Au lendemain de la projection en avant-première du film Dahomey à Cotonou, la réalisatrice Mati Diop a donné une conférence de presse où elle a présenté les contours de la réalisation de l’œuvre. Cette dernière constitue à son sens, une archive qui documente l’histoire de la restitution des 26 trésors royaux.
Au nombre des archives qui documentent la restitution des 26 trésors royaux du Bénin, fait désormais partie le film Dahomey de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop. Plus qu’un simple projet de production cinématographique, Dahomey apparaît comme une trace indélébile de ce grand tournant de l’histoire de l’Afrique et du Bénin. Celle du « rapatriement » de trésors culturels, cultuels et identitaires d’un peuple. Le peuple du Dahomey, aujourd’hui Bénin. Un fait hautement historique dont Mati sentira le besoin de « questionner [la] notion d’historique ».
Dahomey est l’aboutissement d’un projet dont l’intention remonte à 2008. La réalisatrice franco-sénégalaise aspirait à « consacrer une fiction à l’histoire d’un masque, entre le moment de son pillage dans un pays africain jusqu’au moment de son retour » qu’elle imaginait « dans le futur ». L’annonce dans la presse de ce qu’elle appelle le « rapatriement » des 26 trésors royaux du Dahomey devient le moment décisif. Mati Diop ne l’attendait pas de son « vivant ». Un moment « fondamental » donc, dont il faut tirer parti.
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Son ambition, son parcours et sa renommée lui vaudront « l’autorisation » voire « la complicité » du gouvernement béninois pour suivre le parcours des trésors « du début jusqu’à la fin du processus ». Dans Dahomey, Mati prête voix aux œuvres à travers « une idole » à laquelle tout le peuple pourrait « s’identifier » : la statue du roi Guézo qui a valeur de symbole. Elles racontent l’expérience « d’avoir été arraché à leur sol ». Puis leur « solitude » en terre étrangère et l’appréhension de ce qu’elles vont découvrir à leur retour à la terre d’origine.
Reconnexion
Mati Diop offre également à la jeunesse béninoise une tribune pour exprimer son point de vue. Gildas Adannon, cinéaste béninois trouve cette jeunesse, soucieuse de « prendre en charge son histoire ». Elle qui vit la restitution sans avoir connu la déportation. « Il était temps de créer un espace pour que cette jeunesse là se réapproprie cette question qui est fondamentalement la sienne », a confié Mati Diop. Lui permettant de répondre ainsi à ce que Didier Nassègandé, comédien et metteur en scène béninois nomme « un appel à se reconnecter à notre histoire »
Il estime que cette restitution constitue une « renaissance », un appel à la « connectivité » ou encore au « rapprochement » à une époque que notre jeunesse ne connait pas. « C’est à nous de prendre la responsabilité de ce qu’on choisit de faire de ce rapatriement », pense Mati. C’est donc à juste titre qu’elle choisit de « prendre sa part » dans cette histoire par laquelle elle se sent « concernée » en tant qu’afro-descendante. Gildas Adannon constate quant à lui une « prise de conscience et une décision de changer les choses ».
En février dernier, Mati Diop remporte grâce à Dahomey, l’Ours d’or, le prix du meilleur film à la 74e Berlinale.
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