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“Le trône de Béhanzin” «est une innovation et a des ambitions énormes»

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Amir Alli alias Amir El Presidente est entrepreneur culturel depuis une vingtaine d’année, membre du groupe Diamant Noir et fondateur du label de production CcC. Sa nouvelle aventure, c’est la production de spectacle vivant. Il est initiateur du projet “Le trône de Béhanzin” dont il a décliné les objectifs dimanche 2 février sur la causerie Ìmanlè-Ìlù.

Que représente le roi Béhanzin pour vous ?

Amir El presidente : Le Roi Béhanzin est pour moi la figure la plus emblématique de l’histoire de notre pays. Il serait difficile de le décrire aussi brièvement, mais je dirai que c’est un Roi qui a fait face à son destin, celui de lutter pour la souveraineté de son peuple, et qui a donné sa vie pour cela.
Il a dit non à l’envahisseur français et a su leur tenir tête pendant longtemps, avant de finalement se rendre pour le bien de son peuple. Son histoire est riche et complexe, mais ce qui est sûr, c’est qu’il aimait son peuple

Pourquoi le projet porte particulièrement sur le trône du roi Béhanzin et pas sur celui d’un autre roi du Dahomey ?

Comme je le disais précédemment, d’après moi, malgré le fait que nous avons eu de nombreux rois qui ont marqué leur temps, et même une reine Tassi Hangbe, je pense que ce à quoi Behanzin a dû faire face était beaucoup plus difficile à gérer. Il aurait pu accepter ce que les français voulaient et couler des jours heureux en tant que Roi, mais il a décidé de se battre pour ce qui était juste. C était un résistant. En France et dans les Antilles, il était une véritable star avec ses victoires contre un adversaire plus fort.

De ce fait, il m’intéresse vraiment en tant que personnage pour qui nous pouvons raconter une histoire avec tous les ingrédients du drame, de l’amour, de la combativité et j’en passe. C’était un vrai patriote

Quelle est la genèse du Projet “Le trône de Béhanzin” ? Et en quoi consiste-t-il ?

Je ne saurais expliquer comment cette idée a jailli dans mon esprit. Je pense que c’est comme si je m’étais réveillé et que quelqu’un l’avait déposée dans mon esprit.
Sèmè City avait lancé un challenge sur le tourisme au Bénin.

Les gens pouvaient donc proposer des projets touristiques qui bénéficieraient d’un appui de la Banque mondiale et de l’Anpt (Agence nationale pour la promotion du tourisme)
Étant un grand fan de culture et étant un fan de l’histoire royale du Bénin, je pense que l’idée a germé seule et j’ai proposé un projet de parc d’attraction sur le personnage de Béhanzin. Ce serait dans un Palais à Abomey, avec des personnages costumés, et les touristes découvriront l’histoire du roi à travers un parcours guidé.

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Le spectacle de Comédie Musicale “Le Trône de Béhanzin” est en fait le clou de l’attraction, l’événement qui va ramener le plus les touristes. C’est pourquoi ce sera la première partie du projet qui sera présentée au public pour leur donner un avant goût.

Notre projet a donc été choisi et on travaille dessus depuis près de 4 ans maintenant. Nous sommes proches du but

Quels en sont les objectifs ?

Les objectifs sont divers, ce serait déjà de vendre le Bénin à travers notre culture et nos traditions qui sont riches et méritent d’être connues. Ce serait également développer une économie du tourisme autour de ce projet qui permettrait non seulement à la ville d’Abomey d’en profiter mais aussi au Bénin en général. Et enfin, ce serait d’intéresser les béninois à leur histoire et les rendre fiers des héros que nous avons et que le monde nous envie

Des films comme The woman King, Black Panther qui ont généré des milliards, les réalisateurs se sont inspirés largement de notre histoire. Au tour des béninois de se réapproprier ce qui nous appartient

Quelles sont les différentes étapes de cet événement d’envergure qui s’annonce aussi palpitant ?

Nous sommes en train de travailler d’arrache-pied sur le spectacle de Comédie musicale qui connaîtra la participation d’artistes confirmés chacun dans leur catégorie, dirigé par Didier Sedoha Nassègandé, un jeune metteur en scène expérimenté.

Nous sommes à 80 % du spectacle, qui mêle le théâtre, la danse, et des chansons originales créées pour ce spectacle même. La présentation de la première, nous l’espérons dans les prochaines semaines si Dieu le veut. Déjà le 9 février la première chanson sortira avec le clip, interprétée par les stars Don Metok et les sœurs Teriba

Dans l’univers culturel de notre pays, quelle est la place de cet événement et quel sera son impact ?

Je pense humblement, que ce projet est une innovation et a des ambitions qui sont énormes. Nous voulons un spectacle qui intéressera les béninois et béninoises de 7 à 77 ans, qui sera authentique pour notre peuple, tout en restant attractif et divertissant pour les étrangers. Je ne suis pas sûr qu’il y ait déjà eu des comédies musicales au Bénin, donc la pression est énorme de faire quelque chose qui entrera dans l’histoire.

Nous souhaitons que ce projet atteigne un succès qui vraiment produira des retombées importantes pour le Bénin et les béninois. Ce qui est sûr, la dynamique d’événements au Bénin est en train de prendre un tournant positif pour le secteur.

Beaucoup de grands noms de la musique de notre pays et du monde culturel sont avec vous dans cette aventure. Comment avez vous réussi à réunir tout ce beau monde ? Comment se passe la collaboration ?

Alors contrairement à ce que la réputation de rappeurs laisse à penser, j’ai de très bons rapports avec les artistes en général. Ainsi, lorsque je les ai contactés, ils m’ont tout de suite fait confiance. Je parle de Don Metok qui y croit depuis le départ, de Fo Logozo que je connais depuis plus de 20ans, de Nasty Nesta qui a géré la partie musicale et qui est avec moi dans le CcC. Mechac Adjaho qui a ramené une couleur live aux morceaux avec sa vision de musicologue. Rachelle Agbossou pour la chorégraphie.

Sans oublier des acteurs prestigieux comme Nicolas de Dravo qui a joué notamment dans Black Santiago de Canal +, Alfred Fadonougbo, James Salanon pour ne citer qu’eux. Et les musiques sont interprétées aussi par Sessimè, Ayodele, Queen Fumi et j’en passe.

Pour rendre effectif un projet, il y a forcément des obstacles et difficultés. Quels sont les vôtres ?

Je dirai que le plus compliqué dans tout cela, c’est faire en sorte que toutes les catégories du spectacle puissent aller les une avec les autres. Je m’explique : si la musique n’est pas bonne, le jeu des acteurs ne pourra pas sauver le spectacle. Si la chorégraphie est bonne mais que les acteurs ne la mettent pas en valeur, c’est raté aussi. Pareil pour les décors, costumes, etc. C’est-à-dire que tout doit être parfait.

Par la grâce de dieu, tout se passe bien. Tout le monde a un bon esprit et les visions sont en osmose. Apres, il y a le problème des finances, car c’est près de 30 acteurs danseurs, etc. mais ça c’est normal et on avance quand même

Du rap à la production de spectacle vivant. Quelle a été la motivation ?

Hum… je dirai qu’au-delà de tout, mon objectif a toujours été de mettre en place des projets culturels impactants, qui pourraient rendre fiers les béninois. Donc lorsque le succès dans la musique a commencé à baisser, j’ai eu beaucoup de réflexions sur comment continuer à contribuer à l’essor culturel du pays.

Ce projet a germé dans ma tête et il me plaît encore plus, car il ne s’agit pas de moi et parce qu’il est plus grand que moi, mais va réunir les béninois du monde entier. Ça nous galvanise beaucoup.

On ne peut pas parler de Amir El Présidente sans parler du rap dans notre pays. Dites-nous, comment se porte le rap béninois et quelle est la place du rap dans le projet “Le trône de Béhanzin” ?

Ah ah ah ce sont les questions pièges (sourire) Je pense que dans le monde entier, le rap est dorénavant une version de l’art qui ne me touche plus. Évidemment, il y a encore de très bonnes choses qui sortent au Bénin, mais c’est assez minime. Je parle de rap, pas de musique en général. Les jeunes veulent faire ce qui est à la mode.Du coup, l’authenticité a baissé.

Le Trône de Behanzin est un projet musical où nous avons véritablement essayé de créer une identité musicale béninoise forte. Nasty Bizzy et Mechac ont fait un boulot énorme. Il n’y a qu’un seul morceau rap de Fo Logozo et même celui là, la couleur est made in Benin
Le projet touchera toute la population en terme de musique. Peut être si je fais un inédit il y aura deux morceaux rap. Je ne me suis pas encore décidé

Qu’on le veuille ou non, Amir El Présidente est et demeure un rappeur et pas des moindres. Alors, un Acapella pour marquer votre passage sur ÌMANLÈ-ÌLÙ ?

Ah, ma casquette de rappeur est en hibernation actuellement. Laissez moi voir quoi vous chanter

Quel appel avez vous à lancer à l’endroit de nos concitoyens d’ici et d’ailleurs ?

Je leur demanderai juste de s’abonner aux pages « Trône de Béhanzin » sur Facebook, Instagram, TikTok et de continuer à nous soutenir. Depuis la sortie du teaser, l’intérêt est énorme et on ne va pas les décevoir.
Nous allons emmener ce spectacle dans le monde entier et les béninois de la diaspora aussi doivent jouer leur partition. Vive le Roi Behanzin, Vive le Bénin

La comédie musicale n’étant pas trop connue sous nos cieux. Dites nous ce que c’est qu’une comédie musicale. Qu’est ce qui la caractérise ?

Oui vous avez raison, nous avons un travail à faire dans ce sens. Il s’agit en fait d’une pièce de théâtre où les dialogues peuvent être chantés, et où des chansons viennent accompagner le travail des acteurs. Il y a également de la danse dedans. C’est plus divertissant qu’une pièce de théâtre simple. C’est un spectacle grand public avec tous les ingrédients

Vous êtes considéré comme le Président du rap game de notre pays. Le Président étant en hibernation, est-ce que cela signifie que vous avez passé le témoin ? Si oui, a qui ?

Ah ah ah, le cœur n’y est plus car comme je le disais, le rap dans le monde entier est moins qualitatif d’après moi. Mon rappeur préféré actuellement est sans hésitation aucune Vano.Mais au Bénin on a de très bons rappeurs, comme Tyaf, Crisba, XTime entre autres. Je parle des générations après les nôtres seulement.

Amir El Présidente, un cœur à prendre ?

Non, en couple depuis 15 ans bientôt

Quel est votre mot de fin ?

Merci encore à vous pour l’invitation et à ceux qui ont suivi la discussion. J’espère que « Le Trône de Béhanzin » pourra compter sur votre soutien et que vous en parliez au maximum autour de vous. Le Bénin est en train de changer, et nous devons tous accompagner ce changement pour le mieux.

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