Dans le cadre de son jumelage avec la ville de Ouidah, la commune martiniquaise Les Anses d’Arlet accueille les Journées des mémoires et de la réconciliation (Jmr). Entretien avec l’un des acteurs de l’organisation, Comlan Pacôme Allomakpé, actuellement Volontaire de Solidarité Internationale et missionnaire auprès de ladite commune.
Depuis une quinzaine d’années, sa vie professionnelle est dédiée à des prestations dans les domaines de la gestion du patrimoine culturel, du droit des affaires, du partenariat public-privé. Dans ces secteurs d’activités, Comlan Pacôme Allomakpé a acquis des compétences grâce à des études faites jusqu’en master à l’Université d’Abomey-Calavi, à l’Université Senghor d’Alexandrie et à l’Université Oujda du Maroc. Il officie depuis décembre 2022 comme Volontaire de Solidarité Internationale et missionnaire auprès de la Commune de Les Anses d’Arlet de la Martinique, la deuxième plus belle ville de la France. Il contribue au rayonnement de la coopération décentralisée conclue en 2019 entre cette ville et la commune de Ouidah.
Journaliste : De quoi retourne cette coopération décentralisée ?
Comlan Pacôme Allomakpé : Plusieurs idées caractérisent cette coopération décentralisée. Je les résume en deux, à savoir : la connexion de la Martinique à la terre africaine et la revitalisation des liens de fraternité et de solidarité entre fils et filles d’une même race, la race noire.
Pour sortir de cette appréhension à la limite philosophique, je vous confie que le jumelage entre les Villes de Ouidah et de Les Anses d’Arlet est l’œuvre et le fruit de la détermination, de l’engagement et de la volonté historique du Maire Eugène Larcher.
Celui-ci, alors qu’il était président de l’Espace Sud (une organisation intercommunale du sud de la Martinique) s’est investi pour renouer à travers la ville de Ouidah, les relations entre les enfants d’un même continent, séparés par les faits de l’histoire, notamment la traite transatlantique. Il rencontre le soutien de madame le Maire de Ouidah, Célestine Adjanonhoun. Nous étions en 2019, année où une convention a été signée entre ces deux communes.
Avec le temps, des rencontres, des visites d’échanges institutionnels ont nourri cette coopération et consolidé ce partenariat intercommunal. Cette formalisation a opté pour des actions dans les domaines de l’éducation, de la pêche, de la culture et du patrimoine. A cet effet, un projet lumière a retenu l’attention et fouetté la détermination des parties prenantes à la convention : la construction de la Porte de Retour
Concrètement, sur quoi porte votre mission en Martinique ?
La mission pour laquelle je séjourne dans la commune de Les Anses d’Arlet s’intitule : «coordinateur technique de coopération Anses d’Arlet – Ouidah». Elle se résume à l’exécution des tâches visant à :
donner une véritable assise territoriale aux rapprochements municipaux ; s’atteler à obtenir une meilleure implication ou participation des acteurs locaux (associations notamment) aux projets, actions et manifestions, proposées par les villes ; aider à la prospection et démarchage des partenaires locaux, du tissu associatif, des écoles… ; appuyer la mise en place d’actions culturelles auprès de publics cibles (création des animations auprès des enfants, proposition et animation des activités ludiques et culturelles) ; aider à la création d’actions de promotion sous toutes formes possibles (spots, internet, créations visuels, audio…), gestion et animation des réseaux sociaux ; participer à la mise en valeur de collections, œuvres artistiques, et à l’organisation d’expositions ; participer également à la promotion des politiques culturelles municipales, ainsi qu’à l’accompagnement administratif et opérationnel des équipes chargées de la mise en œuvre de celles-ci, tant en Martinique qu’au Bénin.
Comme vous le constatez avec moi, la mission est clairement définie par les villes jumelées soutenues par France Volontaire et la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud en Martinique. J’y ai donné mon consentement et j’espère honorer mes engagements à travers les résultats concrets pour lesquels je n’aménagerai aucun effort d’obtenir.
Concrètement, de décembre 2023 à ce jour, j’ai consacré mon temps à donner un contenu claire et pragmatique à la convention de jumelage signée entre Les Anses d’Arlet et Ouidah. Il a été question de collecter les données, de les analyser, de s’en servir pour concevoir des documents et la planification de projets, notamment : la réalisation du Monument de la Porte de Retour ; la mise en Réseau du Collège d’Enseignement Général de Ouidah et du Collège Alexandre Stellio de Les Anses d’Arlet ; la mise en Réseau des Pêcheurs des villes jumelées ; l’organisation des Journées des Mémoires et de la Réconciliation ; l’Organisation du Festival Tambu Lezans.
De ces belles idées de projets, lesquelles sont à l’étape de maturité et dont on peut espérer l’éclosion les jours à venir ? Donnez-nous un exemple précis ?
Je vous rassure que tous ces projets sont à des niveaux d’avancement relativement satisfaisants. L’étape d’idée est franchie. La mobilisation des parties prenantes et des ressources est en cours et a évolué.
Le cas précis que j’évoque avec vous, c’est l’organisation des Journées des Mémoires et de la Réconciliation (JMR 2024). Cet événement bénéficie d’une volonté politique manifestée par les maires Eugène Larcher et Christian Houetchenou. Acteurs en premières lignes, ils portent ce projet dont la date est connue, l’agenda disponible, les communautés, artistes, prestataires et autres intervenants mobilisés.
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La Martinique vibrera sous le feu de la rampe de cette activité pour laquelle la commune de Les Anses d’Arlet invite une forte délégation béninoise composée des troupes les ”Frères Gnaguè” et ”Supers anges Hwendo Na Bua” du Bénin. C’est un projet mûr et c’est avec impatience que nous attendons sa réalisation en mai 2024.
Une mission de volontaire n’est pas pour la vie ! Quelles sont les perspectives qui s’offrent à vous à la fin de votre expérience en Martinique ?
Effectivement. Ma mission dure un an. C’est court, mais c’est long. Mon engagement de volontaire, je le fais loin de ma famille et de mon grand et beau Bénin. Mais c’est une expérience extraordinaire. Elle me permet de découvrir d’autre cultures, de rencontrer d’autres personnes, de nouer des relations de fraternité et de solidarité avec d’autres enfants de notre resplendissante Afrique.
S’il est à refaire, je le ferai encore. Vous comprenez donc mon enthousiasme. Dans quelques mois, mon contrat avec France Volontaire section Bénin prendra fin. Mais les jalons sont posés et le terrain balisé pour que l’engagement volontaire se poursuit. Cela se fera soit dans la continuité de la dynamique lancée sur les terres arlésiennes.
Mais d’autres communes m’offrent déjà des opportunités. Mieux, le programme dans lequel je suis me propose à travers l’OFII, des possibilités de soutiens à des projets structurants des volontaires.
Un de mes projets dans le domaine de services touristiques est en construction. J’espère ce soutien pour mon retour au bercail. De toute façon, l’expérience de Volontariat de Solidarité Internationale représente un élément de bonification de ma vie professionnelle et sociale.
Votre mot de fin ?
Je vous formule mes remerciements pour cette occasion que vous m’avez accordée pour parler de la mission de volontariat de Solidarité internationale que j’effectue dans la commune de Les Anses d’Arlet en Martinique. J’invite les acteurs des administrations communales à croire à la coopération décentralisée et à l’utiliser non seulement comme un outil de développement des communautés à la base, mais aussi un ciment d’humanisme et d’unification des peuples.