L’activiste Kèmi Séba doit répondre de ses accusations contre le Bénin. Au siège du journal Bénin Intelligent où s’est déroulée, vendredi 24 mai, sa rencontre hebdomadaire avec la presse, le porte-parole du gouvernement, juriste de formation, a une fois encore été très dur contre le panafricaniste.
En dehors des assurances et démentis verbaux, pourquoi le gouvernement ne prend pas des dispositions pour prouver vraiment qu’il n’y a pas de légionnaires français au Bénin ? Telle est la question adressée au porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji. Il répond par un cours de droit.
«La preuve est la rançon du droit. Celui qui accuse doit pouvoir faire la preuve. En l’espèce qu’est-ce qu’il y a à prouver ? Qu’est-ce qu’on doit prouver ? C’est celui qui a dit qu’il y a des légionnaires chez nous, c’est lui qui doit prouver. La charge de la preuve pèse sur lui.»
Le gouvernement persiste que ces accusations sont fallacieuses. «Moi je ne prouve pas ce qui n’existe pas», dit-il. Wilfried Léandre Houngbédji est formel : pas de bases militaires françaises ni de légionnaires, comme l’avait soutenu mordicus, d’abord le Premier ministre nigérien puis l’activiste Kèmi Séba. Lors d’une conférence de presse suite au blocus du pipeline Bénin-Niger, le premier avait même cité des localités où il jurait sur l’existence de bases de déstabilisation du Niger.
A contrario, le Bénin dispose plutôt de «petits camps», objecte Wilfried Léandre Houngbédji. Ceux-ci, explique-t-il, ont été construits «dans le cadre de lutte contre le terrorisme». Le Bénin est, en effet, en proie au débordement du terrorisme sahélien dans sa partie septentrionale. Loin de se laisser dissuader par les accusations du voisin du Niger ou même les activistes panafricanistes, le gouvernement affiche sa détermination à remporter face aux terroristes.
Le temps de la responsabilité
Ainsi, la construction des camps militaires, «On l’a fait aux frontières avec le Burkina et le Niger. Et on n’a pas fini d’en faire et ça on l’a montré. Celui qui dit qu’il y a des légionnaires français au Bénin, la charge de la preuve lui incombe», insiste le porte-parole. Il répète même ses propos devenus célèbres à l’encontre de l’activiste : «S’il y en a un seul au Bénin [un légionnaire français], il s’appellerait bien Kèmi Séba».
En conférence de presse à Niamey, l’activiste franco-béninois avait alors déclaré que le Bénin héberge des légionnaires à la peau noire. Les accusations qu’il porte contre le Bénin et ses propos acerbes à l’endroit des autorités béninoises, Kèmi Séba ne pourrait pas se comporter pareillement contre le Niger, Burkina Faso et le Mali s’il était leur ressortissant, lui assène Wilfried Léandre Houngbédji.
«Ses propos qu’il tient contre le Bénin, s’il était ressortissant d’un de ces pays qu’il nous vend en modèle et dont nous connaissons tous la réalité, au mieux quand il se réveille le lendemain il est au fond d’une cellule ou au pire il est six pieds sous terre. Le pire ne lui arrivera pas ici.»
Toutefois, Wilfried Léandre Houngbédji estime que l’heure de la responsabilité a sonné. Kèmi Séba doit affronter la Justice et à apporter la preuve de ses affirmations, prévient le porte-parole du gouvernement.
«Mais à un moment ou un autre, chacun devra répondre de ses actes et de ses propos. Et c’est ça la responsabilité. Le Bénin est encore ce beau pays où quelqu’un comme lui peut dire tout ce qu’il veut sans aucune preuve, accuser qui il veut. Mais le moment venu, il faudra bien qu’il puisse apporter les preuves de ses allégations.»