’elle lui fasse honneur par leur conduite. La mère l’avoua à travers des proverbes dont l’emploi, en Afrique, est considéré comme signe de sagesse :
« Quand on achète une maison, on regarde les poutres. Quand on prend une femme, il faut regarder sa mère.» … J’avoue qu’en ce moment, je n’avais pas bien saisi ce qu’elle disait jusqu’à aujourd’hui. C’est aujourd’hui que je comprends que maman disait par-là que derrière une femme bien bâtie, il y a une mère qui a veillé sur son éducation. «Telle mère, telle fille, » pour faire court.»
Un livre pour tous
”L’amour d’une mère” paru à Cotonou en 2023, c’est le miroir dans lequel tout mâture se retrouve et sourit. Puisqu’il lui rappelle sa propre enfance, ce stade du fantastique au cours duquel l’apprentissage de la discipline, des codes de la vie en société est souvent mal vécue comme de la méchanceté de la part des grands, et surtout des parents.
«Ce livre parle d’une femme formidable. Une mère qui n’a vécu et continue de vivre que pour ses enfants et par ses enfants. Ce livre écrit par un enfant à sa mère est aussi le livre de tous les enfants. Chaque enfant peut identifier en partie ou beaucoup sa mère dans l’histoire…» souligne d’ailleurs l’auteure.
L’auteure ne dis absolument rien du métier de sa mère, rien surtout de son père… À propos de celui-ci, le livre de Maria laisse restera un mystère qui ouvre la porte à toutes les supputations : où est son père ? Qu’a-t-il fait pour mériter ainsi d’être supprimé de son enfance ?
L’auteure a peut-être choisi de présenter sa mère, comme le prototype de la femme qui, dès que la barque de la famille chavire, se retrouve seule à assumer les rôles de père et de mère à la fois. Mais Dieu leur donne la force de résister et d’éduquer. Avemaria Owono Mikue fait bien de laisser dans le livre, une liste de 47 conseils de sa mère; conseils dont la mise en pratique est souhaitée de tous pour une vie terrestre fructueuse pour soi et généreuse envers les autres.