Au Bénin, le nombre des personnes sous dialyse s’est accru ces dernières années. Du 1er janvier 2019 au 1er novembre 2023, 512 malades ont été enregistrés. La situation des dialysés au Bénin était au cœur de la séance plénière du jeudi 4 juillet à l’Assemblée nationale à Porto-Novo.
La question sur la situation des dialysés au Bénin a été posée par le député du parti Les Démocrates Arouna Issiaka. Au cours de la séance dirigée par le premier vice-président de l’Assemblée nationale Barthélémy Kassa, le ministre de la Santé a fait le point des efforts consentis par le gouvernement pour la prise en charge des personnes sous dialyse.
Les explications de Benjamin Hounkpatin semblent ne pas convaincre l’auteur de la question. Issiaka Arouna s’attendait à ce que le gouvernement déclare que la prise en charge des personnes qui souffrent d’insuffisance rénale chronique au Bénin est désormais gratuite. Ce qui n’a pas été le cas.
Le député a surtout insisté sur la répartition inéquitable des centres de prise en charge des malades. Pour corriger cette situation, il suggère l’élargissement des centres de prise en charge des dialysés aux départements de l’Atacora-Donga et de l’Alibori. « Il est temps de mettre fin à l’indifférence générale qui s’observe en ce moment à l’égard des personnes qui souffrent d’insuffisance rénale », a déclaré Issiaka Arouna.
Il a été soutenu dans sa position par ses collègues Joël Godonou, Sariki Raoufou, Ouoroukou Habib. Ceux-ci ne comprennent pas comment le Bénin ne puisse pas trouver 2 milliards de Fcfa pour prendre en charge de façon gratuite ses filles et fils qui meurent à cause de l’insuffisance rénale.
Prise en charge totale
Fatolou Rachidatou du Bloc Républicain a salué elle aussi les nombreux efforts consentis par le gouvernement. Par ailleurs, elle a imploré l’indulgence du gouvernement afin que d’autres mesures d’allègement soient prises. C’est également le souhait de son collègue Casimir Sossou du même groupe parlementaire. Pour lui, il urge d’aller au-delà de 4 centres publics de prise en charge des dialysés.
Le député suggère alors que chaque département soit doté de son centre avec la possibilité de rendre gratuits les trois premiers mois de dialyse. S’agissant de la durée de prise en charge gratuite, sa collègue Sofiath Schanou suggère 6 mois.
Le député du parti Union progressiste le Renouveau Gérard Gbénonchi a quant à lui, mis l’accent sur les pratiques malsaines révélées par les audits dans la prise en charge des dialysés. Il a plaidé pour que le gouvernement revienne à la prise en charge totale des malades. « Ce n’est pas 2,5 milliards de dépense pour les dialysés qui vont nous tuer », a-t-il fait savoir.
Natacha Kpochan, Alice Dadégnon, Aké Natondé ont tout simplement plaidé pour que tous les dialysés déclarés (fonctionnaires de l’Etat ou non) soient pris en charge par le gouvernement.
Selon le ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin, le coût moyen annuel de prise en charge totale de la dialyse, y compris la confection des fistules et les bilans périodiques de suivi s’élève à 20.132.152 F Cfa. « Le coût à chaque séance de dialyse composé le kit de branchement et les médicaments est de 120.801 F Cfa » a-t-il précisé.
Quand nous venons particulièrement à la situation des dialysés, nous ne pouvons pas perdre de vue que c’est une maladie chronique. Ça peut venir à nous mêmes, nos parents sont concernés. Quand je vois le point qui est fait par le ministre, c’est que la réforme qui est intervenue dans ce domaine part du fait qu’en 2016 quand on a fait l’état des lieux, les études ont montré qu’ il y avait des pratiques malsaines dans la gestion des fonds de prise en charge des dialysés: les surfacturations et les soins fictifs qui sont des pratiques des gouvernants d’antan. Et pour corriger tout cela, le Gouvernement du Président Patrice TALON a décidé de ne prendre en charge après les réformes que des fonctionnaires d’Etat. Si on fait le point, au 1er novembre 2023, on a vu 412 patients dialysés dont 288 pris en charge par le Gouvernement et il n’en restait que 124. Si je multiples ces 124 par le coût moyen de prise en charge annuel par dialysé qui est de 20 millions de fcfa, ça fait au plus 2. 500.000.000 fcfa. Je pense que ce n’est pas pour 2, 5 milliards de fcfa que nous allons laisser la prise en charge totale. Je plaide pour que le Gouvernement revienne à la prise en charge totale des dialysés mais en prenant des dispositions pour que dans ce secteur qu’il n’y ait plus de surfacturations et de soins fictifs comme le Gouvernement de Patrice TALON sait bien le faire. Je veux faire allusion à la rationalisation des dépenses publiques et qu’avec les performances économiques que nous avons depuis 2016, nous puissions voir la redistribution des revenus que Dieu nous permet d’engranger pour qu’on prenne en charge totalement les dialysés. Ce n’est pas 2,5 milliards qui vont nous tuer. Je plaide pour ça et je pense que nous allons plaider à cela afin que le ministre de la santé quand il va venir nous présenter son projet de budget 2025, que nous voyions dedans si les dispositions sont prises pour que la prise en charge intégrale des dialysés soit une réalité. Je vous remercie…
Gérard Gbénonchi, député du parti Union progressiste le Renouveau, président de la commission des finances