Après les enseignements sur le Fa et le Vodun, Bokonon Gbèmadoyomin enchaîne avec la démystification du Bo. Dimanche 19 mai, son cabinet éponyme en collaboration avec Les Ambassadeurs de la vibration sacrée a réuni un public impressionnant à Womey, Abomey-Calavi. L’orateur prône le jumelage des médecines modernes et traditionnelle africaine.
•Par Donatien Fernando SOWANOU
L’expert consultant en géomancie africaine, Bokonon Gbèmadoyomin dès l’entame a fait le rappel des deux premiers partages de connaissance sur le Fa et le Vodun. Ces deux valeurs sont complétées par l’élément important appelé le Bo. C’est la trilogie structurante du Danxomè et la plupart des sociétés africaines avant la colonisation militaire et spirituelle.
Le Fa comme message de Dieu, est l’essentiel de tout être, l’essence de l’Homme. Le Vodun, lui, renvoie à la « la calebasse fermée» ou Houégbadja kassou do» en langue fon. Celui-ci étant le fondateur du royaume du Danxomè.
En introduction à l’enseignement du jour dénommé « Le Bo : les forces métaphysiques au service d’un peuple », l’orateur explique le Bo comme « l’assemblage de trois règnes à savoir le minerale, le végétale et l’animal. Le règne minérale est lié au so-kpin et aux pierres précieuse; quant au règne végétale, il fait appel aux feuilles et pour finir celui animale résulte du sang des animaux », apprend Bokonon Gbèmadoyomin.
Il relève deux formes de Bo; la forme densifiée et la forme non densifiée. L’efficacité de ces deux dimensions se retrouve dans la pharmacie africaine. Autrement dit, chez les tradipraticiens. Il signale que le Bo a plusieurs ramifications qui « promeuvent l’émergence de l’être; aident la géomancie à soigner, à guérir et à secourir contre les maladies, les attaques mystiques tout ce qui est de l’ordre des esprits mauvais ».
Complémentarité
Bokonon Gbemadoyomin est partisan d’une complémentarité efficace entre médecine moderne et la médecine traditionnelle. « Il faut jumeler les deux médecines pour diagnostiquer le mal dont souffre un patient. Recruter des spécialistes du ”chakatou”, les spécialistes du ”akpa-djo-mankou” (les plaies inguérissables), le diabète et autres. Ces derniers vont postuler et conquérir avec leurs produits qu’on va tester dans les laboratoires pour examen clinique. »
Ensuite, poursuit-il, il « faudra traiter les malades avec ces produits pour évaluer leur efficacité. Ceux qui vont être retenus produiront les médicaments qui seront certifiés et vendus dans les pharmacies traditionnelles au même titre que les médicaments modernes. Il faut aller jusqu’à l’étape d’élaboration d’un carnet de soins pour la médecine traditionnelle », propose Bokonon Gbèmadoyomin.
Les Ambassadeurs de la vibration sacrées sont une fois encore satisfaits des enseignements reçus de leur professeur qui a chaque séance clarifie sans langue de bois le thème en débat.
« Mes attentes ont été comblées. Le séminaire m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Ce qui me sidère c’est que tout part de nos plantes et tout est à côté de nous à la maison et on se perd. L’ignorance n’est plus au rendez-vous chez moi. Et c’est le cas de plusieurs d’autres également », se réjouit Cedric Kossouho.
Sonia Eudoxie Mindonmando partage aussi cet avis. « Il faut mettre en pratique les recommandations que nous avons reçues ici. Je prie le gouvernement du Bénin de venir en aide au professeur Gbèmadoyomin afin que les projets qu’il porte soit mis en œuvre pour le bonheur de tout béninois reconnaissant sa terre riche de potentialité divine », exhorte-t-elle.
En marge de l’enseignement sur le Bo (traduit improprement par gri-gri), des membres des Ambassadeurs de la vibration sacrée ont reçu des tableaux d’honneur en reconnaissance à leur dévouement aux causes communes.
L’expert consultant en géomancie africaine Bokonon Gbèmadoyomin reconnaît par ailleurs l’effort du gouvernement pour le rayonnement du culturel mais souhaite aussi qu’une place soit trouvée pour le cultuel afin que le Fa-Bo-Vodun transforme davantage le Bénin.
L’étude du Boo a donné naissance à une science enseignée à l’Université d’Abomey-Calavi, la Boologie. Le professeur Cossi Jean-Marie Apovo a consacré à cette réalité méconnue du colon qui l’a diabolisée, une thèse de doctorat en 1995 intitulée «L’anthropologie du Bo, théorie et pratique du gris-gris». Il y définit le Bo comme «la ruse de la pensée» et en identifie trois types
Bo, trois fonctions vitales
Le Professeur Apovo, avant sa mort, a réussi à démontrer à travers sa thèse que, la pratique du ‘’Bo’’ dans toutes ses dimensions est scientifique et est capable de sauver l’Afrique et ses fils. Le Bo comme «savoir‚ un savoir-faire et un savoir-être».
La Boologie définit le Bo comme «un signe d’amour, un mouvement d’ensemble de défendre la dignité de l’être humain ; car, seul l’amour de secourir son frère en détresse, a poussé les Béninois à développer la connaissance des plantes et de leurs vertus en association avec les minéraux, les animaux et les émotions humaines » (Apovo) ».
Il existe trois sortes de Bo ; d’abord, les Bo ou savoirs de protection appelés Glo, qui sont des technologies associées de plantes, de minéraux et animaux pour protéger son “soi, sa famille et ses amis de toute intention de nuisance ; ensuite, les Bo ou savoirs d’abondance appelés Ylↄ, qui servent à provoquer la fécondité, l’électromagnétisme des fluides cosmiques ; et enfin, les Bo ou savoirs d’attaque ou de retour à l’envoyeur de toute velléité de nuisance gratuite ou causale, appelés Bo ᶑiᶑa, Flijɛ, etc.
Vivre selon la manipulation sociale de ces technologies pour préserver l’ordre social, la vie familiale ou Akↄ, et toute autre forme de sociabilité, constitue les existences du Bo ou Boodicée, lit-on dans la thèse.
